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Tacthys assure sa croissance organique
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Tacthys assure sa croissance organique

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Née en 2003 au technopôle de Brest, la start-up spécialisée dans l’informatique Cervval a réussi à se développer sans jamais lever des fonds. Devenue une société en plein essor, elle fait désormais partie intégrante du groupe Tacthys créé en 2013, qui rassemble également deux nouvelles start-up : E-Medys et Leo Veridis. Elles aussi ont un fort potentiel dans le domaine de la santé et des biotechs.

Pierre-Armand Thomas, président de Tacthys et Pierre-Antoine Béal, directeur général — Photo : Isabelle Jaffré

Le groupe Tacthys, qui regroupe les sociétés Cervval (45 salariés, 5 M€ de CA), E-medys (4 salariés, 236 K€ de CA) et Leo Veridis (2 salariés, 50 K€ de CA), voit plus grand. En forte croissance depuis deux ans (+30 % à 40 % par an), le groupe a investi progressivement 2,5 millions d’euros pour un nouveau siège, au technopôle à Plouzané, près de Brest. Un premier bâtiment de 715 m² avait été livré juste avant la crise du Covid. En 2022, la construction du deuxième bâtiment de 603 m² avait débuté. Enfin, un laboratoire de 120 m² a été livré pour la filiale Leo Veridis en 2023.

Spécialisé dans l’innovation sous différentes formes (jumeaux numériques, planificateurs 4D ou 5D, télésurveillance santé, biotechnologies…), Tacthys prépare ainsi l’avenir. Six embauches sont d’ores et déjà prévues d’ici fin 2023. "Le bâtiment a une capacité de 85 salariés", précise le directeur général, Pierre-Antoine Béal.

Croissance sans levée de fonds

Le groupe prépare l’accélération de son développement, fruit d’un travail de plus vingt ans dans l’innovation. "Notre spécificité est de n’avoir jamais levé de fonds et d’être toujours là", souligne Pierre-Armand Thomas, président de Tacthys, actionnaire cofondateur de Cervval et ancien de Technip, entreprise française d’ingénierie et de la construction pour l’industrie de l’énergie (pétrole, gaz, éolien).

Ainsi, la start-up Cervval a été créée en 2003 par l’association de chercheurs de l’école d’ingénieur Enib et du Cern et d’ingénieurs industriels. "Notre croissance a été lente au départ car nous voulions nous appuyer sur une croissance organique. L’investissement pour le siège est notre première et seule dette bancaire. Elle est acceptable car il y a un bâtiment en face de la ligne comptable", insiste Pierre-Armand Thomas.

Tacthys a inauguré en juin 2023 son nouveau siège de Plouzané — Photo : Isabelle Jaffré

Pari réussi pour Cervval qui pèse désormais 5 millions d’euros de chiffre d’affaires et est rentable. Spécialiste de la planification intelligente (4D, 5D, multicritères) et des jumeaux numériques, la start-up est surtout reconnue comme un acteur de pointe sur ces technologies. "Nous avons dû commencer par faire beaucoup d’évangélisation. Rien que le terme jumeau numérique n’existait pas quand nous avons débuté", se souvient Pierre-Antoine Béal.

Tournant des licences

Avant la crise du Covid, de nombreuses entreprises avaient en effet du mal à voir l’intérêt de tests numériques à la place de tests réels. "Notre premier contrat date pourtant de 2007, pour un navire qui installait des tuyaux au fond de la mer. Si les responsables à bord étaient dubitatifs au départ, leur vision a changé en voyant les économies de temps, de risques, de coûts…, raconte le président. Aujourd’hui, nos partenaires industriels voient bien les avantages de notre expertise." Cervval travaille ainsi pour Technip, Total ou encore Naval Group avec leur produit Digitwin.

L’autre produit phare de Cervval est la planification. RATP Dev, Brittany Ferries, Chantiers de l’Atlantique font partie des clients de leur service Zurvan. "Nous pouvons faire de la planification avec de très nombreux critères complexes comme la réglementation, le coût, les risques, etc. Cela fonctionne pour un réseau de transport, de la maintenance, un planning de salariés, de la construction de navires… ", liste le directeur général. Si Cervval préfère travailler sur-mesure, l’entreprise a décidé de lancer quelques offres en licences. "Nous prenons ce tournant depuis juin 2023 avec le logiciel Spacialytic de planification 4D, indique le dirigeant. Le passage en licence ne sera pas systématique mais c’est possible avec certaines briques technologiques."

Des partenaires industriels

Cette croissance organique a permis à Cervval de poursuivre ses innovations. "Nos innovations ont de nombreuses applications mais nous avons des moyens limités, il faut choisir", soutient Pierre-Armand Thomas. Le groupe s’appuie donc systématiquement sur des partenaires industriels pour partager les investissements et les risques. Un projet d’éolienne est par exemple en attente suite au retrait de leur partenaire au moment du Covid.

Cervval développe des jumeaux numériques pour l’industrie — Photo : Cervval.

Face aux nombreuses applications, les actionnaires de Cervval ont créé en 2013 Tachthys, une maison mère pour accueillir des filiales. La première, E-Medys, est née en 2017 dans le domaine de la santé. Là encore, pas de levée de fonds mais une réussite à la clé. "La société a trouvé l’équilibre cette année", se félicite le président de Tachthys.

Spécialisée dans la santé, E-Medys développe des solutions pour l’aide à la prise en charge de pathologies complexes, comme le diabète. Ces outils vont de la solution de télémédecine et de collecte de données, jusqu’au "serious game" en réalité virtuelle pour la formation des professionnels de santé, en passant par l’intelligence artificielle et la simulation pour la prévention et l’aide au diagnostic. "Nous terminons actuellement une expérimentation auprès de la Cnam pour le suivi du diabète gestationnel avec notre application Candiss", explique Pierre-Antoine Béal. Grâce à son algorithme, celle-ci propose une approche multidisciplinaire pour mettre en relation la patiente et les différents acteurs de son suivi : sage-femme, endocrinologue, gynécologue, etc.

Plusieurs brevets

E-Medys travaille aussi avec un cardiologue sur le projet TakeCoeur pour la télésurveillance de l’insuffisance cardiaque. "Notre ADN, c’est cela, l’association entre la recherche et les métiers. Nous n’avons pas que des ingénieurs informatiques dans nos sociétés. Connaître les métiers est très important", insiste le président de Tacthys.

La dernière filiale de Tacthys date de 2019. Leo Veridis, spécialisée dans les biotechnologies, n’est pas encore à l’équilibre, mais présente un fort potentiel. Le laboratoire de 120 m² attenant au siège a été construit spécialement pour la société. Un brevet a été déposé pour un produit biocide qui remplace les antibiotiques. "Il a été testé avec succès sur des tuyaux industriels pour empêcher les dégâts occasionnés par des bactéries", indiquent les dirigeants. Leo Veridis mise sur une commercialisation dès 2024 pour atteindre l’équilibre budgétaire.

Pour l’avenir, Tacthys mise sur tous ses projets. Le groupe et ses filiales détiennent en tout déjà six brevets, du stockage d’énergie à la récupération de déchets en mer. "Nous avons 1 000 idées, déclare le directeur général. Mais nous essayons de trouver le bon partenaire industriel à chaque fois. Même si cela prend du temps."

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