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Poittemill accélère en Asie
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Poittemill accélère en Asie

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Fort d'une importante réorganisation en interne, le concepteur de broyeurs industriels s'apprête à ouvrir deux filiales en Asie. Des investissements qui lui ouvrent de nouveaux marchés là-bas, et lui dégagent des perspectives ici.

— Photo : Le Journal des Entreprises

Spécialisée dans la conception et l'installation de broyeurs industriels, capables de réduire en poudre tous les matériaux, Poittemill attend sereinement la reprise. Avec la crise et l'arrivée à sa tête d'une nouvelle génération, en 2009, l'entreprise bientôt centenaire, installée à Béthune, s'est réorganisée et modernisée à marche forcée. Un effort salutaire, qui lui a permis de se maintenir, et lui promet, à l'orée de jours meilleurs, une spectaculaire progression. C'est en tout cas le pari de Jean-François Maréchal, le PDG de Poittemill, qui s'apprête à ouvrir deux filiales en Asie, synonymes de débouchés sans précédents pour sa PME.

New-Delhi, Kuala-Lumpur

« Nous sommes en train de finaliser l'installation d'un bureau d'études et d'une unité de production de pièces à New-Delhi, qui devraient être opérationnels dans le courant de 2018. C'est un investissement important, mais il nous permettra d'atteindre rapidement le marché local, au bon prix. C'est le moment d'attaquer l'Inde, qui est le deuxième pays producteur de produits pharmaceutiques. Tous les grands groupes y sont, et la demande est là, puisque les normes de production locales s'alignent sur les standards occidentaux. Nous allons pouvoir mieux adapter notre offre à ce marché, et rassurer nos clients sur place en assurant la maintenance de nos installations. » Cette filiale s'inscrit dans une stratégie globale de la PME, qui réalise déjà 85 % de son chiffre d'affaires à l'export. « Nous avions déjà une filiale commerciale à Bangkok, mais nous sommes en train de la déplacer à Kuala-Lumpur, où le climat des affaires est meilleur. En Malaisie, tout est beaucoup plus simple, et la position, plus centrale, permet de rayonner dans toute l' Asie. »

Doubler le chiffre d'affaires

Ce coup d'accélérateur sur les marchés asiatiques devrait permettre à Poittemill de « doubler son chiffre d'affaires à cinq ans », estime Jean-François Maréchal. Après une année 2016 « compliquée, mais à l'équilibre », avec 7 millions d'euros de chiffre d'affaires, Poittemill devrait réaliser 10 à 12 millions en 2017. La PME, qui compte quarante salariés en France, et une dizaine dans le monde, connaît chaque année « une croissance à deux chiffres, sur les résultats comme sur la rentabilité »

L'Asie... puis l'Afrique

Produire en Asie pour le marché local devrait aussi permettre à Poittemill de mieux répondre à la demande européenne. « Nous sommes des concepteurs, pas des fabricants. Avec la crise, notre réseau de sous-traitants s'est effondré en France. Et ceux qui restent sont confrontés à un vrai problème de recrutement. Nous fabriquons désormais beaucoup en République Tchèque ou en Pologne, mais leurs carnets de commande sont pleins, les délais s'allongent et avec la reprise en zone Euro, nous avons du mal à répondre à toutes les demandes. » Moins pressurée, Poittemillveut conquérir de nouveaux marchés. Grâce à sa position en Asie, la PME, déjà active au Maghreb et en Afrique du Sud, prévoit, d'ici peu, d'attaquer les marchés d'Afrique sub-Saharienne. « On connaît les réseaux d'affaires entre l'Afrique, l'Inde et la Chine. Être présents dans ces pays nous ouvrira des portes, et surtout, nous aura permis d'affiner notre offre à destination des marchés à bas coûts. Il faut attaquer ces marchés avec une offre adaptée au pouvoir d'achat local » estime Jean-François Maréchal.

Nouveaux marchés

En France, Poittemill veut désormais faire preuve d'une attitude plus agressive sur des marchés où son activité est encore faible, comme l'agroalimentaire, la chimie, ou la pharmacie.« La marge de progression est énorme. Jusqu'à présent, nous avions une attitude plutôt passive, dans certains secteurs, même si on a déjà de beaux contrats dans la cosmétique ou la parfumerie. Désormais, notre démarche sera plusvolontaire sur la « middle industry », comparable à celle que nous avons déployé sur la « heavy industry », avec des conférences, une présence sur les salons, et une identification rigoureuse des filières produits comme des clients potentiels. D'un point de vue marketing, nous sommes désormais armés pour le faire. »

Voir grand, voir gros

Grossir, c'est le principal objectif de Poittemill, qui se verrait bien ETI « d'ici dix ans ». En attendant, l'urgence est d'atteindre la taille critique pour briguer de plus gros contrats. « Aujourd'hui, nous sommes limités à des marchés à 5-6 millions d'euros. Au-delà, les financements ne suivent pas. Pourtant, on serait en capacité de répondre à des appels d'offres à 10 ou 12 millions d'euros, mais il faut que l'on gagne en fonds de roulement, et en crédibilité. »

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