Anne Le Hénanff (Women4Cyber) : « Les femmes ont leur place à prendre dans la cyberdéfense »
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Anne Le Hénanff maire adjointe de Vannes Anne Le Hénanff (Women4Cyber) : « Les femmes ont leur place à prendre dans la cyberdéfense »

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L’European Cyber Security Organisation est l’organe opérationnel de la politique cyber de l’Union européenne. Afin d’encourager les femmes à embrasser une carrière dans la cyberdéfense, il lance un groupe de travail baptisé « Women4Cyber » réunissant 25 Européennes, dont Anne Le Hénanff, maire adjointe de Vannes, dirigeante d'une agence de conseil en communication et fondatrice de Cyber West Challenge.

Anne Le Hénanff, maire adjointe à Vannes, dirigeante d'une agence de conseil en communication et créatrice du Cyber West Challenge, a rejoint le groupe de travail européen "Women4Cyber" qui vise à sensibiliser les femmes aux métiers de la cybersécurité — Photo : @ Mairie de Vannes

Le Journal des Entreprises : Vous avez été choisie pour intégrer le groupe de travail Women4Cyber, qui vise à sensibiliser les femmes aux métiers de la cybersécurité et qui réunit 25 Européennes. Il prend ses fonctions cette semaine à Bruxelles. Comment cette nomination s'est-elle déroulée ?

Anne Le Hénanff : J’ai été sollicitée par l’Union européenne pour intégrer ce collectif à l’initiative de l’European Cyber Security Organisation, organe opérationnel de la politique cyber de l’Europe. Je suis adjointe à la ville de Vannes, en charge de la communication, des systèmes d’information et du développement du numérique et je travaille sur deux projets structurants : le pilotage du Cyber Web Challenge et la cocréation d’un data center de la donnée publique. Je suis impliquée dans un territoire qui est aujourd’hui très investi dans la cyberdéfense, en lien en particulier avec l’Université de Bretagne Sud (UBS). Avons-nous été recommandées par quelqu’un ? Nous ne le savons pas ! Je n’ai encore à ce stade aucune idée du mode de recrutement qui a présidé à cette sollicitation.

Votre travail et celui de l’écosystème régional sont donc suivis de près par l’Union européenne. Connaissez-vous les autres représentantes ?

A.L.H. : Non. Une autre Française, Nacira Guerroudji-Salvan, fait partie du groupe des 25. Je ne la connaissais pas personnellement, mais je sais d’elle qu’elle a un profil d’experte. Elle est ingénieure et docteure en informatique, consultante et présidente du Cercle des femmes de la cybersécurité. Mon profil est plus transversal, généraliste. Un point commun : nous sommes toutes les deux déjà très impliquées.

« À Vannes, les 60 étudiants en cyberdéfense ont du travail six mois avant la fin du cursus. »

Une feuille de route a-t-elle été présentée, établie ?

A.L.H. : Pas en amont de l’installation du « Women 4 Cyber ». Nous avons été conviées dans l’idée de tout écrire. Nous allons donc partir d’une feuille blanche. Avec toutes, des expériences du terrain, des idées à partager. L’idée maîtresse est vraiment de se faire ambassadrices d’un message : les femmes doivent se saisir du défi relevé par la cyberdéfense. Des milliers de postes sont à pourvoir (des estimations de l’ordre de 20 000 postes à pourvoir en Europe sont avancées par certaines études, NDLR) et les femmes ont toute leur place à prendre.

Sur le seul pôle d’excellence cyber à Vannes, les soixante étudiants en formation ont tous un job six mois avant la fin de leur cursus. Je pense aussi localement à la fabrique numérique Kercode (centre de formation de six mois pour adultes, initié par le Greta Sud Bretagne, porté par la Mission locale du Pays de Vannes et soutenu par la ville de Vannes, NDLR) qui offre des débouchés à des personnes en reconversion. Trois femmes y sont actuellement. Il y a des marges de progression considérables…

Quelles sont vos pistes de réflexion ?

A.L.H. : Nous allons déjà partager nos expériences sur ce qui se passe dans nos régions respectives. Nous allons nous rencontrer à trois reprises dans l’année. Entre temps, place à l’action sur le terrain. Je pense à un maillage, à la mise en place de relais pour mieux faire porter le message. Il y a des choses à faire dans les lycées, et même dès le collège, car je pense que c’est à ce stade que l’orientation se joue

Je pense aussi à l’organisation de forums des métiers spécifiques à la cyberdéfense. Cela est une vraie priorité au vu des risques actuels et qui touchent tout le monde : États, collectivités, grands groupes, PME… Sachant qu’il faut aller vite, car les besoins sont pour demain. Le pôle cyberdéfense morbihannais en a pris d’ailleurs conscience. L’UBS lance une chaire dédiée à la sécurité des grands événements publics. Il convient d’anticiper les besoins dans la perspective des Jeux olympiques de Paris 2024 et, avant cela, de la Coupe du monde de rugby en France en 2023. Le travail d’ambassadrice va donc aussi concerner les jeunes étudiantes, déjà engagées dans des études supérieures.

Nous nous attendons également à l’émergence de nouveaux métiers, dans la sécurisation des data centers, par exemple. En sachant que de nouveaux besoins encore inconnus émergeront d’ici là. Certaines études vont jusqu’à prédire une croissance de 30 % de ces nouveaux métiers d’ici à cinq ans.

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