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Le nantais Etix Everywhere élargit son réseau de data centers de proximité en France
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Le nantais Etix Everywhere élargit son réseau de data centers de proximité en France

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Le nantais Etix Everywhere mise sur de petits data centers de proximité pour se développer sur le territoire français et européen. Passée sous pavillon américain, puis australien, la société est récemment revenue sur une majorité de capitaux français. Une souveraineté non négligeable pour l’hébergement des données des clients, et qui permet à Etix de se différencier de la concurrence.

Thomas Hombert, directeur général d’Etix Everywhere, a mis en place un système qui récupère la chaleur fatale du data center de Saint-Herblain pour chauffer les bureaux — Photo : Benjamin Robert

Pour comprendre l’univers d’Etix Everywhere (70 salariés, 34 M€ CA 2023), il faut sortir du stéréotype des data centers : souvent des dizaines de milliers de mètres carrés, hébergeant les données des Gafam, et implantés surtout près des gros hubs mondiaux et des places financières. Fondée en 2012, l’entreprise nantaise construit et gère des data centers dits "de proximité". "Nous nous implantons dans les villes en région, afin d’avoir un réseau d’une capillarité plus grande. Au lieu d’héberger 4 ou 5 géants mondiaux, nous stockons les données d’un écosystème de clients locaux. Par exemple, au sein de notre data center à Saint-Herblain, nous hébergeons 95 clients", explique Thomas Hombert, directeur général d’Etix Everywhere. À l’été 2023, l’entreprise déjà présente à Nantes (siège social) et Lille a acquis les 5 data centers de zColo, basés à Montpellier, Paris et Toulouse, passant ainsi à un total de 15 data centers dont 12 en France. "C’est notre troisième opération de croissance externe après Neocenter Ouest en 2018, puis CIV France en 2022", énumère Thomas Hombert. L’objectif d’Etix est dorénavant de se diriger vers les métropoles de Lyon, Strasbourg, et Bordeaux afin de compléter le maillage du territoire. "Cela pourra se faire via un rachat pour gagner du temps, ou par de nouvelles constructions", poursuit le dirigeant.

Les avantages d’un stockage local

Au sein des data centers d’Etix, trois types d’entreprises cohabitent. "Nous regroupons des fournisseurs de service informatique, comme l’entreprise nantaise Sigma, mais aussi des opérateurs télécom, comme Free, et des clients finaux, comme Tipiak, ou encore Manitou dans la région", énumère Thomas Hombert, qui met en avant une interaction avec ses clients qui n’existe pas avec les gros data centers. L’entreprise propose d’ailleurs aux clients d’accéder à leurs armoires informatiques, et interagir facilement avec leurs serveurs si besoin. "Il y a également une dimension sécurité pour les acteurs publics. Nous hébergeons par exemple Nantes Métropole, et le conseil départemental du Nord", complète le dirigeant. Car au-delà du chauvinisme, la présence d’un cloud proche de chez soi permet d’éviter de dépendre des fibres centralisées autour des hubs comme Paris ou Londres pour tous les échanges d’informations. Et pour certains objets connectés, ou encore des opérations de trading à haute fréquence, les données doivent être hébergées au plus près géographiquement, pour éviter une latence trop importante.

Une souveraineté nationale longue à se dessiner

En plus d’une décennie d’existence, Etix a déjà beaucoup voyagé. Fondée au Luxembourg, la société a d’abord construit des data centers dans différentes zones d’Europe. Mais en 2019, la société a été entièrement rachetée par l’Américain Vantage, qui convoitait un gros data center à Francfort, en Allemagne. L’année suivante, trois associés, dont Louis Blanchot, l’actuel président, et Thomas Hombert, reprennent la main sur les sept plus petits data centers d’Etix, hormis celui en Allemagne. Pour ce faire, ils lèvent 40 millions d’euros auprès de l’investisseur australien Global Data Centre (GDC), qui devient l’actionnaire majoritaire. La société fait alors 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, avec 20 salariés.

C’est ensuite l’ascension folle, et l’heure des rachats. En mars 2023, Etix lève 30 millions d’euros, cette fois-ci auprès du fonds d’investissement français Eurazeo, qui investit dans les infrastructures liées à la transition énergétique. Ce dernier gère 33,5 milliards d’euros d’actifs, dans un portefeuille de plus 600 entreprises. Et suite à la dernière acquisition de zColo, menée par Eurazeo, le fonds français est devenu majoritaire au sein d’Etix. "Ils ont des capacités financières, et c’est aujourd’hui notre bras armé d’investissement. La tendance est donc à renforcer cet actionnariat français", témoigne Thomas Hombert, qui estime que cette nouvelle distribution du capital est importante pour la protection et la sécurité des données. "C’est un point qui nous différencie de nos concurrents, tous sous pavillon américain ou japonais. Et c’est primordial pour certains de nos clients notamment les structures publiques, ou les entreprises qui travaillent avec l’armée par exemple", cite Thomas Hombert.

La préoccupation de la décarbonation

Eurazeo s’est engagé au capital d’Etix à travers son fonds d’Infrastructure de Transition, avec l’objectif initial de soutenir la décarbonation de l’entreprise, notamment en explorant des solutions d’énergie décarbonée pour les data centers. D’autant plus que la consommation de ces centres de stockage est souvent pointée du doigt. "Nous avons pris des engagements de neutralité carbone à l’horizon 2030. Nous avons déjà installé par exemple 9 000 m² de panneaux solaires sur nos data centers", pointe le dirigeant. La décarbonation est un point auquel la proximité avec certains clients ou bureaux peut aussi servir. "Nous chauffons nos bureaux nantais avec la chaleur fatale du data center. À Valenciennes, notre structure est reliée au réseau de chaleur urbain", appuie Thomas Hombert.

L’export plus vers l’Asie que l’Amérique latine

Au-delà des métropoles françaises, Etix possède un data center en Belgique, un en Colombie, et un en Asie du Sud-Est. Les ambitions autour de Bruxelles sont similaires à la France, avec l’ambition pour Etix de devenir leader des solutions d’hébergement des données sur ces territoires.

Mais pour le reste du monde, la stratégie de la société s’adaptera aux particularités de chaque région. "Nous cherchons à céder notre site en Amérique Latine, car il y a peu d’opportunité de créer de nouveaux sites autour. De gros acteurs sont déjà présents", décrypte le dirigeant. À l’inverse, Thomas Hombert voit dans l’Asie du Sud-Est des places fortes à prendre, encore dépourvues de data center de proximité. "De plus, Eurazeo souhaitait se concentrer sur une à deux régions maximum", ajoute-t-il. L’Europe et l’Asie du Sud-Est seront donc les deux terrains de jeu des années à venir.

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