Loire
Obut sanctionnée par l’Autorité de la concurrence
Loire # Tourisme # Sport

Obut sanctionnée par l’Autorité de la concurrence

S'abonner

La PME de Saint-Bonnet-le-Château (100 salariés ; CA 2016 : 16 millions d’euros), mondialement connue pour ses boules de pétanque, a été épinglée par l’Autorité de la concurrence. Elle va devoir payer une amende de 320 000 euros à l’Etat. Romain Souvignet, son dirigeant, évoque des maladresses.

— Photo : Le Journal des Entreprises

L’Autorité de la concurrence a rendu l’information publique ce vendredi 10 février et annonce dans un communiqué : « L'Autorité a sanctionné le leader français de la boule de pétanque pour avoir abusé de sa position dominante en imposant une politique tarifaire à certains de ses distributeurs. De mai 2009 à mi 2016, les revendeurs des boules de pétanque Obut ont également fait l'objet de menaces ou mesures de rétorsion de la part d'Obut. ».

Elle précise : «Obut, contraignait les revendeurs (grandes enseignes spécialisées, commerçants indépendants, sites internet) à respecter ses prix catalogue sous peine de représailles commerciales (retards de livraison, blocages de commandes, déréférencement). La politique d'uniformisation tarifaire exercée par Obut, opérateur en position dominante, a eu pour effet d'empêcher que ses propres points de vente ne soient concurrencés en prix par les revendeurs. Ces derniers n'ont pas pu, pour dynamiser leurs ventes, proposer des prix moins chers. Les consommateurs ont, quant à eux, été privés de la concurrence tarifaire entre ces revendeurs ».

Une amende de 320 000 euros

Exposée à une lourde sanction, Obut a préféré solliciter le bénéfice de la procédure de transaction qui permet à une entreprise renonçant à contester les faits de se voir proposer une transaction financière. L'Autorité a ainsi prononcé une amende de 320 000 euros. Elle explique avoir « notamment tenu compte de la mise en place par la société d'un programme de conformité (formations du personnel au droit de la concurrence, rapport annuel remis à l'Autorité faisant état des mesures prises dans ce domaine..) destiné à prévenir toute réitération des pratiques ».

Le montant de l’amende est élevé au regard de la taille de la société et de son résultat, 800 000 euros avant impôt, mais finalement plutôt clémente. « La fourchette de transaction était de 320 000 euros à 360.000 euros. Ils ont retenu la fourchette basse. Probablement parce qu’ils ont bien compris que nous n’étions pas des truands » explique Romain Souvignet , fils de l’actuel dirigeant Pierre Souvignet.

« Nous ne sommes pas des truands »

Romain Souvignet est néanmoins amer. Et en colère contre la communication, « à charge » dit-il, menée contre son entreprise depuis la publication de cette annonce par l’Autorité de la concurrence. « Je lis depuis ce matin des articles nous faisant apparaître comme des voleurs. Je n’ai même pas eu d’appel de journalistes ! Tout est à charge ! ». Et d’insister : « nous ne sommes pas une grande multinationale qui pratique une entente illégale sur les prix ! il s’agit simplement de maladresses. Nous sommes une PME familiale, nous n’avons pas de service juridique interne ».

Le jeune dirigeant explique : « Nous avons été confrontés à un problème avec quelques distributeurs qui pratiquaient des prix extrêmement bas et empêchaient les distributeurs d’une région entière de fonctionner correctement. Ces derniers nous ont demandé d’intervenir, sous peine de ne plus travailler avec nous. Nous avons essayé de faire ce que nous pouvions pour calmer les ardeurs des uns et des autres. Nous avons commis des maladresses, c’est vrai, mais ce n’était pas intentionnel ! Nous ne pensions pas être dans l’illégalité en demandant à nos revendeurs de respecter les prix pratiqués sur le marché».

Romain Souvignet dément formellement avoir voulu protéger ses propres points de vente : « Nous avons trois points de vente à nous, et 1 631 distributeurs. C’est ridicule ! ». Il dément également les accusations de Décathlon. Ce dernier s’est plaint à l’Autorité de la concurrence d’avoir été privé de la vente de produits haut-de-gamme Obut en raison de son refus d’appliquer les tarifs demandés par la PME de Saint-Bonnet le Château. « C’est faux ! Nous ne voulons pas faire distribuer nos produits haut-de-gamme par ce canal car il faut un service et un conseil appropriés autour ».

Exposée à une lourde sanction, Obut a préféré reconnaitre les faits et entrer dans une démarche amiable. Si la sanction aurait pu être beaucoup plus lourde, elle représente tout de même un coup rude pour le jeune entrepreneur, en passe de reprendre l’entreprise familiale. « Nous sommes en phase d’investissement, l’Etat nous casse les pattes… »

Loire # Tourisme # Sport # Juridique