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La raffinerie de Donges cherche encore sa rentabilité
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La raffinerie de Donges cherche encore sa rentabilité

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La raffinerie de Donges, à quelques kilomètres de Saint-Nazaire, accuse des pertes de plusieurs dizaines de millions d’euros en 2016. Pour améliorer ses marges, la deuxième raffinerie de France investit dans une unité de désulfuration. Elle sera opérationnelle fin 2020.

Philippe Billant, directeur du site Total de Donges. — Photo : Amandine Dubiez-JDE

« Nous ne sommes pas à l’équilibre financier », se désole Philippe Billant, le nouveau directeur de la plateforme Total de Donges. « Les pertes se chiffrent en plusieurs dizaines de millions d’euros », précise-t-il, s’en vouloir en dire plus. En 2016, la raffinerie a réalisé 8,5 millions de tonnages raffinés alors que l’objectif se situe plutôt à 9 millions de tonnages. En 2015, la raffinerie affichait les mêmes résultats décevants.

Et les raisons sont les mêmes. D’une part, les mouvements sociaux du printemps dernier ont fortement ralenti la production pendant un mois. D’autre part, les marges de raffinage qui dépendent du prix d’achat du brut et du prix de vente des produits raffinés, ne sont pas au beau fixe. Même si elles se sont améliorées ces dernières semaines, elles sont, en 2016, restées sous le seuil de rentabilité. «Mais au-delà de ça, on peut encore améliorer notre compétitivité », analyse Philippe Billant. La raffinerie, qui alimente toute la façade Atlantique et exporte 25% de sa production notamment à Rotterdam et en Afrique, compte notamment faire des efforts sur la maintenance et améliorer la disponibilité des unités.

Une unité de désulfuration fin 2020

Est-ce que ce sera suffisant ? Pour sortir de cette incertitude et assurer son avenir, la deuxième raffinerie de France investit dans une unité de désulfurisation. Elle est en fait devenue indispensable. Les normes européennes exigent en effet que les carburants et produits pétroliers réduisent au maximum leur teneur en soufre. Or, pour respecter la législation, la raffinerie de Donges est aujourd’hui obligée de faire transiter ses produits raffinés par d’autres raffineries déjà équipées. Cette unité de désulfuration va donc lui permettre d’améliorer ses marges.

Elle devrait être opérationnelle d’ici à 3 ans, à la fin de l’année 2020. Les travaux commenceront l’an prochain. L’opération nécessite un investissement de 350 millions d’euros de la part de Total. Parallèlement, une unité de production d’hydrogène verra le jour juste à côté. La raffinerie a en effet besoin d’hydrogène pour désulfurer ses produits. C’est une société extérieure qui sera chargée de construire l’unité de production. Elle revendra l’hydrogène à Total. Son nom devrait être connu dans les prochaines semaines, à l’issue de l’appel d’offres.

"Être robuste, même avec de faibles marges de raffinage"

Dans le même temps, un autre gros chantier prendra forme du côté de Donges. La voie ferrée qui passe en plein milieu de la raffinerie et sur laquelle circule actuellement 60 trains par jour sera détournée. « C’est nécessaire pour l’avenir du site. Sans ce détournement, on ne peut pas se projeter », souligne Philippe Billant. Les travaux commenceront aussi en 2018 pour s’achever fin 2021. Ils seront financés à hauteur de 50 millions d’euros par Total, les 100 autres millions nécessaires sont apportés par les collectivités et l’Etat.

« Ces investissements nous permettront d’être robuste même avec des marges de raffinage difficiles », commente Philippe Billant. Objectif : être à l’équilibre financier en 2022. Car avant cela, la raffinerie de Donges subira encore un coup d’arrêt. En 2019, elle devra, comme la loi l’exige, arrêté ses unités de production pendant quelques semaines pour assurer la maintenance des installations. La raffinerie de Donges fait travailler 650 personnes et 400 sous-traitants.

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