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Aciéries de Ploërmel : un déménagement à 10 millions d'euros
Morbihan # Métallurgie # Investissement

Aciéries de Ploërmel : un déménagement à 10 millions d'euros

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Fortes d'un carnet de commande reflet de la reprise dans le ferroviaire, les Aciéries de Ploërmel (95 salariés, 10 millions d'euros de CA) entendent boucler le déménagement hors norme de sa fonderie, située sur une emprise d'un hectare en pleine ville, à l'horizon 2019-2020. À la clef, une modernisation de l'outil de production et la création de dizaines d'emplois à l'autre bout de la ville, zone de La Lande du Moulin.

— Photo : Xavier Eveillé

Chiffrage en cours et tour de table en vue. Les Aciéries de Ploërmel, propriété d'une Société coopérative ouvrière de production depuis 2005 (environ 95 salariés, 10 millions d'euros de chiffre d'affaires), entendent boucler d'ici 2019 la deuxième étape d'un déménagement unique en France : celui de la plus vieille entreprise de Ploërmel, spécialisée dans la production de pièces pour l'industrie ferroviaire, automobile et pétrolière, et occupant une emprise d'un hectare en pleine ville, à Ploërmel.
En 2011, une première phase de migration avait vu l'atelier de finition, l'atelier de débardage, un nouvelle unité de traitement thermique, ainsi que les services administratifs et la partie études, déménager pour la zone de La Lande du Moulin, à l'autre bout de la ville, dans d'anciens bâtiments implantés également sur un hectare. Propriété de la manufacture automobile MPAP, ils avaient été cédés pour environ 2 millions d'euros, l'investissement global, avoisinant quant à lui les 12 millions d'euros. Ce déménagement avait permis d'ancrer durablement dans le paysage ploërmelais l'avenir de l'entreprise.

La fonderie, vieille Dame de Ploërmel

« À présent, l'objectif consiste à déménager la partie fonderie », explique le P-DG, Hervé Catros. Retardé par la crise ferroviaire des années 2013-2014, le projet est aujourd'hui remis sur les rails : les carnets de commande se sont regarnis en 2017 et pour les prochaines années et la nouvelle organisation porte ses fruits. Si le domaine des pièces techniques ferroviaires voyageur concentre, et de loin, les principaux clients des Aciéries de Ploërmel Industrie (Alstom, SNCF, RATP, Bombardier), la diversification est en cours : API honore des commandes pour DCNS, Renault Truck Défense (camions militaires) ou encore pour l'industrie pétrolière (corps de pompe). Qui plus est, l'industrie ferroviaire a repris des couleurs : la construction de tramway et de métros connaît une forte croissance à l'international. « L'enjeu est double pour nous, ajoute Hervé Catros. Il s'agit à la fois de moderniser l'outil de production et d'améliorer l'impact socio-environnemental. Le site historique de la Gare se fait encercler par la ville. Déménager pour la zone de La Lande du Moulin, c'est rassembler sur un site à vocation industrielle l'ensemble de nos ateliers. Les conditions de travail ne sont pas satisfaisantes non plus. L'hiver, il peut faire 5°c dans l'atelier et, par ailleurs, la fonderie est très énergivore. Nous étudions l'abandon du four à arc [qui fond l'acier à 1 660°c par électrolyse dans un immense chaudron) et son remplacement par un système à induction. »

Feu vert de la Région courant mars ?

La facture énergétique avoisinerait les 300 000 euros par an. Outre le regarnissage des commandes, sa réduction permettrait donc d'amortir en partie l'investissement colossal qui s'annonce pour cette deuxième et dernière étape du déménagement, jugé vital par l'entreprise : environ 10 millions d'euros. Les Aciéries, qui disposent de tour et fraise numériques, étudient toutes les pistes pour gagner de nouveaux marchés et remonter une partie de la chaîne de sous-traitance, mais sait que le compte n'y sera pas. Elle vient de solliciter la Région, la communauté de communes du pays de Ploërmel, et les services de l'Etat pour appuyer et boucler le montage financier : « Nous finalisons les plans et espérons un examen en commission au plus vite. »

Présents ce 13 mars sur le site de La Gare, une délégation emmenée par le préfet du Morbihan, Raymond Le Deun, et le président de la communauté de communes et maire de Ploërmel, Patrick Le Diffon, a permis de mesurer in situ l'importance du projet : « C'est un dossier vital pour Ploërmel. Ploërmel Communauté a également été sollicitée pour la construction du nouveau bâtiment fonderie. Le dossier doit passer en commission permanente à la Région en mars », indique ce dernier. Le préfet du Morbihan, lui, se veut également très confiant : « Les activités qui ne génèrent pas d'affaires, on ne peut pas les sauver. Ici, ce n'est absolument pas le cas. Le carnet de commande est bon. »
A leur reprise par la Scop, en 2005, les Aciéries comptaient 80 salariés. L'effectif ne s'est non seulement pas érodé mais il a progressé à 95 équivalents temps plein. A terme, c'est la création de plusieurs dizaines d'emplois – voire une cinquantaine – qui pourrait être assurée sur le nouveau site de La Lande du Moulin, à l'est de la ville, où les Aciéries disposent déjà de l'emprise foncière nécessaire.

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