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L'exploitation des sables au large de la Vendée provoque des remous
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L'exploitation des sables au large de la Vendée provoque des remous

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Le cimentier mexicain Cemex, associé à un opérateur belge, a obtenu un permis pour explorer un gisement de granulats au large de l'île de Noirmoutier. Ce qui provoque l'indignation des pêcheurs et des politiques.

— Photo : Cemex

Durant cinq ans, le groupement d'intérêt économique Granulats Nord Gascogne va pouvoir mener des études scientifiques en vue, si l'État lui en donne l'autorisation à terme, d'exploiter un gisement de granulats marins au large de l'île de Noirmoutier (Vendée). Le permis exclusif de recherche (PER) a été publié au Journal officiel du samedi 11 novembre. Celui-ci a été délivré par le ministère de l'Économie et des Finances qui est compétent en matière minière.

Qui est derrière le GIE Granulats Nord Gascogne?

Le GIE Granulats Nord Gascogne est composé de Cemex, un cimentier mexicain, ainsi que d'une filiale de Deme Group, un opérateur belge international de travaux maritimes. Le premier est un groupe mondial qui emploie 2000 personnes en France et 50000 dans le monde. Le second a notamment participé au colossal chantier d'élargissement du canal de Panama et emploie plus de 4000 personnes dans le monde.

Des granulats pour quoi faire ?

« Les granulats serviront essentiellement à l'économie locale, indique Nicolas Delsinne, directeur d'agence Pays de la Loire-Centre de Cemex, qui a suivi le dossier. Ils n'iront pas très loin car leur prix est fortement impacté par le transport...» Dans la région, outre le secteur le BTP, le maraîchage est particulièrement demandeur de sables marin pour produire la mâche ou les fameuses carottes de sables.

« Personne n'en veut, mais tout le monde en a besoin»

Les pêcheurs par la voix du Corepem (Comité régional des pêches et des élevages marins des Pays de la Loire) et de son président le Sablais José Jouneau ont fait entendre leur voix. Ils déplorent surtout le manque de cohérence et de planification entre les différents projets et de vision à long terme des activités en mer pour avoir une vue plus précise sur les zones de pêche. « L'extraction de granulats, personne n'en veut, mais tout le monde en a besoin, tranche José Jouneau. Une chose est sûre, c'est que cela va dégrader les fonds marins dans une zone très pratiquée pour la pêche et que cela va nuire aux ressources halieutiques et au trait de côte.»

La zone n'est pas fermée

« Nous avons déposé notre demande de PER en 2011. À l’époque nous avions rencontré plusieurs élus et parties prenantes à ce dossier. Une enquête publique a même été ouverte en 2014-2015, se défend Nicolas Delsinne face aux réactions indignées des élus. Nous aurions pu faire une demande directe d'exploitation, mais nous avons justement préféré passer par une phase d'étude. Celle-ci permet à tout le monde d'avoir les mêmes informations scientifiques sur ce dossier et favorise la concertation.» La commission d'enquête publique avait à l'époque donné un avis favorable au PER. «En attendant, nous ne bouclons pas la zone de 430 km², rappelle Nicolas Delsinne. Les activités marines et la pêche peuvent tout à fait continuer dans cette zone.»

Pas d'extraction avant 2026 au mieux

D'après le dirigeant, le budget pour ces cinq années d'étude se situe entre 750000 et 900000 euros. Et rien n'indique, a priori, que les entreprises rembourseront cet investissement. « C'est le jeu», admet Nicolas Delsinne. D'après lui, dans le meilleur des cas, l'extraction ne débuterait qu'en 2026, une fois la phase d'étude terminée, l'instruction de la demande d'exploitation et l'autorisation donnée...

Déjà plusieurs exploitations sur la zone

Les granulats étaient déjà exploité sur au moins trois sites dans la zone au large de l'estuaire de la Loire. Le site du Pilier au large de l'îlot du même nom au nord-ouest de Noirmoutier. Ce gisement qui est en fin d'exploitation a été remplacé, sensiblement dans les mêmes proportions, par celui dit de Cairnstrath, au sud-ouest de celui du Pilier et pour lequel les activités d'extraction ont démarré début septembre de cette année.

Les politiques montent au créneau

Les réactions politiques n'ont pas tardé après la parution du communiqué du ministère de l'Économie. « Inacceptable », s'émeut Yves Auvinet, président du conseil départemental de la Vendée. Il dit également sa « solidarité» avec les professionnels de la pêche déjà très contraints par la réglementation et par les projets éoliens et s'inquiète des impacts environnementaux de cette activité sur la côte. Même chose pour Christelle Morançais, la toute nouvelle présidente du conseil régional des Pays de la Loire,qui a rédigé une lettre au ministre de l'Économie Bruno Le Maire. Si la plupart des réactions politiques regrettent le manque de concertation, du côté de Bercy, on admet « une boulette de communication à cause d'un communiqué diffusé un peu trop tôt. Mais sans volonté manifeste de ne pas prévenir les élus ». Petite boulette, maxi-effet...

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