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Lingenheld : Les travaux publics nouvelle génération
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Lingenheld : Les travaux publics nouvelle génération

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Entreprise familiale de transport de bois créée à la fin de la guerre, Lingenheld est aujourd'hui un groupe de TP qui diversifie ses activités.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Dans la petite commune de Dabo, le siège du groupe Lingenheld ne passe pas inaperçu. Construit à flan de coteau, tout en verre, le bâtiment, situé au sommet de la Moselle, domine la vallée verdoyante depuis 2005. «Nous sommes situés entre Metz et Strasbourg, nos deux régions d'intervention», indique Franck Lingenheld, directeur général de l'entreprise. C'est son grand-père, Joseph, qui, après la guerre, a fondé l'entreprise qui porte encore son nom. À l'époque, elle travaillait dans le secteur du bois, le débardage et le transport de grumes. Il est rapidement rejoint par ses deux fils, Georges et Léonard, qui l'assistent dans cette activité forestière.

La belle époque des grands travaux d'infrastructure

Ça n'est qu'en 1978 que l'entreprise prend une réelle orientation travaux publics. «Dès les années 1960, nous louions nos camions et machines à des entreprises du secteur. Mais en 1978, nous commençons à travailler en autonomie sur nos premiers chantiers.» C'est la belle époque des grands travaux d'infrastructures. Lingenheld se lance donc sur le chantier de construction de la centrale de Carling où elle effectue les travaux de terrassement de l'un des réacteurs ou sur le chantier de l'A4 qui relie Strasbourg à Paris.

Pour développer l'entreprise, les deux fils créent chacun une entité: Georges prend en charge Lingenheld TP sur l'Alsace et Léonard, European TP en Lorraine. L'entreprise emploie 50 personnes au début des années 1990, quand Léonard décède dans un accident d'avion. «Ça a chamboulé toute l'organisation et remis en cause la poursuite de l'exploitation», raconte Franck Lingenheld.

En 1993, Franck arrive pour assurer la relève. «Comme dans Astérix, je suis tombé dedans petit. Très jeune, j'ai commencé à travailler sur des chantiers pendant les vacances. Et puis, il y a l'intérêt pour la mécanique, l'attrait des machines.» Tout frais sorti de l'ISFATES, une école d'ingénieurs franco-allemande, et alors qu'il se destine plutôt à commencer sa carrière dans d'autres entreprises, il intègre l'entreprise familiale d'abord comme chef de chantier, puis conducteur de travaux.

Au poste de directeur général, qu'il occupe toujours, il développe quatre grands pôles d'activités: les travaux publics (terrassement, routes, assainissement, enrobés, démolition), les activités environnementales (recyclage, valorisation, compostage), la production industrielle (enrobés, granulats, carrières), et depuis quelques années, l'aménagement de lotissements de bureaux ou de logements. «En 2011, nous gérerons 250 lots à bâtir en Alsace et Lorraine.»

De la LGV Est à Mettis

Au début des années 2000, Lingenheld TP goûte à la dimension des grands travaux et participe au chantier de la première phase de la LGV Est-européenne. «Nous avons pu rentrer dans le lot via un groupement. Notre étiquette locale et notre carrière de Bouxières-sous-Froidmont ont été des atouts. Pour les grands groupes nationaux, avoir un acteur local est important: il connaît les entreprises et facilite les relations sur le terrain.»

En 2008, l'entreprise effectue sa première opération de croissance externe en rachetant une autre entreprise familiale, Haar, basée à Haguenau, qui lui fournit les moyens de développer l'activité démolition, «plutôt déconstruction» insiste le directeur général, désamiantage et valorisation du papier et du carton. Alors que le secteur a fortement subi la crise, Franck Lingenheld reste confiant en l'avenir et en la reprise des grands chantiers d'infrastructure. «On ne peut pas descendre plus bas.»

L'entreprise a remporté un marché sur la seconde phase de la LGV Est-européenne et s'est déjà positionnée sur les marchés à venir du Mettis et du grand contournement Ouest de Strasbourg. «Nous sommes pilotes pour le montage d'un groupement. Vue la dimension des opérations, nous nous appuyons sur les majors.» Et si ces grandes infrastructures ne se font pas, l'entreprise s'orientera vers l'entretien. «Nous adaptons nos outils au marché. Nous sommes en train d'acheter des petits matériels pour effectuer des travaux urbains.»

Préparer la succession

À 42 ans, Franck Lingenheld ne pense pas encore à sa succession. Mais il annonce déjà que d'ici à 5 ans, il entamera sa réflexion. Le décès prématuré de son oncle a fait prendre conscience à la famille des problèmes liés à la transmission; «Quand la succession n'est pas préparée, on aboutit à des rachats», analyse Franck Lingenheld qui, comme tout chef d'entreprise, avoue «rêver que son fils entre dans la société» et reprenne le flambeau.

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