Le Journal des Entreprises : L’exécutif a prévu une nouvelle baisse de 400 M€ sur quatre ans des ressources publiques des CCI, soit 100 M€ par an d’ici à 2022. Qu’en pensez-vous ?
Valérie Oppelt : Nous pensons qu’une réduction de 100 M€ par an dès cette année sera compliquée pour les chambres. Nous tentons de proposer une trajectoire de 50 M€ en 2019 et de répartir les 50 autres M€ sur les trois années suivantes pour étaler l’effort financier dans le temps. Mais il y a nécessité pour les CCI de se réformer et on voit qu’elles ont intégré cet état de fait. Ça bouge dans les CCI, nous l’avons constaté au cours de notre enquête sur le terrain à travers la France et nous avons la volonté d’accompagner les chambres dans cette démarche.
Que préconisez-vous dans votre rapport ?
V. O. : Dans le cadre de la restructuration du réseau des chambres consulaires, nous proposons de redonner du pouvoir à CCI France pour redistribuer les ressources, issues de la taxe sur les frais de chambre (TFC), dans une logique de performance, selon des critères évalués chaque année. C’est un changement de modèle qui doit s’accompagner d’un recentrage des missions des CCI autour d’un socle comportant trois axes principaux : le conseil aux entreprises, leur représentation auprès des pouvoirs publics et le soutien des commerces de centre-ville. Seules ces missions seraient financées par la TFC.
« L’objectif de cette réforme ne doit pas être de pénaliser les CCI les plus fragiles, mais de leur assurer un minimum de budget. »
Pour les autres services, nous suggérons que les chambres les facturent aux entreprises et aux collectivités. Ce recentrage et la facturation des services non compris dans le socle de missions permettront de dégager des ressources supplémentaires. La création par l’État d’un guichet unique pour la création d’entreprise va dans ce sens. Les CCI pourront se retirer de cette mission pour affecter les moyens à d’autres services.
Cette restructuration ne risque-t-elle pas de fragiliser les chambres ?
V. O. : L’objectif de cette réforme ne doit pas être de pénaliser les CCI les plus fragiles, mais de leur assurer au contraire un minimum de budget, pour qu’elles maintiennent une présence sur tout le territoire. Nous souhaitons donner plus de cohérence à l’organisation des CCI, tout en conservant les spécificités des filières et des territoires. Dans ce cadre, CCI France aurait la faculté de définir une stratégie commune autour du socle de missions, tout en laissant aux CCI la liberté de l’organisation territoriale.