Depuis leur fief de Laval, les dirigeants de MCT ont élaboré un nouveau concept de data center plus "eco-friendly" car moins énergivore. Plus besoin de monter une salle climatisée pour éviter la surchauffe. En sachant que la climatisation peut représenter 20 à 30 % de la facture d’électricité globale d’un site. Pour refroidir les serveurs informatiques, la PME les plonge directement dans un bain d’huile biodégradable et non inflammable, à l’intérieur d’un coffre métallique. Et trempe littéralement les cartes mères et cartes graphiques dans le liquide. Exit ainsi la clim. " En plus de cela, on peut récupérer 90 % de l’énergie dépensée pour le calcul informatique et le stockage des données. En captant la chaleur émise par le data center… ", annonce Nicolas Boulinguiez. Via un échangeur à plaques, cette chaleur vient chauffer un circuit d’eau, pouvant alimenter en hiver les habitations d’un quartier voisin, d’un bâtiment tertiaire, d’une piscine, etc.
Livraisons à partir de 2022
Après avoir déjà réalisé une version prototype, MCT prévoit "une première livraison début 2022", indique son cogérant Sébastien Pottier. Quid des concurrents ? "Pour l’instant, il n’en existe qu’une poignée en Europe, en Espagne et en Suisse notamment", répond l’entrepreneur. Le modèle s’appellera "Yperion", du nom de la société sœur de MCT qui porte la R & D et la commercialisation du projet. Un projet qui "cumule plusieurs technologies existantes" dans lequel "environ 400 000 € ont déjà été investis", indique Nicolas Boulinguiez.
Question clientèle, l’offre ciblera d’un côté ceux qui stockent leurs données dans le cloud, de l’autre les collectivités, les industriels et autres professionnels qui désirent récupérer la chaleur du data center. Avec des ambitions en France, voire à l’international. "Pourquoi ne pas cibler l’Afrique ? Même si l’on ne vend pas de chauffage, confie Sébastien Pottier. Il est possible de baisser la température du liquide utilisé pour le refroidissement, en le faisant circuler dans un conduit à l’extérieur du bâtiment, avant de le rediriger vers les serveurs." En sachant que ces serveurs peuvent tourner à plus de 40 degrés.
40 à 50 créations d’emplois prévues
De quoi étendre le marché de la holding "Numains", qui chapeaute MCT et Yperion à Laval, mais aussi Delta BZH à Vannes (Morbihan), société issue d’une croissance externe.
Toutes trois exerçant sur le grand Ouest, à travers trois métiers : comme spécialiste de l’infogérance, hébergeur et opérateur téléphonique. Des sociétés qui pilotent actuellement trois data centers en propre.
En plein essor, Numains voit son carnet de commandes grossir d’année en année. "Depuis nos débuts il y a environ 10 ans, nous enregistrons 20 % à 30 % de croissance annuelle", souligne Nicolas Boulinguiez. Le Mayennais emploie désormais 40 salariés et ambitionne de passer la barre des 90 collaborateurs et des 10 M€ de CA à l’horizon 2025 (contre 4,5 M€ de CA 2021). Grâce à sa croissance organique et sans doute une nouvelle croissance externe.
L’appui de chefs d’entreprise mayennais
Atout de taille, Nicolas Boulinguiez et Sébastien Pottier bénéficieront du soutien de Réseau Entreprendre Mayenne pour mener à bien leur projet de croissance. Quatre chefs d’entreprise de l’association se sont déjà engagés à les conseiller pendant deux ans : Vincent Lesage, patron des transports Breger, Pierre Rousseau, à la tête de Rapido, Laurent Gaillard, avocat associé au sein du cabinet ZRA, ainsi que Patrice de la Théardière, président de La Collecte Médicale. Les entrepreneurs mayennais se retrouveront a minima pour des réunions trimestrielles, en échangeant entre autres des tableaux de bord et bilans certifiés.
Soutien gratuit de Réseau Entreprendre
Avant d’être sélectionnés, les patrons de Numains avaient déjà échangé avec Jacques Gombert, ancien DAF du groupe Gruau, qui les a "challengés" puis aidés à rédiger leur business plan.
Un soutien gratuit. " Et totalement désintéressé. Les accompagnateurs n’ont par exemple pas le droit d’entrer au capital de l’entreprise…", détaille même Marion Hurbin, la directrice du Réseau Entreprendre Mayenne. "Un de leur rôle sera de les aider à trouver une bonne gouvernance. Et à passer du statut d’homme à tout faire à celui de chef d’orchestre dans l’entreprise", ajoute Marion Hurbin.
Des vertus que connaît déjà Nicolas Boulinguiez. Ce dernier avait déjà obtenu l’appui du réseau au moment de la création de sa PME. "Le regard bienveillant de nos pairs, cet effet miroir, nous apporte beaucoup. Ne serait-ce que pour prendre du recul. Ça fait du bien et ça aide à faire grandir l’entreprise."