Fairbooking : La contre-attaque des hôteliers face aux centrales de réservation
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Fairbooking : La contre-attaque des hôteliers face aux centrales de réservation

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Hôtellerie Les hôteliers nantais sonnent la révolte face aux centrales de réservation en ligne accusées de pratiquer des taux de commissions prohibitifs. Le Club hôtelier de Nantes a mis en place Fairbooking, un dispositif qui vise à favoriser les réservations en direct.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Cela ressemble au pot de terre contre le pot de fer. D'un côté, le Club hôtelier de Nantes qui regroupe 67 des 137 hôtels nantais, de l'autre les centrales de réservation en ligne, géants du web tels qu'Expedia ou Booking. Au coeur du conflit entre ces deux parties : les commissions prises par les centrales de réservation pour chaque location de chambre.




Commission de 12 à 30 %

« Au départ, ces centrales de réservation ont mis le pied dans la porte il y a une dizaine d'années en prenant une commission de 5 à 8 %. Aujourd'hui, cela varie entre 12 et 30 % et met en péril la pérennité de certains établissements. Entre 2008 et 2012, hors Paris et Côte d'Azur, les niveaux de commission ont augmenté de 64 % quand le chiffre d'affaires des hôtels a, lui, baissé de 3,9 %. Il faut stopper cette spirale infernale », indique Gilles Cibert, président du Club hôtelier de Nantes. Le conflit entre les hôteliers nantais et les sites de réservation en ligne était larvé depuis plusieurs années. Mais cette fois, la structure nantaise prend les choses en mains et organise la contre-attaque pour tenter de rééquilibrer le rapport de force.




Gagnant-gagnant pour les hôteliers et clients

Pour cela, le Club hôtelier a lancé Fairbooking.fr. Après avoir adhéré gratuitement à cette plate-forme web, le client est invité à réserver en direct sa chambre d'hôtel, via le téléphone ou le site Faibooking.fr. « Sur une chambre à 100 €, 20 € reviennent en moyenne à la centrale. En réservant en direct avec Fairbooking, le but est de faire gagnant-gagnant entre l'hôtelier et le client, chaque partie devant se partager la commission non versée aux centrales de réservation. Le professionnel préserve sa marge alors que le client se verra proposer une réduction de 5 à 10 %, un surclassement ou un petit-déjeuner », détaille Rémi Perrier, membre du Club hôtelier. Pour que Fairbooking se développe auprès des professionnels et des clients, le Club hôtelier compte avant tout sur le bouche à oreille, bien conscient de ne pas pouvoir lutter à armes égales avec ces centrales de réservation qui investissent chaque année des centaines de millions d'euros dans le référencement et leur communication.




Déjà 200 hôtels adhérents

Et le mouvement semble pouvoir prendre. Lancé à la mi-mai avec 18 hôtels nantais adhérents, le dispositif Fairbooking revendiquait quinze plus tard deux cents établissements inscrits, soit une présence sur la moitié de la France, et plusieurs centaines de clients adhérents de Fairbooking. Face à cette initiative nantaise, Expedia indique « regarder et écouter ce mouvement », sans faire davantage de commentaires.

Selon le Club hôtelier de Nantes, il est pourtant urgent de rétablir le rapport de force. « Sur les 20 milliards d'euros générés par l'hôtellerie française, un milliard d'euros part à l'étranger via ces commissions pour des centrales de réservation basées à l'étranger et qui affichent des chiffres de rentabilité extraodinaires. On dit que le tourisme est non-délocalisable mais là il s'agit bien de délocalisation virtuelle de capitaux français », estime Gilles Cibert. Pour rééquilibrer la balance Fairbooking fait le pari des circuits courts. « Face aux hypermarchés, il y a les Amap pour la vente de légumes. Et bien Fairbooking, c'est l'Amap en matière de réservation d'hôtels », sourit Gilles Cibert. Si l'initiative Fairbooking des hôteliers nantais venait à faire effet « boule de neige », à l'échelle nationale, nul doute cependant que les centrales de réservation ne resteraient pas les bras croisés.

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