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Ougier investit 3 millions d'euros pour conquérir le marché des bûches densifiées
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Ougier investit 3 millions d'euros pour conquérir le marché des bûches densifiées

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En plus du bois de chauffage et d’allumage, la PME vosgienne Ougier se lance dans une production zéro déchet avec ses nouvelles bûches densifiées qui chauffent mieux et plus longtemps. Pour installer deux nouvelles lignes de production et agrandir ses locaux, elle a investi trois millions d’euros en 2020.

A la conquête de nouveaux marchés, Jacky et Evelyne Lepaul, dirigeants d'Ougier, viennent d'investir trois millions d'euros pour installer, entre autres, deux nouvelles lignes de bûches densifiées — Photo : Lucas Valdenaire

« On n’arrête pas », glisse Jacky Lepaul. Le cogérant des établissements Ougier partage la direction avec sa femme Évelyne et, en effet, le couple vosgien enchaîne les projets d’envergure. Le dernier s’est concrétisé au printemps 2020. La PME basée au Val d’Ajol, dans les Vosges, a investi 3 millions d’euros dans deux lignes de production de bûches densifiées. Le produit innovant est réalisé à partir de déchets, appelés connexes, issus des deux productions classiques du site : le bois de chauffage (issu des feuillus) et le bois d’allumage (issu des résineux). « La bûche densifiée, c’est l’avenir du bois, prévient Évelyne Lepaul. Comme elle est très compressée, elle se dilate et son pouvoir calorifique est très important ». La gérante assure également que sur une saison, la facture n’est pas plus élevée que du bois classique : « La bûche est plus chère à l’unité, mais elle vaut trois bûches normales. Comme elle chauffe plus longtemps, on en consomme moins ».

Depuis le mois de juin, 5 000 tonnes de bûches densifiées sont sorties des ateliers ajolais. La PME part ainsi à la conquête d’un nouveau marché et répond également à de nouvelles contraintes : les entreprises censées récupérer les connexes se sont désengagées, laissant des tonnes de résidus de bois sur les bras d’Évelyne Lepaul : « Nous étions coincés, il fallait bien mettre tous ces déchets quelque part. On a donc eu l’idée de les réutiliser pour valoriser le bois de A à Z ». Mais alors pourquoi ne pas se lancer dans les granulés ? « Nous n’avons pas assez de déchets pour en faire. Nous ne sommes pas une scierie. Mais la bûche densifiée est aussi dans l’air du temps. Je suis optimiste car le bois, c’est comme le pain, on en aura toujours besoin ». Et comme pour le pain, la PME emballe le tout dans des sacs en papier, nouvelle machine à l’appui. « Nous utilisions des filets en plastique, mais c’est devenu une hérésie. On a même de l’encre bio. »

Un chiffre d'affaires doublé en sept ans

Dans les trois millions d’euros investis en 2020, il faut aussi compter le remplacement de l’ancienne pompe à chaleur séchant le bois par une chaufferie dernier cri alimentée, elle aussi, par les connexes. Sans oublier la rénovation des bâtiments (8 000 m²) et la construction prochaine d’un entrepôt (2 000 m²). Pour la matière première, il suffit de se pencher. Le bois utilisé est lorrain, parfois jurassien. « Nous travaillons avec l’ONF et nous utilisons des résineux attaqués par le scolyte. Nos forêts en sont remplies ». Les marchands de bois sont vosgiens, eux aussi. Un accord a également été trouvé avec le transporteur voisin pour acheminer les troncs avant de distribuer les produits finis dans toute la France.

Depuis son rachat par le couple Lepaul il y a sept ans, l’entreprise a doublé son chiffre d’affaires, passant de 1,4 million d'euros en 2014 à 3 millions d'euros en 2019. « Nous produisons beaucoup plus vite, explique Jacky Lepaul. Notre parc machine est tout neuf et nous avons tout automatisé ». Le grand virage date de 2017 avec l’arrivée d’une ligne de fendage unique en son genre conçue par le chef d’entreprise et ses collègues belges. « Il n’en existe pas d’autres sur le marché. Comme elle fonctionnait bien, nous en avons acheté une deuxième un an plus tard ».

Automatisation des lignes

Cette frénésie d’investissements (sept millions d’euros en sept ans) a aussi permis d’améliorer les conditions de travail. Avant 2017, la découpe et l’ensachage se faisaient à la main. « C’est quand nous avons eu deux accidents du travail que nous avons décidé de tout automatiser », confie le chef d’entreprise. Une robotisation accompagnée d’une réduction des effectifs, passant de 40 à 25 salariés. « Nous ne recherchons plus les mêmes profils. Le manutentionnaire est devenu opérateur, note Évelyne Lepaul. Comme on ne porte plus le bois à bout de bras, nous avons pu accueillir une main-d’œuvre féminine ».

Le leader français du bois d’allumage prévoit une énième robotisation de ligne avant la fin 2020 et la création d’un site internet dédié, entre autres, à la vente aux particuliers. « Comme nous dépendons beaucoup des revendeurs et de la grande distribution, c’est une façon de nous sécuriser et d’aller chercher d’autres marchés, indique la dirigeante. Si certains d’entre eux accusent le coup à cause de la crise, nous compenserons avec de nouveaux clients. Je ne veux pas mettre tous mes œufs dans le même panier ». Pour le moment, pas d’inquiétude : malgré l’épidémie, les commandes n’ont pas baissé. Au contraire. Pour 2020, les établissements Ougier comptent faire mieux que l’an passé : plus de 3,2 millions d'euros de chiffre d’affaires sont espérés.

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