Afin de dépasser ses problèmes récurrents de recrutement sur des métiers clés comme chaudronnier, soudeur ou encore tuyauteur, le chantier naval Piriou basé à Concarneau dans le Finistère (700 salariés en France, près de 300 M€ de CA en 2022) a décidé de revoir complètement ses méthodes. “Nous avons fait appel à Pôle emploi qui nous a proposé la méthode de recrutement par simulation (MRS)”, explique Alain Le Berre, directeur général de Piriou. "C’est une méthode qui existe depuis de nombreuses années mais que nous faisons évoluer et que nous adaptons aux entreprises qui nous sollicitent", ajoute Frédéric Sévignon, directeur régional Pôle emploi Bretagne.
24 recrutements sur 94 candidats
À l’occasion de la semaine des métiers du maritime et du fluvial qui s’est déroulée fin mars, le chantier naval expliquait le déroulé des sessions. "Les équipes de Pôle emploi ont conçu des exercices permettant d’identifier chez les candidats, non pas des compétences, mais des habilités : se repérer dans l’espace, la dextérité, etc., relate Dominique Kervern, directeur des ressources humaines de Piriou. Tout fonctionne par analogie. Un exercice consiste, par exemple, à tracer des traits dans une boîte. Cela permet de tester la capacité à être soudeur." Pour situer les candidats, "un étalonnage a été fait avec nos salariés sur ces mêmes exercices pour évaluer le temps et la note minimaux."
"À l’automne 2022, 94 candidats ont passé ces tests, poursuit le DRH. Une cinquantaine a été retenue pour des entretiens de motivation, toujours sans CV. Depuis, 24 ont intégré le chantier en contrat de professionnalisation d’un an. Cette alternance avec treize semaines en entreprise leur permet de décrocher un titre professionnel, et si tout se passe bien, un CDI à la fin."
"Cette méthode nous permet de compléter notre recrutement. Nous avons, comme beaucoup d’entreprises, du mal à recruter. Nous utilisons l’intérim, le réseau local mais ces sources de main-d’œuvre se sont taries, note le directeur général. L’idée de notre équipe RH avec Pôle emploi a été de faire appel à la MRS. Ces mises en situation permettent de détecter des personnes qui ont des qualités qui nous intéressent : respect des normes, habilités, travail en équipes, etc. Cela nous apporte aussi un public qui n’aurait pas forcément osé candidater chez nous autrement. Ils ont aussi des parcours plus variés : nous avons pris des jeunes mais aussi des personnes en reconversion."
Salariés motivés et curieux
La méthode demande aussi un engagement du côté des entreprises. "Il a fallu prendre le temps de définir les exercices. La difficulté était de trouver ceux ayant des points communs avec nos différents métiers afin de regrouper les sessions de recrutement, indique Dominique Kervern. Il faut ensuite former les candidats que nous avons sélectionnés pour qu’ils passent le titre professionnel. Ils disposent chez nous d’un tuteur. La Région joue aussi un rôle important sur le financement des formations pour la partie théorique."
Pour Piriou, le résultat est très positif : "Cela se passe très bien, souligne explique Alain Le Berre. La hiérarchie de ces nouveaux embauchés via la MRS est très contente. Nous avons des salariés motivés et curieux d’un environnement qu’ils ne connaissent pas."
