"Les agences de communication ont une utilité sociale sur les territoires"
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Vincent Houdou fondateur et président de Gulfstream group "Les agences de communication ont une utilité sociale sur les territoires"

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Créée voilà 30 ans, Gulfstream Group est l’une des plus grosses agences de communication en région. Basée à Nantes, elle vient d'acquérir l’agence rennaise Why. Cette acquisition fait passer l’agence à 150 salariés et 21 millions d’euros de chiffre d’affaires. Son dirigeant, Vincent Houdou, défend l’utilité des agences de communication.

Vincent Houdou, fondateur et président de Gulfstream group — Photo : David Pouilloux

Votre actualité, c’est l’arrivée de l’agence Why, basée à Rennes, au sein de Gulfstream group. Qu’est-ce qui a motivé cette acquisition ?

Cette agence est complémentaire de la nôtre. Nos clients sont essentiellement dans l’agroalimentaire, le bâtiment, la banque et la finance. Why nous apporte un portefeuille de clients dans le tourisme, la santé et les collectivités. Par ailleurs, cela nous permet de nous développer en Bretagne et d’acquérir une agence très créative et qui a une sensibilité développée dans la publicité. Cette agence compte 15 salariés et a réalisé 3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. Désormais, nous sommes 150 salariés et l’ensemble du groupe pèse 21 millions d’euros de chiffre d’affaires. Notre objectif principal, en étoffant nos compétences, c’est d’offrir le meilleur service possible à nos clients. On ne grossit pas pour grossir, mais pour faire mieux. Devenir plus grand permet aussi de proposer des évolutions de carrière intéressante pour nos collaborateurs.

Qu’apportez-vous aux entreprises ?

Ce qu’elles ne peuvent pas faire en communication. Aujourd’hui, il existe une trentaine de métiers dans la communication, du graphiste au community manager, du web designer au concepteur rédacteur en passant par le spécialiste des achats d’espaces publicitaires et l’attaché de presse. Quelle PME ou ETI peut intégrer tous ces métiers en interne ? Notre autre point fort, c’est d’apporter un regard extérieur, un regard critique, des conseils, de la créativité et du renouveau.

Intervenez-vous dans la stratégie des entreprises ?

C’est même une partie importante de notre travail. Face à une situation de crise ou face à des difficultés sur un marché, nos conseils peuvent être déterminants pour relancer une marque, imaginer de nouveaux produits, innover davantage. Par exemple, nous avons encouragé une marque de cidre, dans un marché en baisse, à aller sur des produits prémium, pour se singulariser des gros acteurs du secteur. Ils ont produit un cidre plus qualitatif, avec des pommes issues d’une agriculture plus durable. Le succès a été au rendez-vous. Notre expertise sur le marché de la distribution et les attentes des consommateurs a joué un rôle. Notre regard, pour les entreprises, porte à la fois sur le B to B, mais aussi sur le B to C. Je considère que nous avons une utilité sociale sur les territoires, car nous aidons les entreprises à progresser, à se transformer et à réussir, et ainsi à créer des emplois et à assurer leur prospérité future.

Vous vous considérez comme une entreprise engagée ?

Oui, dans le sens où nous épousons la cause de notre client. Nous sommes engagés auprès de lui et nous développons un esprit d’équipe. Aujourd’hui, une grosse demande des entreprises est de les accompagner pour définir ou redéfinir avec eux leur utilité sociale, sociétale, et leurs valeurs. Il est important d’apporter de la cohérence entre ce qui est dit et ce qui est fait. Nous passons aussi nos clients au filtre RSE. Trop longtemps, les entreprises n’ont pas assez dit comment elles travaillaient, comment elles fabriquaient leurs produits, dans quelles conditions, ce qui les aurait obligés à mieux travailler, à prendre plus soin de la planète, de leurs salariés, de leurs clients. La RSE est le corollaire de ce long silence. Elle oblige tout le monde à se mettre dans les clous.

Vous dîtes avoir 60 ans et vous pensez passer la main ?

Notre groupe est structuré en cinq entités. Digital Garden pour le web. Touch Point Média pour l’achat d’espaces publicitaires. Gulfstream communication pour les relations presse et Gulfstream corporate pour les institutionnels. Et désormais Why. J’ai ouvert le chantier de l’actionnariat salarié, afin que d’ici deux à trois ans, les responsables de nos filiales en bénéficient. C’est un premier pas vers la transmission.

Plusieurs dirigeants, comme le patron de Publicis, Arthur Sadoun, ont évoqué récemment des épisodes difficiles de leur vie, notamment la maladie, pour briser un tabou dans le monde du travail. Vous avez traversé une épreuve vous aussi, et vous souhaitez l’évoquer. Quelle leçon en tirez-vous ?

J’ai été atteint, il y a cinq ans, d’un cancer, avec des métastases. Il me restait six mois à vivre et je l’avais annoncé à mes collaborateurs et à mes clients en toute transparence. La chance a voulu que je bénéficie d’un traitement très innovant par immunothérapie, en phase expérimentale en France. J’avais 2 chances sur mille de m’en sortir. Je suis aujourd’hui guéri. Je retiens de cet épisode que la maladie, d’une certaine manière, m’a fait du bien dans le sens où j’ai quitté la vie stressée et intrépide du chef d’entreprise. Je retiens également la solidarité de mes salariés et de mes clients qui sont restés. Avoir des relations saines et bienveillantes au sein de l’entreprise permet de traverser les périodes de crise. L’humain est le plus important.

# Information-communication # Services aux entreprises # Fusion-acquisition