Trois ans après sa création, la plateforme numérique lancée par la société messine Bluepad, qui permet de piloter des chantiers à partir d’un smartphone ou d’une tablette, continue de séduire les entreprises du bâtiment et des travaux publics. La solution est aujourd’hui utilisée sur des chantiers qui pèsent au global deux milliards d’euros de travaux. « Nous disposons de clients dans le Grand Est, à Lille, Paris, Lyon et Marseille », expose le cofondateur Loïc Cueroni. Restant discret sur son chiffre d’affaires, le dirigeant affirme doubler chaque année les revenus de la jeune entreprise créée en 2016.
Plusieurs gros contrats
Un premier marché de taille a été signé avec Batigère en 2018. Ce contrat-cadre permet à Bluepad d’accompagner le groupe de 2 000 salariés spécialisé dans le logement social dans l’intégralité de ses chantiers. La construction et la rénovation de logements représentent ainsi un tiers de l’activité de Bluepad. Un deuxième contrat d’importance a été contracté en début d’année pour la rénovation du réseau routier de Sanef. Enfin, « nous commençons à nous développer dans le secteur de la fibre optique. Ce dernier représente aussi un tiers de notre activité », expose Loïc Cueroni. Sur ce segment, Bluepad compte d’ailleurs comme client le projet d’initiative publique Losange qui a pour vocation de déployer la fibre optique dans toute la région Grand Est : « Un projet à un milliard d’euros étalé sur sept ou huit ans que nous équipons de notre solution », indique le dirigeant.
« Certains chantiers nécessitent plus de 1 000 plans »
La plateforme développée par Bluepad permet de numériser les procédures existantes sur les chantiers. Il est possible de visualiser en ligne les plans, la documentation technique, de partager les informations, de constater l’avancement des travaux, de gérer les comptes rendus de réunion et les plannings de chacun… « Certains chantiers nécessitent plus de 1 000 plans. Au fil du temps, les données s’effacent, évoluent. Un plan est vivant ! Nous permettons aux chefs de chantier de tout stocker sur leur tablette », explique le cofondateur, dont l’équipe de 13 salariés poursuit le développement de la plateforme. Chaque année, Bluepad investit entre 500 000 et un million d’euros afin d’ajouter de nouvelles fonctionnalités à sa solution.
« Nous ne levons pas de fonds »
Bien que les familiarités avec le modèle économique propre à celui des start-up soient indéniables, Loïc Cueroni préfère parler « d’entreprise innovante » pour identifier Bluepad. « Nous avons un profil atypique. Nous ne levons pas de fonds. Je considère qu’une levée de fonds doit être un outil et non une fin », affirme le dirigeant qui a travaillé 10 ans comme ingénieur travaux chez Demathieu Bard. Avec un capital de départ de 15 000 €, Bluepad ne s’est pourtant jamais interdit, avec pragmatisme, de se développer, et se tourne, à présent, vers l’international : « Nous passons par des prêts bancaires classiques pour poursuivre notre croissance. Nous avons embauché une commerciale ukrainienne afin de nous tourner vers l’Europe. » Bluepad est en train d’identifier les zones géographiques les plus porteuses pour sa plateforme. L’entreprise pourrait par ailleurs s’immiscer sur d’autres segments de marché, comme le nucléaire ou la dépollution.
