Dans quelques jours s'ouvrira le salon Egast. Un rendez-vous biennal attendu des professionnels des métiers de bouche, de l'hôtellerie et de la restauration du grand Est, qui se tiendra du 13 au 16 mars au parc des expositions de Strasbourg. Derrière les fourneaux de l'événement, le chef et ses seconds, qui ont décidé de l'organisation et du menu de cette 16e édition, ne sont plus tout à fait les mêmes que lors des éditions précédentes... Car pour la première fois, GL Events, entré en septembre 2014 au capital de Strasbourg Événements, société d'économie mixte (SEM) gestionnaire du Parc des expositions (PEX) et du Palais de la musique et des congrès (PMC) de l'Eurométropole, y imprime sa marque. L'opération avait provoqué à chaud quelques inquiétudes du côté des professionnels locaux de la filière, craignant pour la pérennité de leur salon. Car GL Events, groupe lyonnais d'évènementiel et de gestion d'espaces à la présence mondiale (4.107 collaborateurs, CA 2015: 942,4 M?) est aussi organisateur et propriétaire du Sirha à Lyon, salon international de la restauration, de l'hôtellerie et de l'alimentation. Une manifestation née la même année qu'Egast, il y a 30 ans, mais ayant connu un développement sans commune mesure avec celui du salon strasbourgeois, dont l'envergure est restée très locale.
Un salon stratégique
« Egast est le premier salon professionnel de Strasbourg et, avec quelque 30.000 visiteurs et 300 exposants, sa deuxième plus grosse manifestation derrière la Foire Européenne. Il n'était donc évidemment pas question pour l'Eurométropole comme pour nous de nous séparer d'un tel événement », rassure Albane Pillaire, la nouvelle directrice adjointe de Strasbourg Événements. Précédemment chargée du développement de GL Events, celle-ci a piloté en 2014 son rapprochement avec la SEM. « D'autant que la gastronomie et le tourisme incarnent deux secteurs économiques majeurs de la région Alsace, avec 6.018 établissements CHR (dont 29 restaurants étoilés) représentant 25.378 emplois, 605 hôtels et plus de 12 millions de touristes en Alsace en 2014... Egast a toute sa place ici », ajoute-t-elle. « Nous avons toujours travaillé en bonne intelligence avec le Sirha, également biennal, en nous arrangeant pour que les deux manifestations ne tombent pas les mêmes années », rappelle de son côté Josiane Hoffmann, directrice des salons de Strasbourg Événements. « Nous ne sommes pas en concurrence. Nous avons des courants d'affaires complémentaires sur des zones de chalandises distinctes, avec des leviers de développement différents », précise-t-elle. Un argument que confirme Michaël Merran, directeur commercial de l'entreprise familiale lyonnaise Firplast (50 salariés et un chiffre d'affaires de 23,9 millions d'euros en 2014). Ce fabricant de vaisselle et d'emballages à usage unique est un habitué du Sirha, mais participe en tout à une quinzaine de salons chaque année. C'est sa première participation à Egast. « Nous avons depuis peu un commercial sur l'Alsace pour développer notre activité ici. Un tel salon est complémentaire des événements nationaux pour identifier des prospects sur un territoire ciblé », estime-t-il.
Les exposants spectateurs
Reste que la prise en main d'Egast par GL Events a engendré quelques changements dans son organisation. Très impliqués lors des précédentes éditions, les exposants du salon, réunis au sein du Cose (Comité du salon Egast), ont été peu concertés pour cette nouvelle édition et vont certainement dissoudre l'association. « On a fait ce que l'on avait à faire à l'époque où le salon était menacé de disparition, dans les années 2000, témoigne son président, Thomas Riegert. L'association a été créée pour assurer sa pérennité. On a été son carburant durant 8 ans pour monter des partenariats, récolter de l'argent. D'un rôle d'attaquants et défenseurs, nous sommes passés à un rôle de spectateurs. On a réussi à transmettre un bébé en bonne santé mais GL Events est une entreprise qui sait faire fonctionner ce genre de manifestation et qui n'a pas besoin de nous », répond sobrement le dirigeant des Cafés Reck, fidèle à Egast depuis le démarrage et qui, y aura un stand comme à son habitude.
+20 % sur le tarif des stands
Côtés exposants, certains habitués justement grincent un peu des dents. « Le prix des stands a augmenté de plus de 20 % et nous avons eu peu de contacts avec les organisateurs », pointe Anne Auneau, responsable marketing chez Sapam, grossiste de fruits et légumes strasbourgeois (CA de 60 millions d'euros en 2014, 220 salariés) partenaire du salon, qui partage traditionnellement son stand avec la société Soprolux. « Ce salon nous permet de maintenir le relationnel avec nos clients et de présenter nos produits mais il n'est pas stratégique pour nous d'y être, si cette édition ne remplit pas nos attentes », explique l'entreprise. « On craint toujours la nouveauté mais la commercialisation d'Egast n'a pas souffert de l'arrivée de GL Events bien au contraire, assure de son côté Josiane Hoffmann. Ils nous apportent des méthodes, leurs fichiers, des tarifs d'achats négociés, etc. Avec leur soutien, Egast va pouvoir se professionnaliser encore et monter en gamme ». Selon ses organisateurs, Egast a notamment un potentiel de développement sur le marché allemand. Un commercial a été engagé pour convaincre dès cette année des Allemands de venir sur le salon, voire d'y exposer lors des futures éditions.
Adelise Foucault
Plus grand salon pro dédié aux métiers de bouche et CHR du grand Est, Egast ouvrira ses portes du 13 au 16 mars. Le point sur cette première édition sous la houlette de GL Events, groupe lyonnais entré au capital de Strasbourg Événements il y a un peu plus d'un an.
