Sous-traitant fabricant de cartes et d’ensembles électroniques complexes en petites et moyennes séries, implantée à Vire depuis 1973, Seprolec affiche une croissance de 20 % par an depuis 2019. Une croissance qui persiste depuis la reprise de l’entreprise normande, le 5 septembre 2022 par Philippe Masselin, ancien directeur industriel chez Thales Alenia Space. "Nous avons enregistré 39 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, et nous investissons en moyenne un million d’euros chaque année. Nous venons de passer un cap en termes de dimension. Si nous voulons poursuivre notre croissance dans la sérénité, nous devons monter en compétence sur tous les postes, investir dans de nouveaux systèmes de production et structurer notre organisation", assure Philippe Masselin, PDG de l’entreprise.
Devenir autonome en énergie électrique
Pour répondre à cette croissance continue, Seprolec, qui emploie 170 salariés sur son site normand, s’est d’abord attelé à aménager son usine de Vire courant 2022 : l’entreprise a investi 2,3 millions d’euros dans une extension de 1 000 m² pour arriver à une surface de plus de 11 000 m² au total, assortie d’une 4e ligne CMS (Composant Monté en Surface - technique de fabrication des cartes électroniques) automatisée, dotée de moyens techniques de toute dernière génération. "Au final, nous avons pour projet d’arriver à six lignes CMS pour doubler notre capacité de production" ajoute le PDG. Le nouveau bâtiment intègre une démarche environnementale visant à diminuer de 40 % sa consommation d’énergie : après le passage de l’ensemble de l’éclairage en LEDs réalisé fin janvier 2023, Seprolec a planifié la mise en place d’un système de chauffage réversible à géothermie durant l’été 2023. "Ces aménagements s’inscrivent dans une vraie volonté stratégique en faveur du développement durable. Notre ancien bâtiment est équipé d’un système de chauffage électrique qui consomme beaucoup d’énergie. D’ici l’hiver prochain, il devrait être remplacé par un système d’aérothermie (système de récupération par une pompe à chaleur des calories contenues dans l’air ambiant)", confirme le PDG qui veut même aller plus loin et rendre complètement autonome le site normand : "Le chantier est planifié pour 2024 et porte sur la couverture des zones de parking par des ombrières photovoltaïques afin de rendre le site autonome en énergie électrique, ce qui nous permettrait de chauffer le bâtiment et d’alimenter le parc machines en énergie. L’usine fonctionnerait ainsi complètement au solaire…"
Mise en place d’un atelier de prototypage
À l’extension "physique" des bâtiments s’ajoute une restructuration de l’organisation, via la création d’une direction technique mettant en avant la co-ingénierie. "Jusqu’à présent, nous récupérions le dossier de notre client pour fabriquer le produit dans notre usine. Aujourd’hui, nous voulons aller plus loin et amener le savoir-faire industriel directement chez le client. Il s’agit de remonter en amont de la chaîne de valeur pour guider le client pas à pas dès la conception du produit", explique Philippe Masselin. Concrètement, l’entreprise va mettre en place, dès le mois de juin, un atelier de réalisation de prototypes dédié aux clients : "Cette organisation permettra de prendre en compte les exigences industrielles directement au moment du design de la pièce pour démarrer les pré-séries et les séries avec un minimum d’aléas. Résultat : une mise au point plus rapide du produit à fabriquer et une mise sur le marché accélérée. "Un atout non négligeable notamment pour les produits destinés à des environnements extrêmes très exigeants en termes de qualité (nucléaire, aérospatial…) Trois personnes ont été recrutées pour compléter cette équipe technique et près de 100 000 euros ont été investis dans de nouveaux outils de simulation informatique.
Améliorer les flux de production
Par ailleurs, l’entreprise a lancé début 2023, une démarche de Lean Manufacturing 4.0 pour augmenter le niveau de maturité et de performance de l’ensemble de son dispositif de production. "Avec la montée en puissance de nos quatre lignes de production, nous devons nous attaquer à toutes les pertes d’efficacité, c’est-à-dire tous les dérèglements qui peuvent exister dans un dispositif industriel : les déplacements excessifs, la non-qualité, les sur-stocks, les temps d’attente, les pertes en ressources humaines, les surproductions, les opérations superflues… Comme nous fabriquons en petites et moyennes séries, il faut faire en sorte que le temps de chargement d’une machine soit le plus court possible, lorsque l’on passe d’un produit à l’autre. L’objectif, via notamment la mise en place de nouveaux outils informatiques permettant l’automatisation de processus, est d’améliorer les flux de productions pour créer davantage de valeur en éliminant les gaspillages et en optimisant la production", détaille Philippe Masselin, qui a demandé au cabinet de conseil nantais EliteOrga de l’assister dans l’amélioration des performances de l’entreprise et la mise en œuvre des plans de transformation.
Toucher de nouveaux marchés
En 2023, le plan de production de Seprolec affiche à nouveau une perspective de croissance grâce au dynamisme des activités de défense et d’aéronautique, ses principaux clients, mais aussi grâce à l’élargissement de son portefeuille clients. Le secteur médical, qui représentait jusqu’à présent 6 à 7 % de son activité, est en effet, en train de décoller, notamment grâce au développement des systèmes d’imagerie et des monitorings. Autre secteur en plein développement dont Seprolec devrait bientôt bénéficier, le domaine spatial et du "New Space" (industrie spatiale d’initiative privée). "Nous venons de gagner un marché à horizon 2024", reconnaît le PDG qui ne souhaite pas, pour des raisons de confidentialité, dévoiler le nom de son nouveau client. Une certitude : en 2024, les cartes électroniques de Seprolec devraient voler autour de la Terre.
