Une trentaine de véhicules autonomes sillonnent déjà l’usine sarthoise de GKN Driveline (520 salariés), grand fabricant de transmissions pour l’automobile. Ces petits chariots orangés se dirigent en scannant des bandes magnétiques au sol (via un système RFID), qui leur indiquent où aller. Reliés au système informatique, ils alimentent en matière première les lignes de fabrication. Puis acheminent les produits finis vers le hall d’expédition, ou bien vers le magasin d’usine. " Là-bas, deux robots de stockage automatique placent les références dans les racks. D’autres encore empilent les emballages vides ", complète Julien Fournet, directeur des opérations Sud Europe, au sein du groupe GKN.
Nouvel entrepôt logistique
Côté robotisation, GKN Driveline a mis un gros coup d’accélérateur. Pour automatiser les flux logistiques sur son site d’Arnage, près du Mans, l’industriel va débourser 5 millions d’euros, avec l’appui de 800 000 euros de subventions d’État, via France Relance. Son projet inclut la construction d’un entrepôt de 2 000 m², déjà achevé fin 2020, dans le prolongement de son usine de 42 000 m². Ou encore un effort pour accentuer l’utilisation d’emballages plastiques pliables et réutilisables.
Un programme qui arrive presque à terme. La flotte de véhicules autonomes ou " AGV " en anglais (Automatic guided vehicle) devrait encore grossir un peu. " Elle passera de 34 AGV à 46 au total au 1er trimestre 2022 ", prévoit Virgile Lucas, responsable de projets supply chain chez GKN.
Sous-traitant de PSA et Renault
Pour rappel, l’usine d’Arnage appartient à l’équipementier britannique GKN Automotiv (près de 30 000 salariés). Fabricant de transmissions pour l’automobile, GKN Driveline réalise les pièces mécaniques reliant la boîte de vitesses aux roues du véhicule principalement pour PSA et Renault, en sous-traitant de rang 1 (50 % de l’activité). Ou bien des éléments de transmissions, assemblés ensuite dans des sociétés sœurs du groupe, pour un panel de constructeurs plus large (comprenant aussi Toyota, Volkswagen ou Suzuki). Une partie de l’activité (2 %) s’adresse au ferroviaire, pour des clients type Alstom ou la SNCF.
Compétitivité "face aux pays low cost"
Ce récent investissement renforcera " la compétitivité face aux pays à la main-d’œuvre low cost ", explique Julien Fournet, qui cite les pays d’Europe de l’Est et d’Afrique du Nord. Dans les faits, les robots remplaceront 17 caristes. Les salariés en CDI seront peu à peu redéployés vers d’autres fonctions en logistique, en production ou sur le laboratoire de contrôle qualité. Dix contrats d’intérim ne seront pas renouvelés. En diminuant l’usage des chariots élévateurs, l’entreprise vise aussi à réduire les risques d’accidents du travail et les erreurs d’inventaire.
Subissant de plein fouet la pénurie de semi-conducteurs (qui bride la production des constructeurs), l’usine sarthoise prépare déjà son rebond. Avant un retour à la normale espéré… d’ici 2024. Récemment, le chiffre d’affaires du site a chuté " de 160 millions d'euros à 118 millions d'euros entre 2019 et 2020 ". Ce qui n’est pas sans conséquence localement… " Une baisse d’activité de 30 % à 40 % chez GKN Driveline, représente une baisse de commandes de 18 millions d’euros auprès de nos fournisseurs français, dont 4 millions rien qu’en Sarthe ", calcule Virgile Lucas.