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Start-up : l'envers du décor du financement
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Start-up : l'envers du décor du financement

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En 2016, l’Insee avançait le chiffre de 90 % de start-up ne passant pas le seuil des cinq ans. Peu encourageant… et réducteur. Passés le stade de l’amorçage, les ratios changent et les vraies potentialités émergent. Tour d’horizon de ces start-up du Morbihan, des entreprises comme les autres, à l’heure de « l’épreuve de force ».

Photo : DR

Avec leurs toboggans, piscines à balles, baby-foot, et leurs levées de fonds qui affolent les compteurs, les start-up ne laissent pas indifférents investisseurs et jeunes diplômés. La médaille a parfois ses revers. Benjamin Zimmer, le directeur de la Silver Alliance, auteur d’« Arrêtons la mascarade avec les start-up », dénonce ainsi les dérives de leurs financements et la nécessité d’avoir des indicateurs de performance. Mais qu’est-ce qu’une start-up au final ? Littéralement une jeune pousse, mais on parle rarement de start-up lors de l’ouverture d’une nouvelle boulangerie. La start-up se distingue par une innovation technologique, par des besoins de financement importants et par un gros potentiel de développement économique.

« On oublie souvent qu’une start-up, c’est avant tout une entreprise comme une autre », rappelle Vincent Vandenbroucke, l’un des fondateurs de Chipili, l’entreprise vannetaise spécialisée dans le spectacle à domicile. Présente en France et en Inde sur un créneau « peu disputé sur nos territoires », la jeune pousse, créée en 2016 au grenier numérique de La Gacilly, a toutefois stoppé l’aventure « en France mais pas en Inde où, au contraire, tout se passe pour le mieux avec l’entrée de l’une des plus grosses agences d’événementiel au capital ». Après avoir tenté une levée de fonds auprès d’investisseurs privés en France, les créateurs ont préféré jeter l’éponge « jugeant leur besoin de financement important et pour ne pas se retrouver dépossédé du concept ».

Vers l’épreuve de force

Autre créneau et autre destin pour Efelya. Lancée début 2018, la start-up vannetaise repose sur une solide association de compétences. Sage-femme échographiste, Florine Duplessis est spécialisée dans les grossesses pathologiques et développe une plateforme d’assistance médicale à distance, destinées aux femmes isolées dans le monde. Efelya sera au prochain CES de Las Vegas. Florine Duplessis s’est entourée, en famille, d’un ingénieur en algorithmie et d’un responsable en stratégie opérationnelle, et s’appuie sur des développeurs, un avocat en e-santé et un médecin de recherches en externe. « Nous sommes sur nos fonds propres. Nous envisageons une levée de fonds début 2019. » Efelya a eu la bonne idée de nouer un partenariat avec Zéro Mothers Die, un porteur de projet plus complémentaire que concurrent : cette fondation développe des recommandations et une assistance par SMS.

Fondé en 2017 à Lorient, TalkTalkBnB est à un stade intermédiaire. Pas encore rentable mais en fin de développement, la start-up a structuré une communauté de 43 000 inscrits dans 160 pays grâce à sa couverture médiatique : « Nous proposons de la mise en relation entre hôtes et voyageurs en quête d’immersion. Nous avons eu une super presse en Amérique du Sud, Espagne, Italie », constate Hubert Laurent. TalktalkBnB n’a pas levé de fonds mais obtenu le soutien de la Région : « Nous mettons en place un paywall et ciblons les cercles d’entreprises. Nous avons rencontré Cisco (70 000 salariés). Ils nous ont confié que nous faisons ce qu’ils souhaitent faire, mais les grands groupes ont des processus longs et peuvent décider de se lancer en interne. À nous de convaincre ! »

Premiers marchés

Parfois les premiers pas et marchés ciblés ne sont pas au rendez-vous. C’est l’expérience vécue par Acomodo. La société lorientaise s’est positionnée sur le créneau du mobilier pour seniors. Avec aujourd’hui, 5 salariés, un tempo de deux à trois recrutements par an pour les deux ou trois prochaines années associés à l’atteinte du point d’équilibre, les vents sont plutôt porteurs. Erwan Taulois, créateur de l’entreprise avec Françoise Roué, reconnaît que le chemin n’a pas été simple. « Nous avons trouvé le bon modèle économique fin 2016. » Exit les ustensiles et objets facilitants le quotidien des seniors et recentrage sur le mobilier. » Les dirigeants continuent à vendre sur leur site internet, en B to B via un réseau de 150 magasins revendeurs et dans leur showroom.

De start-up à "scale-up"

Et puis, il y a aussi les révélations… proches du "one shot". Créé début 2017 à Sarzeau, le bureau d’études et manufacture Nodus Factory (connecteurs textiles pour l’accastillage et l’industrie) est ainsi en avance sur son prévisionnel. La levée de fonds réalisée au printemps auprès de Proximea devait permettre de créer trois postes ; six mois après, la start-up en a créé sept ! Nodus Factory a fait entrer une Adapei au capital. « C’était notre volonté de travailler avec le monde du handicap. Cela permet aussi de restaurer le secret industriel, en relocalisant. Nous avons levé des fonds et fait entrer des partenaires pour préserver une certaine indépendance dans la gouvernance. » Le créateur, Yves Laurant, a été conseillé dès le départ par des spécialistes en propriété intellectuelle et en management comme l’ex-PDG de Rova et un manager de Caterpillar. Bien s’entourer, c’est la clé. Toutes ces start-up ont un point commun : elles entendent bien faire mentir Benjamin Zimmer.

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