Depuis sa constitution en groupement d'intérêt économique (GIE) en 2012, l'entreprise stéphanoise Manutech USD a fait du chemin. L'objectif de faire naître un écosystème capable de développer l'état de l'art autour du laser femtoseconde (technologie qui délivre des impulsions ultra-brèves, notamment utilisé dans la chirurgie des yeux) et de favoriser son transfert scientifique vers l'industrie prend forme. "Dix ans plus tard, nous avons réussi à construire un véritable écosystème avec des gens capables de travailler ensemble autour de partenariat public-privé", assure Bertrand Nicolet, président du conseil d'administration du GIE Manutech USD.
Sous l'impulsion de trois partenaires académiques - l'Université Jean Monnet, l’École Centrale de Lyon et l’École des Mines de Saint-Étienne - du Centre technique des industries mécaniques (Cetim) de Saint-Étienne et de deux grands groupes industriels (HEF et WeAre, devenu aujourd'hui Mecachrome à la faveur d'une fusion), Manutech USD est devenue la première plateforme européenne laser femtoseconde pour l'industrie.
"Cet écosystème nous permet de rayonner au-delà du territoire stéphanois. La meilleure preuve c'est WeAre, groupe aéronautique qui nous a rejoint à mi-parcours de ces dix années car ils ont compris l'intérêt du femtoseconde pour eux", argumente Bertrand Nicollet.
200 industriels accueillis
En dix ans, le GIE Manutech USD a accueilli plus de 200 industriels, venus faire des preuves de concept. "Toutes ne se sont pas soldées par des mises sur le marché mais nous avons eu quelques beaux succès comme Safran, le groupe Seb ou encore Technetics et Keranova", remarque le président du GIE. Créé en 2015 à partir de la technologie du laser femtoseconde, Keranova développe des robots dédiés à la chirurgie de la cataracte. L'entreprise stéphanoise, qui a levé 24 millions d'euros en 2019, compte déjà plus de 40 salariés.
"On peut aussi évoquer les 16 emplois créés au sein du GIE et son chiffre d'affaires annuel dépasse aujourd'hui le million d'euros. Et pour HEF, c'est une dizaine d'emplois qui sont directement ou indirectement liés au laser femtoseconde, une technologie qui nous a permis de renforcer nos activités dans les couches minces", abonde Philippe Maurin-Perrier, coprésident non exécutif du groupe HEF, à l'origine de la création de Manutech il y a vingt ans.
Vers un collège de l'ingénierie
Solidement ancré dans le paysage local, national et européen, Manutech USD entend désormais pérenniser et renforcer son écosystème pour "accélérer l'industrialisation de solutions autour du laser femtoseconde et être en mesure de parler dans dix ans de plusieurs centaines d'emplois créés", confie Bertrand Nicollet.
Pour ce faire, le GIE planche sur "la mise en place d'un collège d'ingénierie entre Lyon et Saint-Étienne qui aura pour ambition de travailler sur les grandes transitions : l'industrie décarbonée, le numérique responsable ou encore l'économie circulaire", explique Pascal Ray, le directeur de l’École Centrale de Lyon. Dans cette optique, l'Insa de Lyon et l'école de la transition écologique ENTPE devraient venir garnir les rangs de Manutech USD. "L'idée est de faire, sur la base de l'ingénierie, l'union que l'on n'a pas réussi à faire avec l'Idex (fusion avortée entre universités Lyon-I, Lyon-III, Jean-Monnet à Saint-Etienne et de l'Ecole Normale Supérieure, NDLR) ", conclut Bertrand Nicollet.
