Le robot dévaseur de la société EST veut transformer la boue en or
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Le robot dévaseur de la société EST veut transformer la boue en or

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Philippe Pétard, fondateur de la société EST (Environnmental Sediments Treatment), a conçu et développé un robot dévaseur, commandé à distance, qui extrait les sédiments des plans d'eau. Il a également inventé deux autres machines pour assécher et conditionner ces sédiments et alimenter ainsi les filières de valorisation de ces déchets, dans une logique d'économie circulaire.

Philippe Pétard (2e en partant de la droite), en compagnie des partenaires nazairiens qui l'ont aidé à fabriquer son robot dévaseur — Photo : Caroline Scribe - Le Journal des Entreprises

Il a été labellisé, en juin 2018, par Solar Impulse, dans le cadre des 1 000 solutions qui vont changer le monde. Il s'agit du robot dévaseur imaginé par Philippe Pétard, lors de l'hiver 2013-2014, pour rendre service à son beau-frère, dont l'étang était envasé. Depuis, l'ancien dirigeant d'entreprise du bâtiment à Saint-Avé (Morbihan) a créé, avec 4 associés, la société EST (Environnmental Sediments Treatment), hébergée à Nantes, au Village By CA du Crédit Agricole.

Le robot se présente sous la forme de deux flotteurs supportant une pompe et fonctionnant comme une mini-drague autonome. « Notre robot travaille comme un robot de piscine. Il aspire de petites quantités de vase à chaque passage et la restitue sous forme de boue. L'extraction très douce et électrique permet d'avoir un impact positif sur l'environnement, contrairement aux méthodes actuelles », argumente le dirigeant. Philippe Pétard a également conçu deux autres machines pour assécher et conditionner les boues extraites. « Pour l'instant, ces sédiments ne sont pas valorisés. Mais ils pourraient à l'avenir alimenter des filières de valorisation trouvant des débouchés dans l'agriculture, le béton, pour remblayer des talus...», énumère Philippe Pétard.

Construction à Saint-Nazaire

Une première série de deux robots « quasi-industriels » a été construite par un groupement de cinq PME nazairiennes. Le premier sert aux tests, le second est déjà parti en clientèle, en l'occurrence dans une commune de l'Orne, où il est utilisé pour dévaser un étang.

Le business model d'EST ne repose pas sur la vente des robots, mais sur leur location. Après avoir levé des fonds en 2018 auprès d'un business angel, Philippe Pétard compte sur les revenus générés par les deux premiers appareils pour financer la construction des suivants. « Notre objectif est de commencer à générer du chiffre d'affaires avec nos prestations de services en 2019 et de devenir rentables en 2020 », explique-t-il.

50 dossiers en cours

Les clients potentiels sont nombreux : ports, communes souhaitant désenvaser les lacs et étangs des lieux touristiques, usines d'eau potable, industriels... EST se positionne en effet sur un marché en BtoB, à l'exclusion des particuliers.

La start-up, qui revendique d'ores et déjà 50 dossiers en cours sans avoir fait de prospection, pourrait voir son marché croître de façon exponentielle. La loi Gemapi (Gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) oblige en effet, depuis janvier 2018, les collectivités à traiter leurs eaux de surface. Ce que le robot dévaseur d'EST sait également faire.

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