Groupe Piriou : un nouveau président et de nouvelles ambitions
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Groupe Piriou : un nouveau président et de nouvelles ambitions

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La famille Piriou quitte la direction mais aussi le capital du groupe familial de Concarneau (Finistère). Une transmission à Vincent Faujour et au management préparée de longue date. Le chantier naval ambitionne de tripler son chiffre d’affaires d’ici à 2023.

Pascal Piriou et Vincent Faujour travaillent en binôme à la tête du groupe Piriou depuis 2015. — Photo : © Isabelle Jaffré

Il n’y a désormais plus de Piriou à la tête du groupe Piriou. Les frères Pascal et Jacques Piriou viennent de céder la majorité des parts (60 %) de l’entreprise familiale (950 salariés, 152 M€ de CA en 2018) à un groupe de 13 dirigeants, accompagnés de quatre fonds d’investissement. Vincent Faujour, directeur général depuis 2015, succède à Pascal Piriou à la présidence du chantier naval de Concarneau (Finistère) et de ses filiales (PNS, Piriou Ingénierie, Piriou Négoce, Piriou Services, Kership…). « C’est une transmission qui se prépare depuis 2015, explique le nouveau président. Pascal Piriou avait, à cette époque, décidé de scinder sa fonction de PDG en deux. C’était la première étape mais ce genre d’opération est longue. »

Car la famille Piriou était désireuse de transmettre, mais pas à n’importe quelles conditions. L’opération s’est accélérée il y a un peu plus d’un an. La première condition posée par Pascal Piriou est alors celle d’une entreprise avec un plan de charge conséquent. Or, depuis 10 ans, le groupe atteint un plateau en termes de chiffre d’affaires : autour de 150 M€ par an, et 180 M€ en 2017. « Quand nous avons parlé de notre volonté de passer ce palier, nos actionnaires n’y croyaient pas tous », se souvient Vincent Faujour.

1,5 milliard d'euros de commandes

Alors les équipes de Piriou accélèrent. En 2018, le groupe s’installe à la Réunion ; en 2019, il rachète Marine Industrie Service (MIS), rebaptisée Piriou Côte d’Ivoire. Côté carnet de commandes aussi, l'entreprise performe : « plus d’1,5 milliard d’euros engrangés. Un montant jamais atteint ! ». Parmi les contrats décrochés, beaucoup concernent les navires pour les opérations de l’État en mer avec des commandes de navires des Marines argentine, sénégalaise ou encore belgo-hollandaise, en partenariat avec Naval Group. « Ce secteur représente désormais deux tiers de l’activité, note Vincent Faujour. Mais on n’oublie pas pour autant d’où l’on vient : les navires civils. »

Piriou a atteint en 2019 un chiffre d'affaires de 200 M€ et espère dépasser ce cap dès 2020. Car le groupe a une grande ambition : doubler, voire tripler son chiffre d’affaires dès 2023, en atteignant 400 à 500 M€ de CA. Pour cela, le chantier mise sur la construction des navires, mais aussi leur entretien. Surtout, le groupe va encore se développer à l’international : « Nous prévoyons une dizaine d’implantations sur les cinq prochaines années. » Zone visée : l’Afrique, le Moyen-Orient mais aussi l’Amérique Latine.

« Aligner gouvernance et capital »

« Mais pour diriger un groupe d’une telle taille, il faut faire évoluer notre management, notre gouvernance, pour l’aligner sur le capital », explique Vincent Faujour. Autour de lui, deux directeurs généraux, eux aussi depuis longtemps dans le groupe, ont été nommés : Alain Le Berre pour les finances, Patrick De Leffe pour l’opérationnel. « Avec la famille Piriou, nous souhaitions un nouveau modèle en intégrant le management au capital. »

« Nous voulions garder le centre de décision à Concarneau. »

Ainsi, les membres du comité exécutif et du comité de direction entrent à leurs côtés au capital. « C’est également un moyen de garder le centre de décision à Concarneau. Un point crucial pour la famille Piriou. » Car, si le chantier naval est présent par exemple au Vietnam (250 à 300 personnes) et au Nigeria (150 personnes), c’est en France qu'il est le plus présent avec 400 à 450 équivalents temps plein entre Concarneau, Brest et Lorient.

Un fonds panafricain entre au capital

Pour boucler la transmission, Piriou a fait appel à des fonds sélectionnés. Quatre fonds accompagnent au final les dirigeants. Arkéa Capital, via le fonds Arkéa Capital Managers, était déjà présent au capital depuis sept ans et augmente sa participation. Idia Capital Investissement, du Crédit Agricole, est choisi pour son ancrage local. Bpifrance accompagnait depuis des années le groupe à l’international. Enfin AfricInvest, fonds panafricain, vient compléter le tour de table. « Nous nous retrouvons sur la vision d’une économie moderne en Afrique. Ils sont présents là où nous sommes implantés, mais surtout, là où nous voulons aller ! »

Cette opération réglée, le groupe va désormais se concentrer sur la mise en place de nouveaux process. « Nous allons devoir évoluer. Mais il faut conserver nos valeurs humaines. Dans une entreprise, il y a deux richesses : les salariés et les clients. Le reste, c’est de la littérature », insiste le président. Quant à savoir si Pascal Piriou continuera à suivre l’évolution du groupe créé en 1965 par son père et son oncle, Vincent Faujour a peu de doute : « Je pense qu’ils vont garder un œil dessus. D’autant que le groupe porte leur nom ! »

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