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La start-up Blue Valet se structure pour partir à l'international
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La start-up Blue Valet se structure pour partir à l'international

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Trois ans après sa création, la start-up bordelaise Blue Valet (122 salariés, CA non-communiqué) a bouclé un deuxième tour de table de 6 millions d'euros. Un soutien financier nécessaire pour assouvir ses envies de déploiement à l'international. Le service de parking avec voiturier ambitionne d'ouvrir des antennes dans 15 pays européens d'ici à 2021.

La start-up bordelaise Blue Valet, spécialisée dans le parking avec voiturier dans les gares et aéroports, a levé 6 millions d'euros pour son déploiement en Europe — Photo : © Mathias Ruget

Il en parlerait presque avec une pointe de nostalgie, avant que le souvenir de l'épuisement ne le ramène à la raison. « Lorsque nous avons lancé notre projet avec Hugo, c'est nous qui conduisions les voitures. On commençait à 5 heures du matin, on ne terminait pas avant minuit », se souvient Benoît Ricard, 31 ans, fondateur de la start-up bordelaise Blue Valet, un service de voituriers délivré dans les aéroports et les gares. « Aujourd'hui, les responsabilités sont très différentes », commente-t-il.

C'est en 2015, alors qu'il occupait un poste de cadre dans l'industrie pharmaceutique, que germe l'idée. Chaque semaine, inlassablement, Benoît Ricard devait décoller depuis l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. Et chaque semaine, inlassablement, se posait le même problème du stationnement de son véhicule. « Comme je voyageais dans toute la France, je me suis aperçu que les points de friction étaient identiques dans tous les aéroports », se souvient-il. Avec son frère Hugo, qui effectuait alors son stage de fin d'études, ils commencent à délivrer leur service de voiturier eux-mêmes aux portes de l'aéroport girondin, convaincus de la solidité de leur modèle. « Notre promesse, c'est un gain de temps et d'argent, puisque notre solution revient entre 20 et 30 % moins cher que les parkings des aéroports », démontre-t-il.

Digérer la croissance

Un an plus tard, la formule séduit deux business angels bordelais qui investissent 200 000 euros dans la start-up. Un premier coup de pouce, assorti, quelques mois plus tard, d'une première levée de fonds de 2 millions d'euros. De quoi permettre au duo bordelais d'étancher sa soif de développement. « Nous voulions nous déployer dans toute la France, mais on manquait de cash », explique le jeune dirigeant. Petit à petit, les drapeaux bleus estampillés Blue Valet se mettent à flotter sur les parking des aéroports. Entre avril 2017 et janvier 2018, la société enchaîne les lancements, 17 au total, dont les cruciaux aéroports de Paris-Charles de Gaulle et Orly, ainsi que quelques gares parisiennes.

La machine est bien lancée : alors qu'ils n'étaient encore que deux en janvier 2017, Blue Valet emploie aujourd'hui 35 personnes à son siège mérignacais. « Nous venons de dépasser les 100 salariés au total. Et nous faisons travailler 150 voituriers supplémentaires indépendants », insiste Benoît Ricard. Pour digérer cette croissance, il a fallu passer par une importante phase de structuration du siège. Les deux gérants se sont répartis les rôles. Hugo gère la partie financière et administrative, quand Benoît prend en charge le développement commercial, les opérations et la relation-client.

15 pays d'ici à 2021

L'année 2018 s'est terminée sur des perspectives enthousiasmantes pour eux. Un deuxième tour de table de 6 millions d'euros a été bouclé en novembre pour assurer l'envol à l'international de la jeune pousse girondine. « Nous avions rempli les objectifs de la série A qui étaient de déployer la solution en France. Maintenant notre objectif est de nous implanter dans 15 pays d'ici à 2021 », souligne-t-il.

L'entreprise a déjà fait ses premiers pas en dehors de l'Hexagone, en ouvrant deux agences à l'aéroport et à la gare de Bruxelles. Si la rentabilité est au rendez-vous pour certains sites, comme Bordeaux, elle n'est pas atteinte au niveau globale. « Et le fait de multiplier les ouvertures va nous faire encore brûler du cash », convient Benoît Ricard. Mais un calendrier de rentabilité a été établi avec les investisseurs. « On voulait devenir un acteur européen, mais on ne va pas délaisser la rentabilité des sites français pour autant », rassure-t-il.

Cibler la clientèle professionnelle

Et l'un des moyens d'atteindre cette rentabilité est de cibler particulièrement la clientèle professionnelle. « Nous appuyons fortement sur ce levier, car il s'agit de clients plus récurrents qui assurent la rentabilité du modèle. » Or la croissance de l'activité revêt un intérêt tout particulier pour la jeune pousse bordelaise. Plus le planning est dense, moins les voituriers attendent à l'aéroport qu'une autre course arrive pour retourner à leur point de départ. Afin de négocier des prix intéressants, Blue Valet doit s'éloigner un peu de l'aéroport, dans un rayon de 10 kilomètres maximum aller-retour. C'est là que se cache l'économie pour le client : son véhicule n'est pas garé sur le parking de l'aéroport mais sur une place sourcée par Blue Valet et dont le tarif a été négocié par la start-up, en fonction du volume acheté.

Si les frères Ricard ont arrêté de conduire eux-mêmes les voitures de leurs clients, ils devraient tout de même avaler quelques milliers de kilomètres en 2019, au rythme de leurs implantations européennes !

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