Quelle est la spécificité du fonds CoopVenture dont vous venez de prendre la direction ?
Nous possédons les mêmes caractéristiques qu’un fonds classique, avec des primo investisseurs qui ont mis 4,2 millions d’euros lors de sa création il y a deux ans et nous sélectionnons les projets avec soin comme n’importe quel fonds. En revanche, notre objectif n’est pas de revendre les sociétés au bout de trois ou quatre années avec le meilleur rendement possible mais de leur laisser ce temps-là pour se développer et réinvestir dans notre fonds, avec un multiple de 3, leur permettant ainsi de devenir actionnaires de CoopVenture. Nous ne sommes pas un fonds spéculatif mais un véhicule qui s’autoalimente sur le principe de la solidarité.
Combien de projets avez-vous financés depuis votre création ?
Nous avons investi dans 4 projets, dont deux lignes sont encore actives. L’une des sociétés dans lesquelles nous étions entrés a été liquidée et l’autre s’est aperçue qu’elle avait des besoins en capitaux plus importants, et est donc sortie. Nous demandons d’ailleurs aux sociétés d’apporter un multiple de 3 pour assumer cette partie de cash en cas d’échec d’une entreprise. Mon ambition est d’accélérer le déploiement de CoopVenture et de financer une dizaine d’entreprises d’ici deux ans. Nous avons ce qu’il faut en portefeuille pour investir et faire vivre le fonds.
Dans quel type d’entreprises investissez-vous ?
Nous investissons dans des entreprises du secteur du numérique avec une préférence pour le territoire grenoblois, et pour les sociétés qui ont un modèle de gouvernance démocratique de type Scop ou Scic. Ainsi, nous avons investi dans la pépite grenobloise Animalinks mais possédons aussi des parts dans une scop de Lorraine spécialisée dans les outils graphiques 2D. Mais ma philosophie est vraiment de rester la plus ouverte possible aux start-up qui viendraient frapper à notre porte. Je m’efforce de recevoir pour un entretien d’une heure tous les créateurs qui envoient des dossiers. Mon message principal aux jeunes pousses est de leur dire bravo, parce que les entrepreneurs se prennent beaucoup de portes et que pour lever des fonds, il faut tenir la marée.
Quels montants moyens investissez-vous ?
CoopVenture finance les start-up en phase d’amorçage pour des tickets allant de 150 000 et 300 000 € avec bien sûr la possibilité pour les entreprises du numérique d’aller chercher en plus de ces fonds propres d’autres financements comme de l’emprunt bancaire par exemple. Nous sommes par ailleurs en train de retravailler le pacte d’actionnaires pour ouvrir les conditions d’accès et favoriser le financement. Nous ne souhaitons pas que notre modèle de réinvestissement empêche d’autres investisseurs patients de rejoindre le projet. Nous sommes prêts à bâtir une aventure commune avec des business angels ou des family offices capables d’attendre et d’avoir une stratégie d’investissement "patiente".
