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Une nouvelle décision de justice menace l’avenir du Rocher Mistral
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Une nouvelle décision de justice menace l’avenir du Rocher Mistral

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Si le parc ouvre fin mars ses portes pour une nouvelle saison de spectacles sur l’histoire et la culture provençales, une nouvelle décision de justice bloque encore le développement du Rocher Mistral. Le parc de loisirs situé près de Salon-de-Provence est au centre de nombreuses batailles judiciaires.

Le nouveau propriétaire du Château de La Barben, Vianney d’Alençon, veut faire revivre ce monument historique et ses 400 hectares de domaine autour d’un projet, baptisé Rocher Mistral — Photo : DR

Les nuages s’amoncellent au-dessus du Rocher Mistral, le parc à thème provençal inauguré en grande pompe en 2021. Basé à La Barben, dans les Bouches-du-Rhône, le site vient d’être condamné par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence à remettre en état des aménagements faits sans autorisation. En cause : l’installation d’une scène en bois au pied du château, d’une dalle de béton de 2,5 m² et l’aménagement du parking en terre battue permettant aux visiteurs d’accéder au site de 400 hectares.

Outre des amendes (90 000 euros au total assortis d’un sursis pour le parc et son propriétaire), la justice condamne le parc à remettre ces aménagements dans leur état initial sous neuf mois. Pour Vianney d’Alançon, le propriétaire des lieux, la remise en état du parking, construit dans une zone Natura 2000, menace l’existence même du parc d’attractions et de ses 150 salariés. Pour l’heure, le Rocher Mistral a fait appel de la décision du tribunal. Cet appel étant suspensif, "nous poursuivons donc l’exploitation du site" en attendant une nouvelle décision de justice, assure Vianney d’Alançon.

300 000 visiteurs en trois ans

Fondateur des bijouteries Laudate en 2011, propriétaire du château de Saint-Vidal (Haute-Loire) où il propose des spectacles historiques, Vianney d’Alançon a racheté en 2019 le Château de La Barben, le plus vieux château de Provence, datant du 12e siècle. À l’abandon depuis des années, le site classé monument historique en 1984 prenait l’eau de toutes parts.

Épaulé par plusieurs grandes familles (Deniau, Habert et Montagne), l’entrepreneur trentenaire investit 50 millions d’euros pour restaurer le château et créer un parc d’attractions sur l’histoire, la culture et le patrimoine de la Provence, mêlant représentations théâtrales, cascades de chevaliers et spectacles de marionnettes.

Depuis son ouverture il y a trois ans, le Rocher Mistral a accueilli 300 000 visiteurs dont 30 000 scolaires.

De multiples batailles judiciaires

Mais Vianney d’Alençon doit faire face à de multiples batailles judiciaires. France Nature Environnement a d’abord accusé le Rocher Mistral de menacer l’habitat de chauves-souris. Puis des riverains se sont plaints de nuisances sonores. De son côté, le maire de La Barben a reproché l’absence d’accès pour les personnes handicapées aux jardins. Pour chacun de ses dossiers, le Rocher Mistral a obtenu gain de cause auprès de la justice.

Mais le parc fait toujours face à de fortes oppositions. "Je suis un entrepreneur. On construit des projets comme celui du château de La Barben avant tout pour faire vivre un lieu, sauver le patrimoine, pas pour s’enrichir. Mais, nous nous retrouvons devant une poignée de personnes qui ne veulent pas que nous y arrivions, pour diverses raisons : parce qu’ils ne veulent plus entendre parler de l’histoire de la Provence de Mistral, de Daudet ou, plus simplement, pour des raisons personnelles", déplore Vianney d’Alançon. Parmi les opposants, un riverain, qui n’est autre que le maire de La Barben.

Une opposition qui "menace notre avenir"

Ces oppositions "nous empêchent d’obtenir quelques autorisations administratives volontairement et cela nous a inévitablement conduits devant le juge et bloque notre développement", poursuit le président du Rocher Mistral.

Sur la dernière décision du tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence, "nous sommes jugés pour des autorisations que nous demandons depuis 2020 et que l’on refuse de nous donner", indique Vianney d’Alançon, qui ne décolère pas : "Nous avons demandé des autorisations pour tout. Sur les 30 demandes, 25 nous ont été accordés et les cinq restantes bloquent notre exploitation. Nous sommes condamnés alors que tout autour de nous, sur le même périmètre d’autres structures réalisent des constructions sans autorisation", poursuit Vianney d’Alançon.

Des extensions bloquées jusqu’en 2025

À l’heure actuelle, les extensions prévues par le propriétaire du parc sont bloquées jusqu’en 2025 à cause d’un sursis à statuer du maire. "Nous avons attaqué cette décision au tribunal administratif et en référé auprès du Conseil d’État", indique Vianney d’Alançon. Les jugements devraient intervenir dans le courant 2024.

En attendant, après sa récente condamnation, le Rocher Mistral a mis en place une pétition de soutien qui a d’ores et déjà recueilli près de 14 000 signatures.

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