« Nous sommes sortis du plan de sauvegarde avec les félicitations du jury », s’amuse en cette rentrée 2020 Olivier Avaro, PDG fondateur de Blacknut (20 salariés, CA : NC). La situation de son entreprise, service de jeux en streaming (ou "cloud gaming") basé à Rennes qu’il présente comme « le Netflix du jeu vidéo », était pourtant tout sauf drôle lorsque celle-ci a été placée « sous surveillance » du tribunal de commerce de Rennes, en mars 2019. Procédure qui s’est achevée dix-huit mois plus tard, en juillet.
Dans l’intervalle, un administrateur judiciaire a été nommé pour conduire la gestion de Blacknut aux côtés de son dirigeant. « C’est arrivé au moment où nous opérions une levée de fonds, relate Olivier Avaro. Un de mes investisseurs m’a lâché à la dernière minute. Je me suis retrouvé en risque de cessation de paiement. J’ai donc pris la décision de mettre mon entreprise en sauvegarde. En un an, ça m’a permis de restructurer la société, de retrouver des financements et des investisseurs qui croyaient au projet et qui ont complètement relancé la structure. Il y a de nombreuses PME qui sont placées en sauvegarde. Tant mieux si notre exemple peut donner de l’espoir… »
Le Covid comme accélérateur
Une histoire qui restera au rang de l’anecdote pour l’entreprise, qui s’est refait une santé financière ces derniers mois et qui se développe à toute vitesse. Blacknut propose la sélection la plus large de jeux en streaming à destination des familles, avec plus de 400 titres en illimité. Sa plateforme, accessible en Europe, Amérique du Nord et Asie, permet de jouer en streaming sur tous les écrans connectés (ordinateur, mobile, télévision).
Paradoxalement, le confinement lui aura été bénéfique, en lui offrant sur un plateau du « temps de cerveau » disponible. À savoir des centaines de milliers - voire des millions - de personnes bloquées à la maison et tentées de s’essayer au "cloud gaming", ou "jeu à la demande". Son nombre de joueurs a ainsi été multiplié par quatre.
Dans le même temps, la PME rennaise a signé quelques beaux contrats avec des opérateurs de télécommunications, qui déploient son service. C’est le cas de Telecom Italia, en Italie. Ou de l’israélien Partner TV. Blacknut rentre un nouveau distributeur chaque mois en ce moment, démultipliant, de fait, sa visibilité.
Une levée de fonds entre 8 et 10 millions d’euros à venir
Et maintenant ? « On est une équipe de guerriers qui a survécu au Covid et mené des projets compliqués partout dans le monde. Je me sens très confiant dans l’entreprise, dans ces personnes, et dans sa capacité à pouvoir se développer. » Blacknut ne communique pas sur son chiffre d’affaires mais son PDG parle d’une croissance « à plus de trois chiffres » sur l’année en cours.
La start-up bretonne se présente comme le leader mondial des fournisseurs de solutions BtoB de cloud gaming et a bien l’intention « de renforcer et d’asseoir son leadership ». Pour ce faire, elle s’apprête à effectuer une levée de fonds entre 8 et 10 millions d’euros d’ici la fin de l’année. « On a un certain nombre d’options sur la table. L’entrée d’un fonds au capital en fait partie », confie Olivier Avaro, majoritaire dans l’entreprise via sa holding Skyrods. Trouver un investisseur n’est aujourd’hui plus un problème et le déploiement de la 5G mobile dans les pays industrialisés - qui va faciliter l’accès à ses jeux et améliorer l’expérience utilisateur - se présente comme un vrai levier de croissance.
