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Jean-Michel Mousset, moteur de la Vendée
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Jean-Michel Mousset, moteur de la Vendée

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Après près de trente ans à la tête du groupe de transport vendéen qui porte son nom, Jean-Michel Mousset a confié les rênes à l'un de ses salariés. Depuis cinq ans, il préside le conseil de surveillance, en plus de toutes ces autres activités. Portrait d’un hyperactif, qui a entamé sa seconde vie.

Depuis qu'il a laissé les rênes des Transports Mousset à l'un de ses salariés, Jean-Michel Mousset a entamé une seconde vie — Photo : Jéromine Doux - Le Journal des Entreprises

Depuis cinq ans, chaque matin c’est le même rituel. Jean-Michel Mousset se lève et commence sa journée par un « réveil énergétique ». 20 minutes de méditation et 30 minutes de yoga en plein air. « J’ai besoin d’être en communion avec la nature », confie-t-il. Une passion insoupçonnée pour l’ancien PDG du groupe Mousset, qui emploie 1 700 salariés et réalise 150 M€ de CA.

Aujourd’hui, Jean-Michel Mousset est président du conseil de surveillance du groupe familial. La présidence et la direction générale sont assurées, depuis 2014, par Frédéric Leblanc, qui a intégré l’entreprise comme chauffeur, en 1991. Depuis, Jean-Michel Mousset prend le temps de la relaxation. Tout en conservant un emploi du temps de ministre.

Le Ludylab : un pari gagné

Il y a un an, il a créé le Ludylab. Un espace de 4 500 m² où se mélangent réalité virtuelle, escape game, pilotage de drones et fablab. Ce temple du jeu, installé à Chambretaud, est situé au beau milieu du bocage vendéen. « J’ai découvert ce concept au Canada », éclaire le dirigeant, habillé d’un costume qui laisse apparaître une chemise à carreaux rose. Un style à son image : carré, avec une touche décalée. « Là-bas, personne n’envisageait d’implanter ce type de lieu en dehors des villes. Attaché à ma campagne, je me suis senti frustré et j’ai voulu tenter. »

« Il a toujours besoin de créer, de prendre des risques. »

Un pari gagné pour le chef d’entreprise. « La fréquentation du Ludylab est 50 % plus importante que ce que l’on prévoyait », assure Pascale Mousset sa belle-sœur, cofondatrice du lieu qui « milite pour le développement des nouvelles technologies en milieu rural ». Cette DRH, qui travaillait au sein du groupe familial, a rencontré Jean-Michel Mousset il y a plus de vingt ans. Peu de temps avant de se marier avec son frère. Alors Pascale Mousset connaît bien son ancien patron. « C’est un vrai entrepreneur, un peu aventurier », lance-t-elle. Pas étonnant donc, qu’il se lance dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. « Il a toujours besoin de créer, de prendre des risques. Les nouvelles technologies le représentent bien », poursuit-elle.

À 63 ans, Jean-Michel Mousset est sur tous les fronts. Président du Centre d’échanges et de réflexion pour l’avenir (CERA), un think-tank de 150 dirigeants vendéens, administrateur du Groupe d’entraînement et de Réflexion au Management des Entreprises (Germe), membre du conseil d’administration du Medef Vendée, élu à la CCI, membre de l’amicale du lycée Saint-Gabriel de Saint-Laurent-sur-Sèvre…

En 2004, le chef d’entreprise a également racheté le Château Boisniard, transformé en hôtel cinq étoiles et dirigé par sa femme. Un établissement situé à quelques centaines de mètres du Ludylab et à proximité de leur demeure. Connu de tous les entrepreneurs du territoire, Jean-Michel Mousset n’hésite pas non plus à prendre des positions politiques, comme c’était le cas contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Son rêve était de devenir journaliste

Pourtant, à 18 ans, l’entrepreneur était loin d’envisager une telle carrière. À cette époque, il refuse catégoriquement de reprendre l’entreprise de ses parents, au grand dam de son père. Aîné d’une famille de cinq enfants, il rêve de devenir journaliste. Il fait sa scolarité au lycée Saint-Gabriel, où il n’étudie qu’avec des « des frères et des pères ». C’est là qu’il rencontre Bernard Sergent, son meilleur ami depuis 47 ans. « Notre emploi du temps était partagé entre les cours, la religion catholique, le théâtre et le sport », détaille l’ancien camarade. Une période qui a marqué Jean-Michel Mousset. « Ça m’a construit. L'une de mes enseignantes nous disait toujours : "Vouloir, c’est pouvoir". Je crois que c’est resté dans ma tête », lance le chef d’entreprise.

À la sortie du bac, le Vendéen commence des études de droit, puis poursuit son rêve de gosse. Il intègre l’école de journalisme de Lille. Et diplôme en poche, il décroche un poste à Abou Dabi. L’occasion pour lui d’échapper au service militaire et de faire ses armes à la radio. « Ce poste lui a ouvert l’esprit », raconte son meilleur ami, pour qui Jean-Michel Mousset est un homme « curieux de tout, qui cherche sans cesse à apprendre et à être entouré de gens. »

Mais après deux ans de mission, le Vendéen rejoint vite sa terre natale. « Je me suis toujours dit que mes racines étaient là », confie l’entrepreneur, incollable sur les guerres de Vendée et l’histoire du département.

Philippe de Villiers, son mentor

À 25 ans, Jean-Michel Mousset est recruté par Philippe de Villiers, pour intégrer la radio Alouette FM, qu’il a créée aux Herbiers. Le fondateur du Puy du Fou deviendra son mentor, tout comme d’autres dirigeants vendéens, tels que Dominique Soulard, président des meubles Gautier ou Yves Gonnord, ancien patron de Fleury Michon.

« En tant que journaliste, j’étais témoin de ce qu’il se passait, mais j’étais frustré de ne pas être acteur. »

Deux ans après, le journaliste est nommé rédacteur en chef de la radio vendéenne. À cette époque, il rencontre de nombreux chefs d’entreprise : Jean-Paul Dubreuil, qui dirige le groupe du même nom, Marcel Albert, le patron de Jeanneau… « En tant que journaliste, j’étais témoin de ce qu’il se passait, mais j’étais frustré de ne pas être acteur », raconte Jean-Michel Mousset. En 1984, le rédacteur en chef démissionne et propose à son père d’intégrer l’entreprise familiale, à Sainte-Florence. Ce dernier accepte mais oblige son fils à passer son permis poids lourd. L’aîné rejoint donc l’entreprise comme chauffeur.

À ce moment-là, la société Mousset, spécialisée dans le transport de brioches et de meubles, vacille. Deux de ses plus gros clients viennent de déposer le bilan. Jean-Michel Mousset change rapidement de poste et devient commercial. « Ma mission était de redresser la barre, après deux années déficitaires », raconte-t-il. Au fil des portes à portes, le jeune commercial discute avec ses potentiels clients. « Dans les années 1980, le métier de transporteur, tel qu’on le connaît aujourd’hui, n’existait pas. Chaque usine avait ses propres camions », explique-t-il. C’est là que le futur chef d’entreprise pense à diversifier les activités de la société. Il veut se lancer dans le transport d’animaux vivants pour permettre aux usines d’externaliser cette tâche. Mais son père n’y croit pas. « Moi, j’étais un peu tête brûlée, concède Jean-Michel Mousset. Alors j’ai créé ma propre société, Avilog, et je me suis lancé. »

« Ce jour-là, j’ai eu le nez fin »

Finalement, son père se ravise et les deux sociétés fusionnent peu de temps après. Puis Jean-Michel Mousset prend la tête du groupe. Aujourd’hui, le transport de volailles vivantes est la plus grosse activité de la société Mousset. « J’avoue que ce jour-là, j’ai eu le nez fin », lance le chef d’entreprise, dans un large sourire. Grâce à cela, le groupe renoue avec la croissance, puis multiplie son CA par 100. De 1,5 M€ en 1984, il est passé à 150 M€ en 2018. « C’est un visionnaire, assure sa belle-sœur. Ses idées sont tellement futuristes que parfois on est très sceptiques. »

Aujourd’hui, Jean-Michel Mousset conserve 65 % du capital du groupe Mousset, après les rachats successifs d’une partie des parts de ses frères et sœurs. « Je voulais avoir la majorité pour pouvoir prendre les décisions », précise-t-il. Son frère s’est séparé de la totalité de ses actions, mais ses trois soeurs restent au capital. 5 % des parts sont également détenues par les salariés.

Mais l’idée, pour Jean-Michel Mousset, qui a bénéficié « d’un grand soutien de sa famille », selon son meilleur ami, c’est que le groupe reste familial. Alors la transmission de l’actionnariat a déjà été organisée. « Mes trois enfants, ainsi que trois de leurs cousins, reprendront les rênes du groupe », assure Jean-Michel Mousset.

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