Le projet d’usine de masques en Côtes-d’Armor prend une tournure politique
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Le projet d’usine de masques en Côtes-d’Armor prend une tournure politique

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Après l’annonce par le député Marc Le Fur d’un projet d'usine de fabrication de masques porté par un industriel libano-suisse, la Région Bretagne, chef de file en matière de développement économique, regrette d'avoir appris cet engagement par voie de presse. Et annonce qu’il sera étudié comme toutes les autres initiatives en cours.

— Photo : @DR

L’annonce a surpris tout le monde, jusqu’au président du conseil régional de Bretagne, Loïg Chesnais-Girard. Député des Côtes-d’Armor et leader de l’opposition à la Région, Marc Le Fur a confirmé qu’un industriel libano-suisse, Abdallah Chatila, était prêt à mobiliser une enveloppe de 15 millions d’euros pour relancer une production de masques en Côtes-d’Armor.

Deux ans après la fermeture de l’usine Spérian à Plaintel, le projet table sur un outil opérationnel au début de l’année 2021, capable de produire 250 millions de masques par an avec un effectif de 120 salariés. Une lettre d’intention pour l’achat de 25 000 m² situés au sein du centre Genesis Baie d’Armor à Ploufragan a même été signée. « Nous ne pouvons pas être dépendants d’un pays lointain, précise Abdallah Chatila, qui s’est associé avec Jean-Jacques Fuan, ancien directeur de l’usine Spérian à Plaintel. Je veux ouvrir une petite usine en Suisse et une usine plus importante en Bretagne. Les machines seront européennes. On ne veut pas se presser pour acheter des machines chinoises car nous ne voulons pas être dépendants de technologies et pièces venant d’Asie. Notre volonté d’ancrage européen est extrêmement importante. »

La Région découvre le projet dans la presse

Pour la Région, chef de file en matière de développement économique, l’enthousiasme du projet soutenu par Marc Le Fur a vite été douché. Il prend une tournure politique loin d’être inattendue tant les deux hommes s’opposent régulièrement au sein de l’hémicycle régional. D’un côté, l’élu costarmoricain précise avoir informé Loïg Chesnais-Girard, avant la diffusion de l’information, par le biais de son directeur de cabinet. Dans un communiqué, le président de la Région affirme, pour sa part, avoir découvert cette initiative par la presse. Ambiance.

« La mobilisation de Saint-Brieuc Armor Agglomération, du Département des Côtes-d’Armor et de la Région Bretagne a permis de générer de nombreuses marques d’intérêts d’investisseurs de Bretagne et d’ailleurs, confirme Loïg Chesnais-Girard. Je suis étonné de la capacité d’engagement de cet industriel qui aurait signé la reprise de l’ex-site Chaffoteaux sans prendre aucun contact avec nous. Mais, bien entendu, si ce projet est viable et qu’il permet le développement de l’emploi en Côtes-d’Armor, il sera regardé très positivement. »

Deux autres usines dans les cartons

Deux autres projets de production de masques, portés par des entreprises bretonnes qui diversifient leur production, sont en effet regardés attentivement par la Région dont le soutien politique et administratif est incontournable. Le premier est porté par le groupe Intermarché sur le site de production de couches de Ploërmel. Les Mousquetaires ont investi dans cinq lignes de production. Avec une commande d’État déjà validée, ce projet produira 135 millions de masques à l’année dont 74 millions en FFP2 et 61 millions en chirurgicaux. La production va démarrer en juillet 2020 avec 50 salariés.

De taille plus modeste (20 millions de masques par an), le second projet, comme celui porté par Abdallah Chatila et Jean-Jacques Fuan, s’appuie sur d’anciens collaborateurs de l’usine de Plaintel et agrège des acteurs bretons du domaine de la santé, du médico-social et des filières de l’agroalimentaire, du bâtiment et de la navale. Souhaité être mené sous la forme d’une société coopérative (Scic), il pourrait aboutir à un démarrage de production dans 4 à 6 mois et générera une dizaine d’emplois. L’ancien ministre de l’écologie Guy Hascoët a été même été missionné par Loïg Chesnais-Girard pour suivre la faisabilité de ce projet.

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