Combien vaut mon entreprise (4/5) : Quelle méthode de calcul utiliser pour la valoriser
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Combien vaut mon entreprise (4/5) : Quelle méthode de calcul utiliser pour la valoriser

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Pour préparer correctement la cession de votre entreprise ou travailler sur un projet d’ouverture de votre capital, il faut se pencher sur sa valorisation. Pour se faire, il existe différentes méthodes de calcul.

Photo : Jeshoots-Unsplash

Il existe de nombreuses méthodes de valorisation d’une entreprise qui se répartissent principalement en trois familles comportant chacune de nombreuses variantes.

Les méthodes patrimoniales

La première famille concerne les méthodes dites patrimoniales. Elles visent à évaluer les actifs de l’entreprise et à en soustraire la valeur de ses dettes pour obtenir l’actif net. « C’est une méthode assez simple mais pas forcément très représentative de la réalité économique. On peut se retrouver avec une entreprise qui a de forts capitaux propres, qui a une grosse trésorerie, mais qui en termes de rentabilité vous sort un résultat nul depuis plusieurs années. Et ce, parce que les capitaux propres et la trésorerie correspondent à un trésor de guerre accumulé il y a de nombreuses années. Dans ce cas, le client croit que son entreprise vaut de l’or alors qu’en fait les perspectives d’avenir sont limitées », explique Marie-Paule Raphard, dirigeante du cabinet d’expertise-comptable Agex.

Pour pallier ce genre de problème, c’est là qu’intervient tout le travail d’analyse effectué en amont. On reprend tous les postes de l’actif et du passif, on les analyse et on apporte les corrections nécessaires en fonction des retraitements afin d’aboutir à un actif net corrigé le plus proche de la réalité économique du moment. Exemple : les immobilisations corporelles doivent être réévaluées à leur valeur de marché et non à leur valeur comptable. Idem pour les stocks et le fonds de commerce qui devront être réévalués à leur valeur du moment.

Les méthodes de rentabilité

La seconde famille concerne les méthodes dites de rentabilité. Au lieu de se reposer sur la valeur patrimoniale de l’entreprise, on considère qu’une entreprise vaut par sa rentabilité, sur la base d’un multiple de ses résultats : résultat net, résultat d’exploitation, marge brute d’autofinancement ou autre. Certains experts privilégient le bénéfice net, une approche simplifiée mais qui peut être faussée par le jeu des charges et profits exceptionnels. D’autres se focalisent sur le résultat d’exploitation ou sur le résultat courant (résultat d’exploitation + résultat financier). D’autres encore, privilégient la marge brute d’autofinancement ou les critères anglos-saxons que sont l’EBIT (résultalt net avant frais financiers, éléments exceptionnels et impôt sur les sociétés) ou l’EBITDA (EBIT auquel on ajoute les amortissements).

Dans tous les cas, la difficulté des méthodes de rentabilité réside dans le choix du multiplicateur. « Ce sont des méthodes qui ont fait leur preuve car elles sont utilisées dans 80% des cas par les entreprises. Mais elles sont assez compliquées car il n’est pas toujours facile d’accéder aux informations pour trouver le bon coefficient multiplicateur », explique Yves Simon Benhamou expert pour In Extenso Finance & Transition.

Généralement, ce coefficient multiplicateur dépend du secteur d’activité dans lequel évolue l’entreprise. Plus ce dernier est considéré comme risqué, plus le coefficient multplicateur est faible. « Il existe certaines études, qui en fonction des secteurs, indiquent le niveau des multiples observés dans les transactions, mais ce n’est pas toujours le cas. S’il n’y a pas de données publiques, on peut essayer de se baser sur un panel de sociétés concurrente cotées en Bourse. Comme les informations sont publiques, on peut savoir si la société vaut 5 ou 6 fois son résultat net ou son résultat d’exploitation. On prend donc par référence ses multiples boursiers et on applique une décote de taille et de liquidité qui peut parfois monter jusqu’à 50% », détaille Yves Simon Benhamou.

Les méthodes comparatives

Dans le même esprit, il existe aussi les méthodes comparatives. Elles visent à mettre en perspective votre entreprise avec d’autres, présentant un profil le plus proche possible, et dont la valeur de la transaction est connue. Ces méthodes sont particulièrement adaptées aux reprises de commerces et d’activités artisanales, pour lesquelles il existe des bases de données comportant un grand nombre de transactions. Certaines chambres de métiers et de l’artisanat ont d’ailleurs mis en place des observatoires et/ou des études annuelles sur les valeurs des fonds cédés.

Enfin, il ne faut pas oublier que, quelque soit la méthode de valorisation utilisée, elle peut avoir ses limites. « C’est pour cela que l’on combine parfois plusieurs méthodes. C’est le cas avec la méthode dite du goodwill qui est une méthode mixte visant à corriger les valeurs patrimoniales pour tenir compte de la rentabilité économique anticipée de l’entreprise. Parfois, il est aussi intéressant de pondérer en prenant la valeur patrimoniale pour une et la rentabilité pour deux ou l’inverse. Tout dépend de la situation économique actuelle et du potentiel à venir de l’entreprise », conclut Marie-Paul Raphard.

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