La PME Les Œufs d’Armor n’en finit plus de grandir, entre élevages et conditionnement des œufs
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La PME Les Œufs d’Armor n’en finit plus de grandir, entre élevages et conditionnement des œufs

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L’entreprise Les Œufs d’Armor s’apprête déjà à agrandir de 500 m² son centre de conditionnement d’œufs de 3 200 m² qui a ouvert en septembre 2022. L’entreprise fait partie d’un ensemble qui comprend différents élevages de poules pondeuses, acquis depuis onze ans et qui investit dans l’automatisme pour pallier les difficultés de recrutement et suivre la croissance de l’activité.

Sébastien (à gauche) et Nicolas Saliou ont repris Les Œufs d’Armor en 2012, prenant la suite de leur père Pierrick — Photo : Matthieu Leman

Quand Nicolas et Sébastien Saliou ont pris en 2012 la direction de l’entreprise de production d’œufs de leur père Pierrick, toujours présent en appui technique, les deux frères issus de l’agroalimentaire ont déjà vu plus grand. La PME Les Œufs d’Armor réalisait alors 400 000 euros de chiffre d’affaires. En 2023, les différentes entités acquises depuis onze ans et réunies au sein de la holding Kerjean, au prix d’un investissement global de 17 millions d’euros, ont atteint un chiffre d’affaires total de 17,5 millions d’euros, en développant au côté de l’élevage de poules pondeuses une activité florissante de conditionnement des œufs.

C’est pour cette dernière que Les Œufs d’Armor a investi dans la rénovation complète d’un bâtiment de 3 200 m², à Minihy-Tréguier (Côtes-d’Armor), dont la construction a débuté en septembre 2021 pour une mise en service un an plus tard. L’investissement s’était élevé à 3,5 millions d’euros. Après un record de 85 millions d’œufs conditionnés en 2023, les deux dirigeants s’apprêtent à agrandir le bâtiment, en début d’année 2024, en lui ajoutant 500 mètres carrés.

Ligne de lavage

Cette extension servira à du stockage mais également à l’installation d’une ligne de lavage des alvéoles, qui assurent le transport des œufs des élevages au centre de conditionnement. Sur son toit, une installation photovoltaïque de 200 Kilowatts crêtes annuels sera installée et devrait assurer entre 40 et 50 % de la consommation du site. Coût total pour cet agrandissement : 800 000 euros, dont 340 000 euros pour la ligne automatique de lavage.

Et les investissements devraient se poursuivre. "Nous avons un objectif d’atteindre les 100 millions d’œufs conditionnés en 2025, proche de la saturation du site qui se trouve autour de 110 millions", explique Nicolas. Mais ce que prévoient les deux gérants ne consistera pas en un nouvel agrandissement. "Nous nous orientons vers une ligne de conditionnement plus grande et plus automatisée", affirme Sébastien Saliou. Déjà, deux robots manipulent les packs d’œufs dans le centre. "Les salariés craignaient qu’ils ne les remplacent. Aujourd’hui, ils nous en réclament d’autres !", s’amuse Nicolas Saliou. La technologie est également présente dans le contrôle et le tri des œufs, qui arrivent "nus" directement des élevages, dans leur marquage (suivi et date de consommation) puis dans leur emboîtage.

Marques propres et MDD

Le travail est rendu complexe par la multiplicité des formats (en 4 jusqu’à des plateaux de 30 œufs), des catégories d’œufs (bio, sol, plein air) et des marques. La marque Les Œufs d’Erwan a été créée en 2015 pour commercialiser les œufs de l’entreprise destinés à la GMS (Carrefour, Leclerc, Super U et Intermarché). Pour Grand Frais au niveau national et Leclerc au niveau régional, la PME vend ses produits en marque de distributeur (MDD), pour un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros en 2023.

Les autres marques utilisées par Les Œufs d’Armor sont Keryann (la marque historique, distribuée de Morlaix à Saint-Brieuc) et La Croix Verte (distribuée sur un axe Saint-Brieuc, cancale et Rennes). Le centre conditionne également des œufs pour la marque Terres de Breizh de la coopérative Le Gouessant.

La moitié des œufs conditionnés provient des sept élevages du groupe, le reste provient d’autres élevages. "On estime que 10 à 15 % des œufs consommés en Bretagne passent ici", pointe Sébastien Saliou.

85 millions d’œufs ont été conditionnés en 2023 par Les Œufs d’Armor — Photo : Matthieu Leman

Pour les trois marques de la PME costarmoricaine, la distribution s’effectue à 55 % via les centrales d’achat de la GMS et 45 % en ventes directes via un circuit de 160 grandes et moyennes surfaces et 800 petits commerces et restaurants de Morlaix à Cancale, et dans le bassin rennais. Pour cela, l’entreprise dispose de trois bases logistiques à Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine), Ruca (Côtes-d’Armor) et Minihy-Tréguier. La commercialisation s’effectue via une co-entreprise, baptisée Pors Bodiou, entre les deux frères Saliou et une troisième actionnaire à parts égales, Hélène Urvoy, fille du propriétaire de l’un des élevages rachetés par la PME, qui compte au total 40 salariés, répartis équitablement entre élevage, logistique et conditionnement, ainsi que deux commerciaux, à Rennes et Minihy-Tréguier. Le marketing est quant à lui externalisé auprès de deux agences finistériennes, Les Flibustiers et Appaloosa.

Trackers solaires

Côté élevage, la dernière acquisition de l’entreprise a eu lieu en 2023 avec Ker Fur (40 000 poules pondeuses), à Minihy-Tréguier. Une acquisition qui avait été précédée en 2018 par l’élevage Saint-Antoine (30 000 poules) à Pleumeur-Bodou ; Uiou Mad (50 000 poules) en 2014, à Louannec ; Kerjean (9 000 poules à Louannec et 12 000 à Minihy-Tréguier, toutes en bio) en 2012. Les Œufs d’Armor regroupe quant à elle deux élevages de 95 000 poules au total, à Rospez et Ruca et le centre de conditionnement. Tous sont équipés de trackers solaires et ont fait l’objet d’investissements dans l’automatisation, surtout pour pallier les difficultés de recrutements.

D’autres acquisitions pourraient suivre, tandis que le groupe travaille sur de nouveaux dossiers de MDD. "Nous ne voulons pas être les Elon Musk de l’œuf. Mais ne rien faire, c’est reculer", sourient les dirigeants.

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