La construction du bâtiment de 800 m² se poursuit sous les yeux de Patrice Le Boudec, qui dirige Idil Fibres Optiques, entreprise qu’il a créée en 1995. Et pour cause, elle intervient juste à côté des bâtiments que le spécialiste de la fibre optique a intégrés sur la même zone de l’Espace Corinne-Ehrel, à Lannion, depuis un an et demi. Cette nouvelle surface va s’ajouter aux 1 500 m² des actuels locaux et servir à accueillir l’activité de production de capteurs de déformation actuellement installée dans la zone de l’aéroport sur 600 m².
"Nous serons locataires de l’Agglomération, qui construit le bâtiment pour un investissement d’un million d’euros", confie le chef d’entreprise. Bonne gestion et souplesse sont au cœur de cette opportunité pour une entreprise qui, selon les calculs de son patron ingénieur de formation, croît en moyenne de 14 % par an depuis 2004. "Je gagne de l’argent en année N et je le dépense en N + 1 pour développer le business, explique-t-il. Je n’ai pas d’investisseur, pas d’emprunt. Je ne suis pas câblé pour aller démarcher des financeurs."
Petites séries
Des câbles, il y en a pourtant partout dans les locaux de la société, qui compte 40 salariés. Ou plutôt de la fibre, puisqu’Idil décline le domaine de la fibre optique sous beaucoup de formes, à façon et en petites séries. Son service commercial distribue des mini-spectromètres, qui analysent la composition de la lumière. Son service production s’occupe de connectique et d’assemblage passif, comme des capteurs de déformation de bâtiments qui ont servi par exemple à évaluer l’état de la structure de la cathédrale Notre-Dame après son incendie.
Le service custom se situe entre la R & D et la fourniture de systèmes sur mesure, comme un système optique de déclenchement pyrotechnique de boulons explosifs ou le capteur d’analyse de l’eau élaboré pour une grande ville française. Enfin, le service grands comptes produit des systèmes de vélocimétrie permettant de mesurer des vitesses extrêmement élevées, de l’ordre de 20 km/s ou encore la fabrication de la source du laser Mégajoule, installé à Bordeaux et destiné à assurer la pérennité de la dissuasion nucléaire française après l’arrêt des essais en conditions réelles. Quasiment tous les éléments de cette source sont made in Côtes-d’Armor, entre Idil et d’autres entreprises lannionnaises.
La défense représente la moitié des 5,6 millions d’euros réalisés en 2020, contre six millions attendus cette année. Le domaine scientifique complète pour un tiers de l’activité, suivi du domaine industriel. "Chaque fois qu’il y a un problème de mesure ou de laser qui peut être résolu par de l’optique, on vient nous voir", confie Patrice Le Boudec. La force de l’entreprise réside d’abord dans son expertise. "Nous connaissons très bien la physique des fibres optiques et nous sommes plutôt bons dans les composants", précise celui qui est également le président de l’association Photonics Bretagne, forte de 110 membres. Sa valeur ajoutée se situe également dans sa maîtrise complémentaire de l’électronique, qui lui permet d’assurer la conception et le montage de matériel clé en main, comme celui commandé par une grande entreprise du marché de la lunette pour équiper tous ses sites de production dans le monde.
