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Le fabricant de rubans Julien Faure tisse sa croissance grâce au luxe
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Le fabricant de rubans Julien Faure tisse sa croissance grâce au luxe

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Pour restaurer sa rentabilité, la société Julien Faure décide en 2014 d'arrêter son activité tissu pour se recentrer sur le ruban à destination des grandes marques de luxe. Un pari payant que la PME de Saint-Just-Saint-Rambert, dans la Loire, entend bien poursuivre dans les années à venir.

— Photo : Gilles Cayuela - Le Journal des Entreprises

Créateur et fabricant de rubans depuis 1864, la société Julien Faure a décidé, au sortir de la seconde guerre mondiale, de se diversifier dans le tissu. « Mon oncle a commencé par faire des écharpes, puis des carrés, puis du tissu et a lancé un département soierie lyonnaise qui, selon les années, représentait entre 30 et 50 % du chiffre d’affaires de l’entreprise », relate Julien Faure, qui a repris les rênes de l’entreprise familiale en 1995.

Avec les années, la concurrence chinoise sur le marché du tissu s’est faite de plus en plus prégnante. À tel point qu’en 2014, la PME de 48 salariés basée dans la Loire à Saint-Just-Rambert décide d’arrêter cette activité et de se recentrer sur son cœur de métier. « Nous n’étions plus compétitifs. En 2014, nous réalisions 2,5 M€ de chiffre d’affaires dont 500 000 € seulement sur le tissu mais avec des pertes significatives en création et stocks invendus. Pour restaurer notre rentabilité, nous avons décidé de revenir à nos fondamentaux : le ruban haut de gamme et sophistiqué », justifie Julien Faure.

Des unis et des griffes pour le luxe

Problème, en 2014, Julien Faure dispose d’une clientèle éclatée encore en grande partie liée au secteur de l’habillement. Une clientèle qui n’offre que peu de débouchés pour les rubans haut de gamme. « Nous avons donc décidé de nous recentrer sur le marché du luxe en concentrant nos efforts commerciaux et de développement produit pour séduire les grandes marques parisiennes et italiennes », explique le dirigeant.

Dior, Chanel, Vuitton, Saint-Laurent, Hermès, Givenchy, Gucci… : les grandes marques du luxe sont rapidement séduites par les nouveaux produits proposés par Julien Faure. « Nos rubans très chamarrés avec des motifs colorés ne correspondaient pas à leur demande de rubans plutôt unis. Nous nous sommes donc mis à faire plus d’unis et des variétés différentes d’unis », détaille Julien Faure.

Pour répondre à la demande du secteur du luxe, la PME ligérienne se lance aussi dans une niche : les griffes (étiquettes en soie à coudre) et investit près de 100 000 € par an pour mener à bien sa stratégie de développement avec les marques du luxe.

Plus de 50 % de croissance en quatre ans

« Nos salariés qui travaillaient sur la création de collections tissu ont basculé sur le développement de rubans et griffes et j’ai renforcé l’équipe qui compte aujourd’hui 7 personnes dédiées. Nous avons aussi fait des investissements en logiciel CAO ainsi que dans des métiers à tisser que nous avons nous-même développés. Aujourd’hui, la moitié de notre parc machines, soit, 27 métiers à navette, est le fruit de notre conception et nous rend difficilement copiable », développe Julien Faure. Et d’ajouter : « Cela nous a permis d’aller chercher de nouveaux clients dans le luxe comme Rolex et sa marque de montres Tudor pour qui nous réalisons des bracelets en tissu ».

Une stratégie payante puisque l’entreprise familiale a vu son chiffre d’affaires progresser de 52 % en quatre ans pour atteindre 3,8 M€ en 2018. Et les années à venir devraient confirmer cette bonne santé. « Il n’y a pas de tempête prévue pour le secteur du luxe mais des évolutions qu’il va falloir suivre. Le développement durable et le textile connecté en font partie, comme le fait d’être capable de fournir dans l’avenir des rubans de plus en plus transformés », confie le dirigeant.

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