Face à la pénurie de salariés, les industriels lorrains se mobilisent
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Face à la pénurie de salariés, les industriels lorrains se mobilisent

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Tous les secteurs de l’industrie sont concernés en Lorraine. Des entreprises cherchent à recruter, mais ne parviennent pas à trouver soit les bons profils, soit des candidats tout court. Les différentes branches se mobilisent face à ce qui pourrait être un frein à la croissance actuelle.

Photo : GEIQ Indus Lorraine

« Il faut essayer toutes les solutions, sinon la croissance risque d’être mise en danger par ce problème de l’emploi. » Pour Jean Arnould, président de l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie) Lorraine, le constat est clair : « beaucoup trop d’entreprises cherchent à recruter mais n’y parviennent pas dans notre région. » Confrontés à un système de formation défaillant, des problèmes d’images ou une baisse des vocations, les industriels lorrains ont décidé de réagir.

« Aide-toi, le ciel t’aidera », lance Gilles Schaaf, le vice-président de l’UIC Grand Est, pour expliquer la raison qui a poussé les industriels de la chimie à se concentrer sur l’emploi depuis plus de dix ans. « Nos problématiques sur le recrutement ont commencé dès 2004. Aujourd’hui, l’enjeu, c’est de trouver les profils qui pourront aller vers l’industrie du futur » La dernière initiative en date est à mettre au crédit de l’UIMM Lorraine. Il y a un an, l’Union a décidé de lancer le GEIQ Indus Lorraine, pour Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification, une association qui fait le lien entre demandeurs d’emploi et entreprises « recruteuses ».

« Nous avons regardé ce qui existait dans le domaine de l’emploi, et l’exemple de notre voisin, le GEIQ Alsace nous a convaincus de partir sur ce concept », poursuit Jean Arnould. Le GEIQ, concrètement, organise des parcours d’insertion et de qualification de 6 à 24 mois, « en pariant sur le potentiel de personnes éloignées de l’emploi. L’entreprise émet son besoin et nous nous chargeons du reste », explique Thomas Loch, directeur général d’Alemploi (qui compte aujourd’hui 27 salariés, et un taux de retour à l’emploi de 73% en 2016), qui fédère le GEIQ Indus Lorraine et regroupe également les GEIQ alsaciens.

40 embauches en 2018, 60 l’année suivante

Pour cette première année d’existence, le GEIQ Indus Lorraine a permis l’embauche de 25 salariés, sur 360 candidats rencontrés, dont 3 contrats d’apprentissage et 22 contrats de professionnalisation dans sept entreprises, soit 5 275 heures de formation. Pascal Vautrin, à la tête d’ER3i à Laxou, s’est retrouvé face à un besoin concret : « Nous avions remporté un appel d’offres dans le cadre d’un marché public pour le Grand Nancy. Mais il comportait une clause d’insertion sociale avec un nombre d’heures de formation obligatoires sur un poste d’électricien industriel. Le GEIQ a été la solution pour mon entreprise. Aujourd’hui, à la suite du contrat de professionnalisation, nous avons prolongé ce jeune en CDD, et grâce au GEIQ et au partenariat avec la Maison de l’emploi du Grand Nancy, il va pouvoir passer son permis de conduire, et nous espérons rapidement pouvoir l’embaucher en CDI. »

Le GEIQ Indus Lorraine compte actuellement deux salariées : Cindy Bona, chargée de développement 57 et 55, et Laura Thirion, chargée de développement 54 et 88. « Mais des recrutements pourraient intervenir rapidement si le développement se poursuit de cette manière », confirme Christophe Bouton, délégué général adjoint de l’UIMM Lorraine, en charge du GEIQ. L’association a en effet « atteint ses objectifs pour cette première année. Nous visons les 40 salariés embauchés pour 2018, et 60 pour la troisième année. »

24 postes de tourneurs fraiseurs à pourvoir

Un dessinateur « électricité industrielle » en formation a intégré l’entreprise Tricot, à Jarville-la-Malgrange dans le cadre du GEIQ, spécialisée dans le domaine de l’électricité industrielle, avec un effectif de 42 personnes. « Nous avons de grandes difficultés pour recruter. Si nous trouvions les profils, nous pourrions embaucher deux voire trois électriciens. Nous sommes obligés de former en interne », appuie Denis Lies, président de Tricot. Parmi les sept entreprises utilisatrices du GEIQ Indus Lorraine se trouvent également VD Industry dans les Vosges, Profil Laser à Florange, mais également des grands groupes comme PSA, ThyssenKrupp Presta France et Safran. « Nous gérons l’ensemble des relations avec les partenaires, Pôle emploi, les centres de formation, les OPCA pour les financements, ainsi que tous les aspects administratifs. Les demandeurs d’emploi deviennent salariés du GEIQ, ce qui exonère les entreprises de la gestion des contrats, des paies, etc. », précise Cindy Bona. L’année 2018 a démarré sur les chapeaux de roues pour le GEIQ Indus Lorraine, puisque plus de 50 postes sont actuellement à pourvoir dans les quatre départements de la région, dont 24 de tourneurs fraiseurs sur le bassin d’Hagondange, et 10 chaudronniers seront recrutés dans la Meuse. La métallurgie en Lorraine représente 1 700 entreprises, « c’est dire le potentiel du GEIQ ! », confirme Jean Arnould.

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