Yann Le Meur : Des chiffres et des lettres

Yann Le Meur : Des chiffres et des lettres

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Spécialiste reconnu en France des finances locales, Yann Le Meur est aussi un amateur de musique bretonne et d'écriture. Professeur à la faculté des sciences économiques de Rennes 1, il troque volontiers la calculatrice pour la bombarde.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Homme de chiffres Yann Le Meur? C'est une évidence. Patron de la société Ressources Consultants Finances, il est ?le ?spécialiste en France des finances locales. Une casquette qui fait de lui, depuis quinze ans maintenant, l'expert en la matière auprès des présidents de communautés urbaines françaises. L'économie, une science qu'il maîtrise à la perfection au point de faire de lui un professeur associé à Rennes 1. Depuis son bureau de la rue de Penhoët, à Rennes, l'homme travaille depuis maintenant plus de vingt ans à la conception d'un système informatique complexe qu'il est peut-être le seul à comprendre dans toutes ses subtilités mais dont les facultés aident les collectivités locales dans l'établissement de leurs budgets. Une méthodologie qui lui permet aujourd'hui d'employer une quarantaine de consultants, pour un chiffre d'affaires 2008 de 4,3M€ et un résultat net de 756 K€.




Le Centre Bretagne dans la peau

Marseille, Nantes, Toulouse... Les grandes métropoles font confiance à ses équipes, disséminées entre Rennes, Paris et Montpellier. Une belle réussite qui ne lui donne pour autant pas la grosse tête. Question d'origine peut-être. Un petit accent reconnaissable entre tous pour qui connaît bien la région. Un tutoiement qui s'invite parfois au détour d'une phrase. Yann Le Meur ne le cache pas. Il est originaire du Centre Bretagne. Né à Brest mais natif de Châteauneuf-du-Faou, il y tient! Une commune du Finistère qui fut administrée le temps de quatre mandats par son père, ingénieur de l'École nationale de travaux publics de son État. C'est là-bas, jusqu'à ses dix-huit ans et même au-delà, qu'il revêtira petit à petit les habits de la culture bretonne.




Chants et danse à Bognol

Car derrière son style cartésien, Yann Le Meur est aussi un homme de lettres et d'art. Enfant, «j'aimais beaucoup l'écriture et l'expression orale», confie-t-il aujourd'hui. La lecture, il l'apprend avant même d'aller à l'école. «À 5 ans, je lisais le journal. À l'époque, c'était Le Télégramme.» S'il édite ces jours-ci un ouvrage lié à son métier (Optimisation des finances locales - Éditions du Moniteur), c'est bien d'art et de culture dont il est question lorsqu'il publie ?Sonneur? (Éditions Coop Breizh), en 2002. Une ode aux sonneurs de couple. Sa passion de toujours. «J'ai commencé à sonner en fest-noz et dans les noces à partir de 16 ans.» Une époque où il partage sans limite son amour de la musique bretonne lors de soirées endiablées dans le hameau de Bognol Vras, entre Plonévez et Châteauneuf-du-Faou. Des soirées à danser, chanter, devant le regard amusé et complice du couple voisin d'agriculteurs, Robert et Berthe.




Un an dans une ferme à apprendre le breton

Sa maîtrise de la bombarde en fera même un champion de Bretagne des sonneurs de couple, avec un certain Michel Toutous, en 1986. Et c'est toujours lors de ces fameuses soirées, à Bognol, qu'il participe à la création du Printemps de Châteauneuf-du-Faou. Événement réunissant chaque année plusieurs milliers d'amateurs de culture bretonne. Une culture que Yann Le Meur ira parfaire en apprenant le Breton littéraire à l'âge de 18 ans, sur les bancs de l'école, mais aussi sur le terrain. Pas tout à fait comme les autres, à 22 ans, l'expert en finances locales s'astreint à biner les champs pendant un an. Douze mois pendant lesquels le français est proscrit et qui lui permettent d'apprendre le ?vrai? breton. Celui que l'on parle dans les fermes de Centre Bretagne et qui constitue le véritable socle de cette culture.




Ne rien revendiquer

Pas question pour autant de faire de lui un ambassadeur. Ce n'est pas dans son tempérament. «Je me sens comme Mona Ozouf: une ?composition française? (titre de son ouvrage paru en mars dernier, ndlr) qui, comme elle, a par définition sa composante bretonne», explique Yann Le Meur, prenant soin de peser chacun de ses mots, comme il le fait dès qu'une question lui est posée. «Ce n'est rien d'autre que l'éloge de la diversité». Alors revendiquer sa ?bretonnitude?? «Surtout pas. Je ne me sens capable de réciter que ce que je fais et d'où je viens.»