Selon le rapport sur l’état de l’industrie nucléaire mondiale 2023, le nucléaire ne pesait plus que 9,2 % dans le mix électrique mondial en 2022, le niveau le plus bas depuis 40 ans. La Normandie semble prendre le chemin inverse…
Effectivement, la Normandie est une région stratégique pour la filière nucléaire puisqu’elle représente 11 % de la production nucléaire nationale. Elle compte huit réacteurs nucléaires en fonctionnement sur son territoire, plus l’EPR de Flamanville et le site d’Orano La Hague, le plus grand site français dédié au recyclage et à la valorisation des déchets nucléaires. Le lancement du nouveau programme EPR 2 et les travaux Grand Carénage, qui permettront d’allonger le site de production des huit centrales, vont booster encore davantage cette dynamique.
Le site de Penly a été choisi pour la construction d’une paire de réacteurs nucléaires nouvelle génération en France : pourquoi ce choix géographique ?
Cet emplacement est stratégique, car le nouvel EPR 2 sera construit sur une installation nucléaire de base existante (INB). Lors de la création du site de Penly, nous avions déjà prévu de faire quatre tranches, donc l’espace foncier existe déjà pour les deux nouvelles tranches : toutes les infrastructures nécessaires à l’INB sont déjà présentes, ainsi que les routes d’accès et le système de protection du site. Par ailleurs, accueillant déjà un EPR, le territoire normand, la population et les collectivités voisines, ont déjà l’expérience du nucléaire, ce qui facilite les démarches.
En quoi ces projets sont-ils bons pour l’économie normande ?
Ces projets sont plus que fertiles pour former les compétences de demain sur des marchés et des métiers bien spécifiques. C’est un cercle vertueux : les ressources formées localement vont elles-mêmes attirer des entreprises. Nous attendons des pics de 7 000 à 10 000 salariés sur les chantiers des EPR, des salariés qui devront être logés pendant le temps des travaux. Il y a tout un équilibre à trouver avec le caractère touristique propre au secteur de Dieppe-Penly : des études seront menées pour trouver la meilleure revalorisation possible des infrastructures après la fin des chantiers. Globalement, on estime que 1,5 milliard d’euros par an seront investis sur le territoire normand pour les EPR 2 et Orano La Hague.
Certains sous-traitants du nucléaire ont déjà lancé des investissements en prévision du travail à venir dans la filière nucléaire, sans pour autant avoir des commandes fermes. N’est-ce pas risqué ?
Non, car les métiers du nucléaire sont déjà en grande tension et nous avons deux grands programmes qui démarrent simultanément : les EPR 2 nouvelle génération et le Grand Carénage. Rien que la maintenance du parc existant va demander plus de ressources humaines que la création des nouveaux EPR. Par ailleurs, les métiers du nucléaire sont tellement pointus, que le plus gros défi pour les entreprises ne sera pas d’avoir des contrats mais de former de nouvelles compétences. Les personnes qui seront employées sur ces projets sont aujourd’hui en classe de CM2 ! L’enjeu est donc d’intéresser l’actuelle génération d’enfants. Nous avons donc engagé un effort collectif de pédagogie, que ce soit au niveau des grands donneurs d’ordre, des prestataires et sous-traitants, mais aussi les acteurs de l’emploi et l’Éducation Nationale.
