Transition énergétique : Menace ou opportunité?
# Production et distribution d'énergie # Conjoncture

Transition énergétique : Menace ou opportunité?

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À l'heure où s'engage le débat national sur la transition énergétique, le conseil régional d'Aquitaine se veut en pointe sur le sujet. Plusieurs mesures sont mises en place pour inciter les entreprises à modifier leurs comportements. Mais cela sera-t-il suffisant pour tenir les objectifs ?
— Photo : Le Journal des Entreprises

L'heure est à la transition énergétique. Et l'Aquitaine est plutôt en avance sur le débat national qui se tient actuellement à ce sujet. Le Défi Aquitaine Climat a été adopté en décembre 2011 et le Schéma régional climat air énergie en novembre 2012. Parmi les objectifs fixés : doubler la production d'énergies renouvelables et réduire de 28,5 % les consommations énergétiques finales d'ici à 2020. Des objectifs qui ne seront pas sans conséquence pour les entreprises.




« Réalité à laquelle il faut se préparer »

Le Ceser (Conseil économique, social et environnemental régional) Aquitaine a rendu fin 2012 un rapport sur les filières productives liées à l'énergie. Pour le rapporteur de ce texte, Pierre Delfaud, « la transition énergétique est à la fois une menace et une opportunité pour les entreprises. Une menace car cela induit une hausse de la facture. Une opportunité si elles profitent du développement du marché des énergies renouvelables. Mais dans tous les cas l'épuisement des ressources fossiles est une réalité à laquelle il faut se préparer ».




Télétravail, photovoltaïque ou bâti






ments à énergie positive

Pour que les entreprises améliorent leur bilan carbone, plusieurs mesures sont mises en place par la Région. « 50 % des entreprises aquitaines sont prêtes à tester le télétravail d'ici à 2015, déclare Peggy Kançal, conseillère régionale déléguée au Plan climat. Quinze territoires ruraux ont été sélectionnés pour la mise en place de tiers lieux, où les salariés peuvent disposer d'un espace de travail à côté de chez eux ». Autre piste développée par le conseil régional : la création d'une plateforme de certification sur les bâtiments à énergie positive. 40 PME régionales se sont déjà montrées intéressées pour venir tester leurs produits. « Elles cherchent les conditions d'assurabilité et de garantie pour développer leur projet », précise Peggy Kançal. Troisième exemple de soutien aux entreprises pour encourager la transition énergétique : l'appel à projets photovoltaïque 2013. Une enveloppe de 2 M€ est prévue pour subventionner les projets en toiture sur les bâtiments tertiaires, agricoles ou industriels. À la Région, on met surtout en avant la politique incitative menée par la collectivité. Mais compte tenu des objectifs très ambitieux qui sont affichés, certains doutent que cela suffira à obtenir les résultats souhaités.






10.000 emplois en Aquitaine

On estime que 10.000 salariés en Aquitaine travaillent dans la filière production d'énergie. Parmi les entreprises, on compte quatre poids lourds (EDF, GDF, Veolia et Total) et plusieurs PME (Fonroche, Solarezo, Exosun, Valorem...). Pour toutes les sociétés qui produisent des énergies nouvelles, la dépendance à la politique régionale ou étatique demeure fondamentale. « Tous sont liés au prix de rachat de l'électricité, explique Pierre Delfaud. Il n'y a aucune compétitivité/prix aujourd'hui. L'opérateur public, c'est-à-dire EDF, rachète au "surprix". Et nous le payons tous sur notre facture d'électricité ». Le bonheur subventionné des uns va-t-il entraîner le malheur financier des autres ? Beaucoup se gardent d'avancer une estimation sur les hausses de tarif à attendre dans les prochaines années. « Ce qui est certain, avance tout de même Antoine Cuerq, délégué régional EDF, c'est que plus la transition est rapide, plus cela coûte cher ».




Pas la priorité pour l'UIMM

Celui-ci tient à rappeler quelques réalités économiques : « Plus de 80 % de notre déficit commercial est lié à l'importation d'énergie. Attention à ne pas creuser davantage notre balance commerciale. Le débat sur la transition énergétique doit se faire au profit des industries françaises. Et attention à ne pas tout mélanger. Il faut penser avant tout bilan CO2. Or, en France, l'électricité est à 95 % décarbonée. Notre pays est déjà beaucoup plus vertueux que les autres ». Les industriels, qui pèsent pour 27 % de la consommation d'énergie en Aquitaine, sont-ils prêts à affronter le défi de la transition énergétique ? Hors sujet, déclare en substance François Courtot, président de l'UIMM Gironde-Landes. « À l'heure où l'industrie française connaît une crise sans précédent, le débat sur la transition énergétique n'est pas le souci du jour ». www.tierslieux.net les-aides.aquitaine.fr/article590.html

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