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M3 Sanitrade devient Klap et se diversifie pour assurer sa croissance
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M3 Sanitrade devient Klap et se diversifie pour assurer sa croissance

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M3 Sanitrade change de nom et devient Klap. Le fabricant de masques sanitaires a commencé la production de meltblown, le tissu filtrant indispensable notamment pour fabriquer les masques. L’une des diversifications envisagées pour l’usine installée à Ploufragan avec le recyclage des masques et une commercialisation innovante des masques.

Hervé Zipper (à gauche), président de Klap France, et Nicolas Bougault, responsable de production, se félicitent du début de production de meltblown au sein de l’unité costarmoricaine — Photo : Matthieu Leman

Nouveau nom et nouveau départ pour l’usine M3 Sanitrade, qui évolue désormais sous l’appellation Klap. Un nom "qui claque" selon Nicolas Bougault, responsable de production et qui est aussi la marque des produits qui sortent de l’usine de Ploufragan, ouverte en février 2021 et pour laquelle 20 millions d’euros ont été investis.

Trois machines de fabrication de masques sont installées au sein des 18 000 m² que compte l’endroit, immense et pour une grande partie encore inoccupée. Deux parties sont affectées à la production de masques FFP2 et une à celle de masques chirurgicaux, bien que ces derniers représentent 70 % des 75 millions de masques produits lors de la première année. Une quatrième ligne de production devrait voir le jour "avant le milieu de l’année", tandis que l’aménagement des bureaux sur 700 m² a commencé fin février. Au total, deux millions vont être investis pour finaliser l’installation de l’entreprise dans ses locaux.

Meltblown made in Bretagne

Dans une autre salle, le bruit matérialise l’activité de la machine fabricant le meltblown, ce fameux tissu filtrant, ingrédient indispensable des masques. "Les essais ont débuté début janvier", explique Hervé Zipper, président de la SAS Klap France, qui divise son temps entre la maison mère suisse, M3 (chiffre d’affaires non communiqué, 2 000 salariés en France et en Suisse), et la filiale costarmoricaine. "Pour l’instant, le meltblown que nous utilisons vient d’Allemagne mais nous sortirons nos premiers masques avec le meltblown produit ici à partir du mois de mai 2022." La machine, allemande, qui a nécessité un investissement de sept millions d’euros, dont 30 % subventionnés par l’État, a la capacité de fournir la matière nécessaire à la fabrication de 600 millions de masques par an. Loin des 110 millions d’unités produites par Klap France et Klap suisse, son homologue situé près de Genève, qui contient une machine.

Klap — Photo : Matthieu Leman

Ce gap sera à combler. "Nous avons vocation à mettre ce meltblown à disposition de nos concurrents mais aussi à l’utiliser, nous, dans d’autres univers. La matière n’est pas mariée aux masques, nous pouvons la retrouver dans l’agroalimentaire, le bâtiment, l’automobile, l’aéronautique…", explique Hervé Zipper. Klap pourrait par exemple produire des blouses, dans ces domaines d’activité mais aussi, bien sûr, celui de la santé, qui représente 80 % de l’activité aujourd’hui. "Notre projet s’inscrit hors pandémie", affirme Nicolas Bougault. "Les professionnels de santé porteront toujours des masques et on estime même que les besoins auront augmenté de 20 à 30 % car certains personnels qui n’en mettaient pas, par exemple dans les Ehpad, continueront à en mettre après la pandémie", précise Hervé Zipper, qui imagine également que certaines populations, comme les personnes âgées, et les personnes les rencontrant, continueront à porter un masque.

Un système d’abonnement

Pour gagner des parts de marché, disputées aux concurrents chinois aux prix agressifs, et remporter les appels d’offres des groupements hospitaliers, de pharmacie ou de cliniques, Klap mise sur les services couplés aux ventes. "Notre idée est de mettre en place un système d’abonnement, comme ceux des fontaines à eau ou des télécopieurs", confie Nicolas Bougault. "Notre client achète une prestation, qui comprend le produit mais aussi sa gestion et son recyclage", détaille Hervé Zipper. Une filière de recyclage que l’entreprise met en place avec un partenaire situé en Loire-Atlantique, avec qui elle a créé une co-entreprise et qui possède les accréditations nécessaires à l’activité. Les masques, blouses et autres équipements sanitaires usagers seront transformés en granulés de polypropylène et polyéthylène et serviront en majorité à refaire des masques mais aussi, pour une autre partie, comme matières premières dans les domaines de l’automobile ou de l’ameublement, par exemple. La machine, d’un coût de 800 000 euros, qui assurera la transformation est commandée et arrivera mi-mars. Le lieu de stockage des produits usagers se situe lui dans l’Est de la France. La R & D et la baisse du prix lié à l’augmentation de la production représentent également des facteurs de croissance pour l’entreprise.

À l’horizon 2023, le business plan de Klap France prévoit un chiffre d’affaires (toujours tenu secret) composé à 60 % de produits commercialisés sous la marque Klap (masques, blouses…), à 15 % de négoce d’autres produits sanitaires, à 15 % du recyclage des masques et à 10 % de la vente de meltblown.

Cette production de meltblown et l’autonomie qui en découle font partie intégrante du projet Klap, bien que celui-ci ait été freiné, notamment à cause de la frilosité des commandes publiques (une production de 100 millions de masques en 2021 était prévue, avec 90 salariés, contre 42 présents en cette fin février, dont un tiers travaillait pour l’ancien fabricant de masques Honeywell, à Plaintel dont l’usine a été fermée en 2018). Un projet qui répondait à l’appel du gouvernement français à la réindustrialisation du pays et qui promeut le fabriqué en France et même le fabriqué en Bretagne. C’est ainsi que le gwenn ha du (le drapeau breton) sera imprimé sur les nouvelles boîtes des masques Klap, à côté du drapeau tricolore.

Klap — Photo : Matthieu Leman
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