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Volailles : Plumatech va lancer une innovation de rupture au niveau mondial
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Volailles : Plumatech va lancer une innovation de rupture au niveau mondial

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Plumatech va lancer un nouveau produit permettant de remplacer facilement et rapidement les pièces d’usure, les "doigts", des plumeuses de volaille. L’enjeu est énorme pour la PME costarmoricaine qui a créé une société, Breizh Plastik, pour produire cette innovation de rupture dont le marché est mondial.

Entreprise familiale, Plumatech compte dans ses rangs Franck (au centre), le père, président, Julien (responsable de la production et du marché français), Marie (service qualité et comptabilité), mais aussi, absents sur la photo, Matthieu (marchés étrangers) et Cathy, épouse de Franck (qualité et comptabilité) — Photo : Matthieu Leman

C’est l’aboutissement d’un projet de deux ans. Début 2024, le fabricant de "doigts" de plumeuse Plumatech (7,7 M€ de CA en 2022, 18 salariés) va lancer un nouveau système de remplacement de ces pièces d’usure majoritairement en caoutchouc installées sur les plumeuses, machines qui permettent de déplumer les volailles.

"Actuellement, retirer des doigts représente beaucoup de temps et d’effort physique car il faut sectionner les doigts, qui sont clipsés, et tirer fortement pour les enlever", explique Franck Le Meaux, président de la PME installée à Plaintel (Côtes-d’Armor). "Avec notre système, on peut remplacer en moins de 10 minutes tous les doigts d’une plumeuse, alors que cela requiert une heure aujourd’hui." Le produit, qui se présente sous la forme d’une coupelle en plastique qui se monte et démonte sur les plateaux de la machine, présente d’autres avantages. "Il assure la sécurité des personnes en charge de la tâche, permet de ne remplacer que les doigts les plus usés et facilite la désinfection des doigts", ajoute Julien Le Meaux, responsable de la production de Plumatech, l’un des trois enfants de Franck et Cathy Le Meaux investis dans l’entreprise.

Deux brevets déposés

Ce nouveau produit, qui a fait l’objet de deux brevets en 2022 et 2023, est le fruit d’un investissement de 500 000 euros en R & D. L’usine de 600 m² qui fabriquera le produit et verra le jour à côté de Plumatech, ainsi qu’un autre bâtiment de la même taille qui sera construit à côté (loué dans un premier temps), coûteront 1,2 million d’euros. La construction débutera en janvier 2024. L’investissement en machines dans l’usine, qui sera fortement automatisée et fonctionnera avec deux personnes, s’élèvera à 200 000 euros. Soit un projet global de presque 2 millions d’euros.

Plumatech a produit 31 millions de doigts en 2022 — Photo : Matthieu Leman

C’est que l’enjeu est énorme. La PME, qui revendique 90 % du marché français, a créé une filiale nommée Breizh Plastik, pour produire le nouveau système. Elle mise sur un premier chiffre d’affaires de 500 000 euros. Les coupelles seront sous-traitées avant que l’usine ne prenne le relais une fois opérationnelle en septembre 2024. Cette innovation de rupture pourrait changer la donne sur un marché énorme. En 2022, Plumatech a vendu 31 millions de doigts. Et on estime que 10 % des doigts de plumeuse doivent être changés chaque jour. Les plus grosses installations comprenant en effet 3 000 doigts en France, 9 000 aux USA.

Se dépêcher avant d’être copiés

"Si nos clients basculent sur notre système et qu’ils utilisaient déjà nos doigts, cela ne générera du chiffre d’affaires que pour Breizh Plastik. Mais si certains adoptent notre système, qui ne fonctionne qu’avec nos doigts, et qu’ils se fournissaient auparavant chez un concurrent, cela engendrera également du chiffre d’affaires pour Plumatech", se félicite le chef d’entreprise, qui calcule qu’un gain de parts de marché de 10 % pourrait rapporter à la PME costarmoricaine entre 1 million et 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire.

Le lancement du produit aura lieu début janvier 2024 et ce sera un lancement mondial, ce qui n’est pas galvaudé lorsque l’on sait que Plumatech réalise 20 % de son activité en France, 40 % en Europe et 40 % dans le reste du monde. "Nous nous attendons à être copiés, alors nous voulons prendre des parts de marché très vite et partout", confie Julien Le Meaux. Les nombreux distributeurs internationaux de Plumatech seront chargés de commercialiser le système.

Tour du monde

C’est à l’étranger que la PME créée dans les années 1950 et qui se trouve dans la famille Le Meaux depuis 1986, avait déjà trouvé des relais de croissance. "Les exigences en matière de consommation et d’écologie ont entraîné une baisse de la production en France et en Europe de l’ouest. Aujourd’hui, un poulet sur deux consommés en France est importé", explique Franck Le Meaux. "Nous avons donc dû faire le tour du monde pour colporter notre offre." Particulièrement aux États-Unis, où la PME costarmoricaine, dernier fabricant français, a progressé de 30 % au total ces trois dernières années.

Ne proposant qu’un seul produit, Plumatech s’appuie aussi sur l’innovation pour gagner des parts de marché. "Nous travaillons sur les formules du caoutchouc, qui jouent par exemple sur la durée de vie des doigts, et sur les formes des pièces, qui doivent présenter, suivant les espèces, une adhérence maximum mais sans agressivité sur la peau", informe Franck Le Meaux. La gamme comporte une vingtaine de modèles. L’enjeu est conséquent : si la peau est abîmée ou l’aile cassée, par exemple, les volailles sont vendues à un prix bradé. Un demi-pourcentage de poulets déclassés, ramené à des millions d’animaux, constitue un gros manque à gagner pour les clients de Plumatech, constitués à 90 % des abattoirs.

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