La Région Bretagne et le Département des Côtes-d’Armor lancent « La Coop des masques »
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La Région Bretagne et le Département des Côtes-d’Armor lancent « La Coop des masques »

Même si elles n’en assumeront pas le portage financier, la Région Bretagne et le Département des Côtes-d’Armor viennent de lancer le projet « La Coop des masques » qui se créé sous la forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC), en vue de répondre aux besoins courants des professionnels bretons des secteurs comme la santé, l'agroalimentaire, etc.

— Photo : Stefano Ferrario - Pixabay - CC0

Initiée en avril 2020, la mission créée par la Région Bretagne, en vue de relancer une production locale de masques de protection, passe la vitesse supérieure. « C’est une question de souveraineté bretonne dans un contexte sanitaire incertain mais avec une volonté de s’inscrire dans le temps, assume Loïg Chesnais‐Girard, président de Région, et Alain Cadec, président du Département des Côtes-d’Armor. Nous, nous ne faisons pas du business. Nous sommes un peu fatigués de voir des arbitrages de grands groupes qui statuent sur la base de tableaux Excel. »

Pas concurrent d’Abdallah Chatila

En ligne de mire des élus locaux, la fermeture de l’usine Spérian de Plaintel en 2018 qui avait envoyé une partie de ses machines à la broyeuse quand le reste du savoir-faire était délocalisé en Tunisie. Les deux présidents n’entendent toutefois pas polémiquer sur le projet d’usine de masques porté par Abdallah Chatila sur le site Genesis Baie d’Armor à Ploufragan. « Il y a de la place pour tout le monde car nos projets n’ont pas la même vocation ni ambition, justifie Alain Cadec. Lors de sa venue en Bretagne, Abdallah Chatila m’a même affirmé qu’il serait prêt à rentrer au capital de la Scic. » Une version confirmée par l’homme d’affaires libano-suisse : « Plus nous serons des fabricants de masques de qualité, plus la région sera reconnue comme telle. Toutefois, personne ne m’a contacté depuis sur ce sujet. »

« Nous sommes un peu fatigués de voir des arbitrages de grands groupes qui statuent sur la base de tableaux Excel. »

Près de 7 millions d’euros investis

Dans les faits, c’est à Grâces, près de Guingamp, que la Coop des Masques, nom donné à la nouvelle société dont les statuts ont été déposés le 18 juin, va s’installer. D’une surface de 5 000 m², la future usine, qui devrait être dirigée par Patrick Guilleminot, spécialisé dans le textile, aura une capacité de production de 45 millions de masques FFP2 et chirurgicaux par an. Elle emploiera, à terme, 36 salariés.

« Ce projet de relocalisation doit répondre aux besoins courants des professionnels bretons des secteurs de la santé, du médico‐social ou encore de l’agroalimentaire, mais doit aussi permettre de sécuriser les approvisionnements en masques sur des périodes de forte tension du marché, comme ce fut le cas durant la période du confinement, ajoute Guy Hascoët, ex-secrétaire d’État à l'Économie solidaire et pilote du projet. Autour de 5,5 millions vont être investis en deux phases. La première de 1,5 million d’euros concerne l’achat, en crédit-bail, de deux lignes de fabrication, assemblées par des équipementiers français. La seconde de 4 millions d’euros concerne l’acquisition d’une machine de production de Meltblown, ce textile non tissé filtrant qui confère la haute performance aux masques. »

L’immobilier porté par Breizh Immo

Côté immobilier, une troisième enveloppe dépassant 1,5 million d’euros est actée mais elle sera portée par Breizh Immo, la société d’économie mixte des collectivités bretonnes qui sera le futur propriétaire des murs dont la SCIC sera locataire. Suivront l’achat et l’installation des lignes. « Le démarrage de la fabrication est prévu en novembre, avec un premier objectif de 70 % des volumes de production le mois suivant, avant d’atteindre un rythme de croisière dès janvier 2021, confirme Guy Hascoët. Dans un deuxième temps, nous élargirons notre gamme vers des équipements de protection individuels. »

Patrick Guilleminot, futur directeur de La Coop des Masques; Guy Hascoët, pilote du projet; Loïg Chesnais‐Girard, président de la Région Bretagne; Alain Cadec, président du Département des Côtes-d’Armor et Romain Boutron, son vice-président aux finances — Photo : @DR

Des citoyens au capital

Outre l’intérêt manifesté par l’État pour le projet breton, « La Coop des Masques » s’appuie avant tout sur une diversité d’acteurs de la région et leurs besoins réguliers, afin de garantir la viabilité de l’usine qui vise un chiffre d’affaires annuel compris entre 10 et 15 millions d’euros. « Le statut coopératif de la SCIC permet d’inclure un très grand nombre d’acteurs publics et privés dans le tour de table ainsi que des citoyens, assure Loïg Chesnais‐Girard. De nombreux acteurs socio‐économiques ont rejoint le projet comme La Mutuelle Familiale, Médecins du Monde, etc. De leur côté, la Région Bretagne et le Département des Côtes-d’Armor entreront au capital à hauteur de 200 000 euros et 50 000 euros. »

À ces sommes s’ajoutent les aides à l’emploi ou à l’implantation dont peuvent bénéficier les entreprises bretonnes par la région Bretagne ou les intercommunalités, chefs de file sur les questions liées au développement économique. Interrogé sur un éventuel soutien financier au projet voisin de Ploufragan, Loïg Chesnais‐Girard a affirmé que « la question ne se posait pas puisque lors de sa venue en Bretagne, Abdallah Chatila avait affirmé qu’il ne solliciterait pas d’aides publiques. »

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