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Grolleau se donne les moyens de rester connecté à la croissance
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Grolleau se donne les moyens de rester connecté à la croissance

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La PME Grolleau, spécialiste des télécommunications, a levé quasiment 8 millions d'euros lors de son introduction en Bourse sur Euronext Growth le 29 novembre dernier. Elle compte se servir de ce succès pour accélérer son déploiement en Europe et s'y prépare déjà en coulisses en musclant son outil industriel.

Grolleau souhaite optimiser son outil industriel pour s'attaquer au marché européen — Photo : Arthur Corgier/Grolleau

Pour une première, c’est une réussite. Le 29 novembre dernier, soit 71 ans après sa création, la PME Grolleau, basée à Montilliers dans le Maine-et-Loire (201 salariés et au moins une quarantaine d’intérimaires, 22,3 millions d’euros de chiffre d’affaires au 31 mars 2021) a opéré une augmentation de capital de 7,99 millions d’euros lors de son introduction en Bourse sur le marché Euronext Growth à Paris. Elle a même fait forte impression avec une demande globale de 13,9 millions d’euros dont 7,1 millions d’euros auprès d’investisseurs publics. "J’ai été agréablement surpris de l’engouement du public, je ne m’y attendais pas. Cela montre que nous sommes sur des produits concrets qui parlent au citoyen" commente le PDG de l’entreprise, Laurent Marbach.

L’Europe en ligne de mire

Créée en 1950 pour fabriquer des armoires métalliques destinées à l’éclairage public, la société a été rachetée en 2010 au groupe américain Flextronics par l’actuel PDG aux côtés du parisien Activ' Invest Group (toujours actionnaire à 48,44 %) dont elle est aujourd’hui une filiale. Investie dans les télécommunications depuis les années quatre-vingt-dix elle a vu son marché exploser "entre 2000 et 2006" et a "continué de surfer sur l’ADSL, puis la fibre et enfin la 5G". Aujourd’hui, elle profite de l’essor grandissant du très haut débit pour accélérer la cadence de son développement en fabriquant des armoires extérieures urbaines et télécom, mais aussi des bornes de recharges pour véhicules électriques ou encore des bornes de péages. Sa dernière innovation a été le lancement d’une offre de data centers modulaires clé en main pour "gérer et sécuriser le traitement des données", anticipant l’essor futur de la 5G en France.

Pour Laurent Marbach, le projet d’introduction en Bourse "n’a pas été programmé six mois à l’avance. Il a été motivé par nos besoins de moyens pour atteindre un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2025-2026". Un objectif fixé il y a trois ans, alors encore loin de la décision prise début septembre dernier.

Laurent Marbach, PDG de Grolleau — Photo : Arthur Corgier/Grolleau

"C’était la meilleure solution pour nous permettre de développer notre partie export, étoffer notre offre de services et rester un acteur majeur de la smart-city et des télécommunications (55 % du chiffre d’affaires en 2020-2021)", argue-t-il. Avec l’ambition de doubler de taille à horizon 5 ans, Grolleau a de la suite dans les idées. Après une première expérience d’implantation en Côte d’Ivoire, l’entreprise a annoncé en avril dernier la création d’une filiale au Royaume-Uni. Souhaitant atteindre 10 % du chiffre d’affaires de la société à l’international, le patron de la PME affirme déjà viser d’autres marchés pour accompagner de gros opérateurs des télécoms, comme l’Allemagne ou, à terme, l’Italie. "Les audits avec Business France nous ont permis de comprendre que la France était en avance. Nous n’avions pas osé aller voir les Allemands ou les Anglais parce que nous pensions qu’ils étaient champions dans ce domaine, mais ce n’est pas le cas. Nous avons donc rajouté une brique export à nos plans, en visant l’Europe, ça nous a donné une force supplémentaire pour entrer en Bourse", termine Laurent Marbach.

Vers une usine 4.0

Installant chaque année 15 000 armoires métalliques et représentant environ 20 % du parc français des bornes de recharges électriques, Grolleau a annoncé l’été dernier son souhait d’investir 3 millions d’euros pour agrandir de 2 500 m2 son usine de Montilliers, portant ainsi sa superficie à 17 500 m2 d’ici à juillet 2022.

L'entreprise a investi 3 millions d'euros pour optimiser et automatiser ses ateliers de production — Photo : Arthur Corgier/Grolleau

"Nous avons déjà réalisé un million d’euros d’investissements sur de nouveaux équipements industriels qui devraient être livrés d’ici à mars 2022. La digitalisation de notre usine va nous permettre de gagner en productivité et en efficacité sur la performance de nos machines et du chargement/déchargement automatique", précise le chef d’entreprise en évoquant ce futur atelier doté d’un pont roulant.

Suppression du papier, rapprochement automatique entre les factures (de fournisseurs et de clients) et les commandes, nouvel outil ERP (gestion intégrée) inauguré en 2019, automatisation des ateliers de montage, optimisation des stocks de composants… La société, qui table sur un chiffre d’affaires dépassant les 30 millions d’euros sur l’exercice en cours, n’a pas chômé pour imaginer le futur de son usine. Et pour cause : en 2018, elle a été retenue pour intégrer le programme "Pays de la Loire Accélérateur", visant à "aider les PME à devenir des ETI via des accompagnements dans leur structuration" et "l’industrie 4.0". "Nous sommes montés dans le train, nous avons développé notre propre vision, passant notamment par l’essor de l’export et des services", ajoute Laurent Marbach, aujourd’hui actionnaire à hauteur de 14,07 %, le reste étant réparti entre Activ’Invest, le comité de direction (7,85 %) et 29,63 % de capital flottant.

Anticiper la concurrence

Ce mouvement boursier, en revanche, ne devrait pas beaucoup changer les habitudes déjà prises entre 2000 et 2010, période durant laquelle l’industriel était sous pavillon américain. "Nous communiquons notre chiffre d’affaires de manière trimestrielle et nos résultats financiers en semestriel. Nous avions déjà l’outil de pilotage d’une grosse boîte et nous ne l’avons pas retiré après 2010. De ce côté, l’entrée en Bourse est indolore". À tel point qu’il explique la logique d’avoir proposé un nombre limité d’actions par le souhait, "d’ici deux ou trois ans", de lever à nouveau des fonds. "Demain, s’il faut remettre dix millions d’euros sur la table pour racheter une société, faire une deuxième levée sera le meilleur moyen".

Pour l’instant, la priorité pour les mois à venir se portera essentiellement sur l’export. "Notre directeur commercial arrive en janvier pour tenter de redonner la main à la dizaine de commerciaux, une partie dont je m’occupais depuis quatre ou cinq ans. Nous allons également nous concentrer sur la partie recherche et développement dans le but d’avoir des équipements fonctionnels mais surtout design-to-cost avec les bureaux d’études. Leur grosse performance et leur prix bas serviront à anticiper la concurrence". Vu l’essor du marché des communications électroniques en France (7,8 milliards d’euros rien que pour les services au premier trimestre 2021 selon l’Arcep), nul doute qu’elle se prépare déjà à décrocher le gros lot.

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