Depuis sa création en 1984, la filiale française du groupe néerlandais Rijk Zwaan (3 900 salariés, CA 2022 : 600 M€) a peu à peu étendu sur plus de 60 hectares, à Aramon (Gard), ses surfaces dédiées à la sélection et à la production de semences potagères. Figurant parmi les trois centres de recherche mondiaux de la société, Rijk Zwaan France (CA 2022 : 36,2 M€) emploie 140 collaborateurs, dont 70 % travaillent en R & D. Elle mobilise un investissement de 4,5 millions d’euros pour étendre à nouveau ses capacités de culture sous abris (9 ha à ce jour).
Un effort continu de recherche
L’opération porte d’abord sur la construction de nouvelles serres sur une surface de 11 000 m2. Livrable cet automne, l’infrastructure permettra à l’entreprise de poursuivre ses sept programmes de recherche (carotte, laitue, chicorée, melon, chou-fleur, concombre, tomate). "Il s’agit d’améliorer notre productivité, mais l’augmentation des surfaces nous permet aussi d’éviter la fatigue des sols, en pratiquant des rotations culturales", explique Christian Vignaud, l’un des trois directeurs de Rijk Zwaan France avec Bruno André et Jérôme Brun. L’investissement permettra aussi de créer un nouveau bâtiment pour ses équipes de recherche, et d’agrandir ses deux laboratoires en pathologies végétales et biologie cellulaire.
Cet effort financier pour la recherche conditionne l’activité de Rijk Zwaan France. L’entreprise affiche 1 500 variétés végétales en catalogue, et doit en renouveler de 300 à 400 périodiquement en raison du turn-over végétal évoqué par Christian Vignaud. Or, un programme de recherche réclame du temps, puisqu’une variété nouvellement créée ne va dégager des revenus qu’au bout de quinze ans. "Après cette phase de recherche, la variété n’aura que quatre à six ans d’espérance de vie commerciale, car c’est un produit vivant et les pathogènes évoluent sans cesse", souligne Bruno André. Au cours de ces cycles de recherche incessants, Rijk Zwaan France a par exemple développé une variété d’aubergine récompensée lors du salon professionnel Sival 2022 : dépourvue de poils sur les feuilles et les tiges, elle limite les irritations et facilite donc la culture de cette plante.
Une forte culture d’entreprise
Après la création d’une nouvelle variété, Rijk Zwaan France la teste auprès des professionnels pour vérifier qu’elle correspond aux attentes du marché. Si oui, elle en produit une partie en lien avec des agriculteurs partenaires. Ceux-ci lui livrent les fruits, et l’entreprise réalise l’extraction pour les semences. Toutes les graines produites sont expédiées à la maison mère pour les contrôles de pureté variétale, le calibrage, et l’expédition dans le monde entier. "Nous ne créons que nos propres variétés, à destination du marché professionnel uniquement", poursuit Bruno André. Une équipe de 32 commerciaux ciblent ainsi plusieurs maillons de la filière (producteurs, marchés, coopératives, etc.), ainsi que les grossistes et les distributeurs. Rijk Zwaan France se classe à ce jour au troisième rang national sur le marché des semences potagères.
Le site de Rijk Zwaan France étant situé en zone inondable, l’opération en cours a nécessité de travailler en symbiose avec la Ville d’Aramon et la Préfecture du Gard. Ainsi, les futures serres seront levables et construites en verre cassable pour laisser passer l’eau en cas d’inondation. "Tout ce que nous réalisons est fait dans un souci de préservation des sols", souligne Bruno André, qui insiste sur la forte culture d’entreprise au sein du groupe. Rijk Zwaan est une société familiale qui a atteint le 4e rang mondial du secteur sans jamais entrer en Bourse. Trois familles contrôlent 90 % du capital, et les salariés les 10 % restants. "Les piliers de notre culture d’entreprise sont la fiabilité, l’esprit entrepreneurial et l’éthique professionnelle", conclut Bruno André. Le groupe, qui fêtera ses 100 ans en 2024, entend rester fidèle à ses valeurs, jusque dans ses ramifications gardoises.
