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Relocalisation et écoconception sont les nouveaux ressorts de Ouest Bedding
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Relocalisation et écoconception sont les nouveaux ressorts de Ouest Bedding

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Le fabricant de lits, matelas et sommiers Ouest Bedding, à Fougères, est spécialisé dans le marché de l’hôtellerie. Filiale du groupe Adova, il a relocalisé une bonne partie de ses matières premières en France et réinternalise même sa fabrication de ressorts. Un axe de différenciation, tout comme sa démarche d’écoconception qui démarre.

Ouest Bedding fabrique des matelas et sommiers pour l’hôtellerie, à Fougères. Il relocalise et internalise la fabrication des ressorts — Photo : Virginie Monvoisin

Pas question de s’endormir sur ses lauriers chez Ouest Bedding ! L’entreprise fondée il y a soixante ans à Fougères, est restée très active sur la production made in France de sommiers, lits et matelas. Un savoir-faire industriel et textile porteur sur le secteur de Fougères, où la confection a longtemps été un moteur de développement. Les produits fabriqués par l’entreprise étant très volumineux, ils n’ont pas pu être délocalisés à l’étranger, le coût du transport et de la logistique ne les auraient en effet pas rendus plus compétitifs. Mais beaucoup de matières premières, elles, ont été sourcées en dehors de France, notamment en Chine. Aujourd’hui, Ouest Bedding s’emploie depuis trois ans à relocaliser cet approvisionnement en France ou en Europe. "Nos deux fournisseurs de ouate sont désormais français, par exemple, cite Charles-Henri Deon, président du groupe Adova, dont Ouest Bedding est l’une des cinq usines de production (les autres sont en Alsace, dans l’Aube, dans le Nord et à Chambord). Le bois qui sert pour la fabrication des lits et têtes de lits, vient aussi d’Europe du Nord. Seulement 10 % de nos matières premières proviennent aujourd’hui de pays non européens, comme le polyester, dont la fabrication n’existe pas sur notre continent."

Nouvelle stratégie empreinte de RSE

Ce choix est d’ordre économique, puisqu’il permet de baisser les coûts de transport, mais il est aussi éthique. Le groupe a en effet pris, depuis deux ans, un nouveau virage stratégique. Le jour même de son arrivée à la tête du groupe Adova, en mars 2020, Charles-Henri Deon doit faire face à la crise du Covid et à la fermeture des usines. S’engage alors une profonde réflexion, permise par le temps "libre" vécu à ce moment-là. "Nous en avons profité pour définir un projet commun et repenser ce qui faisait notre groupe. Jusqu’alors, nous n’étions qu’un agglomérat de cinq entités, pilotées par un siège à Paris. Aujourd’hui, nous devenons un groupe, et avons organisé nos ressources humaines. Cela nous a amenés à avoir une réflexion sur le bien-être au travail, la responsabilité sociale et sociétale, et finalement à définir une démarche RSE."

Ouest Bedding en est le fer de lance. C’est dans ce cadre que l’entreprise choisit de réinternaliser la fabrication de ses ressorts ensachés, afin de réduire son empreinte carbone. "C’était une tâche qu’Ouest Bedding réalisait il y a soixante ans", témoigne le directeur du site, Arnaud Dupas, dont le père travaillait même dans l’entreprise à ses débuts.

1,2 million d’euros investis

Ouest Bedding fabrique des matelas et sommiers pour l’hôtellerie, à Fougères. Il relocalise et internalise la fabrication des ressorts — Photo : Virginie Monvoisin

Une nouvelle machine a ainsi été installée dans l’usine. En deux ans, l’entreprise investit 1,2 million d’euros dans ses outils de production, renouvelant aussi son parc. Une nouvelle machine dédiée à la réalisation du périmètre des matelas est récemment arrivée, par exemple. À chaque coin de ce site de 9 000 m², le savoir-faire textile est omniprésent et Ouest Bedding compte bien le conserver, d’autant que sa clientèle haut de gamme y est plus que sensible. Il recrute souvent de nouveaux collaborateurs en intérim, qu’il forme puis embauche en CDI. Ses effectifs sont ainsi passés de 75 en 2019 à 110 aujourd’hui. Une bonne nouvelle pour l’entreprise alors que le groupe Adova est sorti d’un plan de sauvegarde en septembre 2021. "Nous avons réduit les coûts du siège et les effectifs là-bas pour réinvestir dans nos usines, indique Charles-Henri Deon. Nous avons développé un réseau de concessionnaires, et renforcé notre service client hôtellerie." Adova pèse aujourd’hui 160 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 900 collaborateurs.

Pour l’hôtellerie haut de gamme

Ouest Bedding fabrique des matelas et sommiers pour l’hôtellerie, à Fougères — Photo : Virginie Monvoisin

Ouest Bedding, lui, réalisera 17 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, auprès essentiellement d’hôtels 3 à 5 étoiles. Parmi ses clients, on compte des indépendants (Hôtel des Thermes à Saint-Malo, Le Balthazar à Rennes…), des boutique-hôtels, des chaînes comme Accor, le groupe hôtelier de luxe H8 Collection, ou encore des chaînes hôtelières américaines. "Nous équipons l’ensemble des hôtels des chaînes américaines présentes en Europe", souligne Arnaud Dupas. Il faut dire qu’Ouest Bedding est titulaire de la licence de la marque Simmons pour toute la zone Europe. L’entreprise commercialise également les marques Tréca et Hotelys, qui lui appartiennent, produisant au total 90 000 pièces par an à Fougères (à 20 % pour l’international).

Pour poursuivre son développement dans l’hôtellerie, le groupe mise aujourd’hui sur l’écoconception, en lien avec sa démarche RSE entamée il y a quelques mois. Ouest Bedding a développé sa propre gamme de produits recyclables et réalisés avec au moins 70 % de matériaux recyclés (suspensions, garnissages en laine, lin, ouate…). L’usine tend aussi à supprimer sa quantité de colle (700 grammes en moins sur un produit Tréca) en réintroduisant plus de couture. Sept produits écoconçus sont ainsi en cours de lancement.

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