Saint-Brieuc
Loïc Haffray : « Le soutien des entreprises est central pour Art Rock »
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Loïc Haffray président de Wild Rose Loïc Haffray : « Le soutien des entreprises est central pour Art Rock »

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Secoué en avril 2018 par le départ de son emblématique directeur Jean-Michel Boinet, le festival musical briochin Art Rock a vacillé. Conscient de la nécessité de faire évoluer un événement devenu incontournable pour les entreprises des Côtes-d’Armor, Loïc Haffray, président de l’association Wild Rose, organisatrice d’Art Rock (dont Le Journal des Entreprises est partenaire), fait le point sur les chantiers à mener à court et moyen termes.

Un quart du budget global de 2,7 M€ du festival musical Art Rock, à Saint-Brieuc, provient du soutien d'une centaine d'entreprises locales, régionales ou nationales — Photo : @DR

Un peu plus d’un an après le départ de Jean-Michel Boinet, qui avait fait beaucoup parlé dans l’écosystème costarmoricain*, comment se porte le festival Art Rock ?

Loïc Haffray : Art Rock et Wild Rose, c’est d’abord l’histoire d’une bande de potes de Quessoy qui se sont lancés, en 1979, dans l’organisation de concerts puis du festival Art Rock à Saint-Brieuc. La crise que nous avons traversée l’an passé a été difficile à vivre car il y avait de l’affect. Quand on repense à cette période, chacun d’entre nous conserve de la douleur. Aujourd’hui nos routes se sont séparées. L’important est d’avoir réussi à maintenir un événement de cette envergure sur le territoire.

Vous n’avez jamais pensé à jeter l’éponge ?

L.H. : Ce qui nous a le plus agréablement surpris, dans cette crise, c’est l’attachement du public et de nos partenaires au festival. Nous ne pouvions pas laisser tomber même si, pour être honnête, cette pensée nous a traversés l'esprit. Face aux difficultés rencontrées, nous avons pu constater qu’Art Rock n’appartenait pas à un homme ou à un conseil d’administration mais bien à un collectif.

«Art Rock représente 6 M€ de retombées économiques pour les Côtes-d’Armor en un week-end.»

Quels sont les grands chantiers qui attendent Art Rock dans les mois et années à venir ?

L.H. : Le premier enjeu était de remettre en place une gestion rigoureuse. Le conseil d’administration avait perdu une partie du contrôle, moi le premier en partageant mon temps entre Saint-Brieuc et Nancy. Notre nouvelle directrice, Carole Meyer, fait le job avec sérieux. Après une année difficile en 2017, marquée par une perte de 150 000 euros, l’exercice 2018 est à l’équilibre. Le second chantier est le renouvellement de l’association, avec l’entrée de nouveaux administrateurs pour amener du sang neuf. Les membres historiques se sont donnés cinq ans pour préparer l’avenir.

Comment est construit le modèle économique d’Art Rock ?

L.H. : Le budget global atteint 2,7 M€. 45 % des recettes viennent de la billetterie et des buvettes, 25 % du soutien des entreprises et 30 % des subventions publiques. Au-delà, Art Rock, c’est 6 M€ de retombées économiques pour les Côtes-d’Armor.

Le soutien des entreprises locales a-t-il été central ?

L.H. : Mon parcours professionnel m’a amené à diriger de très grosses associations dans le monde social et médico-social avec la même problématique vécue par la sphère culturelle : la concurrence et la raréfaction des budgets des collectivités. Nous avons entamé tardivement la création d’offres pour les entreprises. Notre espace VIP est aujourd’hui plébiscité et complet d’une édition sur l’autre.

« L’ouverture de Wild Rose vers des partenaires privés n’est pas un tabou »

Le renouvellement des offres proposées est un enjeu majeur…

L.H. : En effet, nous ne pouvons pas lasser nos partenaires privés. Cela nous oblige à renouveler l’offre pour être toujours plus surprenant pendant et en dehors du festival. Le développement commercial, sous son format actuel, ne sera pas exponentiel au regard de la concurrence et du tissu économique des Côtes-d’Armor.

Réfléchissez-vous à mutualiser votre expertise, voire à la « vendre » ?

L.H. : Dans le secteur médico-social, la mutualisation est une réalité depuis longtemps. Actuellement, Art Rock supporte seul ses coûts. Demain, il serait intelligent de les partager avec d’autres partenaires. C'est un chantier qui a débuté.

Le format associatif est-il le mieux adapté ?

L.H. : J’en reste persuadé. Art Rock a une dimension politique et citoyenne dans le sens où cette manifestation contribue au rayonnement de Saint-Brieuc. L’associatif est un regroupement sur un idéal et des valeurs. On ne peut pas prédire l’avenir mais l’ouverture vers des partenaires privés n’est pas un tabou. Notre seule exigence sera de conserver notre indépendance.

Le soutien des entreprises représente 25 % du budget d’Art Rock et pourtant elles n'ont aucun représentant au sein du conseil d’administration. N’y a-t-il pas là une anomalie ?

L.H. : Le sujet est sur la table et cela se fera. Nous y avions pensé lors de la révision de nos statuts l’an dernier, mais cela se prépare. Il faut trouver le mode d’entrée le plus adéquat et transparent. Toutefois, le conseil d’administration de Wild Rose n’est pas déconnecté du monde économique. On y trouve un conseiller financier, un banquier, un dirigeant d’une société de communication, un architecte, un prothésiste facial, etc.

* Membre fondateur de Wild Rose, Jean-Michel Boinet a dirigé le festival Art Rock pendant 35 ans. Quelques mois avant sa retraite, il informe le conseil d’administration avoir déposé la marque « Art Rock » en son nom propre et demande des royalties pour son utilisation. L’affaire a provoqué une crise sans précédent, précipitant son départ de la direction de l’association.

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