Coronavirus : malgré les expéditions et les livraisons à domicile, les chocolatiers broient du noir
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Coronavirus : malgré les expéditions et les livraisons à domicile, les chocolatiers broient du noir

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Livraison à domicile, expédition par La Poste, retrait à l’atelier… : confrontés à la chute de la fréquentation de leurs boutiques, quand celles-ci ne sont pas fermées, les chocolatiers déploient dans l’urgence des solutions alternatives pour écouler leurs chocolats de Pâques.

— Photo : Carli

Après Noël, Pâques représente le second temps fort des ventes de chocolat en France. C’est donc peu de dire que la crise du coronavirus tombe mal pour les chocolatiers. « Nous avons terminé la production de nos chocolats de Pâques le jour de l’annonce du confinement. Nous avons été contraints de fermer nos boutiques à une période de l’année qui est la deuxième pour nous en termes de chiffre d’affaires, alors même les frais correspondant à la main-d’œuvre et aux matières premières étaient décaissés », déplore Vincent Charpin, président du groupe Bepublic (25 salariés et près de 2 M€ de CA), basé à Sainte-Luce-sur-Loire près de Nantes et auquel appartient la chocolaterie Carli. « La fabrication des chocolats de Pâques est longue, coûteuse et les marges sont basses. Le manque à gagner est énorme », confirme Philippe Salle, dirigeant du chocolatier Castellane à Nantes.

Chute de la fréquentation en boutique

Si ces chocolatiers nantais ont choisi de fermer leurs boutiques, la situation n’est guère meilleure pour ceux qui les ont maintenues ouvertes. « Notre usine de 42 salariés continue de fonctionner pour le tiers de son activité et notre boutique des Sables d’Olonne est ouverte dans des conditions très sécurisées, mais il n’y a pas de business. Les gens sont anxieux et ne sortent pas », déplore Stéphane Arnauld, dirigeant du Chocolatier Sablais (7 M€ de CA). L'entreprise vendéenne est implantée partout dans l’Ouest, ainsi qu’à Paris. Même son de cloche pour son homologue Patrick Gelencser, chocolatier à La Roche-sur-Yon, qui réalise un chiffre d’affaires annuel de 3 millions d’euros. « 80 % de nos chocolats de Pâques étaient produits le 15 mars. Nos 5 magasins vendéens sont restés ouverts mais ils n’ont réalisé que 10 à 15 % des ventes habituelles. Comme la fréquentation est limitée à deux personnes en même temps dans la boutique, on enregistre 5 à 6 fois moins de passage que d’habitude, alors que Pâques génère 15 à 20 % de notre chiffre d’affaires selon les années », indique-t-il.

Limiter la casse

Pour récupérer un peu de trésorerie et limiter la casse, tous les chocolatiers ont mis en place des solutions alternatives. Carli propose ainsi à ses clients une solution de livraison à domicile à partir des commandes effectuées sur le site en ligne, un système de drive à son atelier de Sainte-Luce et des journées de retrait dans ses magasins d’Ancenis et de Châteaubriant. « Nous sommes assez soulagés de voir que les commandes décollent cette semaine, cela devrait limiter les pertes », avance le dirigeant. Si Philippe Salle estime que les commandes par internet ou au téléphone, ainsi que ses partenariats avec des distributeurs ne représenteront pas plus de 5 à 7 % des volumes habituels, Patrick Gelencser se montre un peu plus optimiste. « Les livraisons à domicile et le service en Chronopost fonctionnent bien, même si c’est chronophage et coûteux. Je serais content si cela me permet d’écouler 30 % des stocks. Cela ne compensera pas le manque à gagner, mais cela limite la casse », indique-t-il. Mais c’est encore les mois à venir qui préoccupent ces dirigeants. « Le drive et la boutique en ligne ne compenseront jamais 15 jours de fréquentation intense dans les boutiques. Mais ce n’est pas maintenant que c’est grave, c’est demain. La saison touristique démarre sur nos côtes. Avril et mai, sont des mois importants pour nous. Que se passera-t-il si les clients ne sont pas au rendez-vous ? », s’inquiète Stéphane Arnauld.

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