Carole Jézéquel : L'art dans la peau

Carole Jézéquel : L'art dans la peau

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À la tête de Rennes Enchères, Carole Jézéquel est un commissaire-priseur de charme et de choc. Passionnée d'art, elle adjuge chaque objet avec le sourire. Et l'envie de donner envie d'aimer les salles des ventes. Sa prochaine cible: les jeunes.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Au numéro32 de la place des Lices, à Rennes, une femme officie tous les lundis avec son marteau. Carole Jézéquel est commissaire-priseur, gérante de Rennes Enchères. «Cinquante, soixante, soixante-dix euros, allez, Monsieur, il est pour vous ce tableau, un petit effort... Non? Tant pis, adjugé à Madame au fond». Le sourire aux lèvres, le mot qui fait mouche, Madame le commissaire-priseur adjuge aux enchères des objets d'art, de collection, mais aussi des meubles.




La révélation

Tenue impeccable, féminine, pro, Carole Jézéquel a le métier dans le sang, et la passion de l'art à fleur de peau. Une capacité à s'émerveiller de chaque objet qu'elle découvre, qu'elle expertise, qu'elle vend. «Petite, je voulais travailler dans le domaine de l'art, raconte-t-elle. Je voulais faire un métier manuel, par exemple ébéniste. Mais pour faire plaisir à mon père, j'ai choisi une voie plus large: le droit. À 22 ans, je fais un stage d'été chez un commissaire-priseur et c'est la révélation! C'était forcément ça mon métier, car cela correspondait à ma passion de l'art». Mais percer dans le milieu n'est pas facile, surtout quand on n'y a pas de relations. Avant d'acheter des parts dans Bretagne Enchères - appuyée par «l'un des associé, finistérien lui aussi, ce qui a joué!», avoue Carole Jézéquel - la jeune Bretonne travaille dans différents cabinets pendant 10 ans.




La vente fait le prix

Pendant ces années de vie salariée, elle a vu tous les postes. «J'ai fait la comptabilité, la mise en place des objets, la manutention, le commercial pour trouver du volume»... Une variété d'emplois qui lui ont permis aussi de voir beaucoup d'objets. Indispensable pour pouvoir en estimer ensuite la valeur. «J'ai appris la valeur des choses en assistant à des ventes. Mais finalement, c'est l'acheteur qui donne le prix à l'objet», indique Carole Jézéquel. Pour l'aider à fixer un prix, le commissaire-priseur s'est entouré d'experts récurrents selon les ventes: objets d'art, tableaux, design, livres, instruments de musique, objets de curiosités et l'art africain».




Objets de curiosité

Voilà un type de vente qui ravie à chaque fois Carole Jézéquel. «Mon père était médecin militaire et nous déménagions souvent. Nous sommes restés longtemps en Nouvelle Calédonie au contact de populations très diverses. Il y a là-bas un mélange de cultures dans lesquelles j'ai été baignée. Tous ces objets de curiosité m'interpellent car ils racontent l'histoire ethnologique. Ils ont beaucoup de charme au-delà du côté esthétique». Voilà qui explique peut-être en partie l'entrain de Carole Jézéquel à adjuger un objet d'antan. Sur son estrade, elle part au combat avec son marteau, donnant toute sa sensibilité et son énergie.




Désacraliser les ventes

Au final, la majorité des objets vendus partent entre 50 et 500€. «Il faut désacraliser les enchères, martèle Carole Jézéquel. Lors des ventes courantes, la moyenne est de 77€». Mais le travail du commissaire-priseur, ce n'est pas que d'adjuger des tableaux ou des commodes. «Nous avons plusieurs casquettes», rappelle Carole Jézéquel. Dont celle d'estimer des objets. Depuis 6 ans, elle a initié à Rennes une ouverture hebdomadaire de son bureau au public. Elle y estime gratuitement n'importe quel objet. «Il faut que les gens aient l'idée de nous confier leurs objets au lieu de les mettre sur internet, car ils ont peut-être des trésors qu'ils ne soupçonnent pas, comme un lampadaire des années 50! Ici, on trie tout, on recycle». Carole Jézéquel «adore aussi aller chez les gens, faire un inventaire. Je ne sais pas qui ils sont et ce que je vais découvrir, mais tout objet est prétexte à raconter des histoires. Nous avons la chance d'avoir un immense patrimoine en France, alors je n'aime pas le voir partir à l'étranger». C'est ça l'amour de l'art.