Coronavirus : pour Samuel Tual (Actual Leader), « il faut encourager le maintien de l’activité »
Interview # Conjoncture

Samuel Tual président du groupe de travail intérimaire Actual Leader et du Medef des Pays de la Loire Coronavirus : pour Samuel Tual (Actual Leader), « il faut encourager le maintien de l’activité »

S'abonner

Samuel Tual, président du groupe de travail intérimaire et de formation Actual Leader, explique comment son entreprise s’adapte aux contraintes de la crise sanitaire, sur un marché en forte décroissance. Par ailleurs président du Medef des Pays de la Loire, il dresse également un premier bilan de la mise en œuvre du dispositif public d’accompagnement des entreprises ligériennes.

Le Journal des Entreprises - Comment votre groupe s’est-il adapté à la crise sanitaire ?

Samuel Tual : L’ensemble de notre réseau d’agences est resté ouvert, même s’il n’accueille plus de public. Notre activité est en effet indispensable pour fournir des ressources humaines aux secteurs économiques considérés comme essentiels. Nous avions anticipé les consignes avant le confinement en basculant déjà une partie de nos collaborateurs en télétravail, notamment les équipes des fonctions supports. La semaine dernière, nous sommes passés en mode d’urgence, compte tenu de l’effondrement de l’activité sur le marché du travail intérimaire avec très peu de visibilité. Un grand nombre d’entreprises ont cessé leur activité du fait de la peur de leurs salariés à venir travailler sans protection, sans masques. À cet égard la double injonction des pouvoirs publics qui, d’une part, incitent les gens à rester chez eux et, d’autre part, les encouragent à aller travailler, est incompréhensible et a généré une forme de panique.

Nous avons donc dû ajuster notre organisation au quotidien. Aujourd’hui, 95 % de notre effectif est en télétravail, quelques personnes sont détachées sur nos sites pour conserver le lien avec nos clients et nos collaborateurs en mission en proposant un accueil sur rendez-vous. Nous respectons les gestes barrières et nous veillons à ce que la sécurité de tous soit assurée notamment dans les entreprises qui font appel à nos intérimaires. Mais l’absence de masques reste en cela très préjudiciable.

Pouvez-vous estimer la baisse de votre activité ?

Samuel Tual : Nous étions à moins 50 % la semaine passée et à moins 60 % cette semaine. La moyenne nationale en France pour l’intérim est de moins 75 %, mais tout dépend des secteurs d’activité. La baisse dans le BTP a été très brutale, des donneurs d’ordres comme les collectivités territoriales ont fermé des chantiers, mais l’activité devrait reprendre dans les prochains jours. Dans l’industrie, des sites ont été fermés du fait de difficultés d’approvisionnement mais aussi parce que les salariés exerçaient une sorte de droit de retrait. Dans la grande distribution, la logistique, l’agroalimentaire la demande d’intérim reste soutenue.

Comment faites-vous face ?

Samuel Tual : Nous avons bénéficié de toutes les mesures mises en place par le gouvernement comme les reports d’échéances et de charges, mais cela ne suffit pas. Nous devons adapter nos coûts à la situation d’autant qu’il y a une très grande incertitude sur la durée de cette crise. C’est pourquoi nous allons avoir recours au chômage partiel sans doute à compter de la fin de cette semaine pour environ 40 % de notre activité. Notre pays est entré en récession et cette crise aura un impact durable sur notre économie au moins dans les six prochains mois.

En tant que président régional du Medef avez-vous eu connaissance de refus de la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi) d’accorder le bénéfice du chômage partiel à certaines entreprises qui ont fermé leurs portes ?

Samuel Tual : Quand des entreprises ont fermé du fait de la crainte de leurs salariés de venir travailler, le rejet de l’indemnisation de ces salariés dans le cadre du chômage partiel va très certainement se poser. Ces entreprises ne pourront pas rester fermées et nous devons encourager le maintien de l’activité, mais il faudra pour cela gagner la bataille de la communication en expliquant à l’opinion publique que l’on peut à la fois être confiné et avoir une obligation d’aller travailler. Pour l’instant, ce message n’est pas audible. Si trop d’entreprises restent fermées, il risque d’y avoir des défaillances en cascade et des problèmes d’approvisionnement. C’est pourquoi nous allons diffuser auprès des entreprises un kit de bonnes pratiques qui propose une méthodologie pour assurer la sécurité sanitaire des salariés, en accord avec les partenaires sociaux, qui fournit les adresses de fournisseurs locaux de masques, qui relaie les bonnes informations.

Le dispositif mis en place par le gouvernement pour venir en aide aux entreprises s’est-il bien déployé sur le terrain ?

Samuel Tual : Il y a eu énormément de dysfonctionnements au tout début mais les choses sont rentrées dans l’ordre très vite, notamment parce que nous avons pu faire remonter les anomalies constatées par nos Medef territoriaux et dialoguer avec toutes les parties en présence : les services de l’État et le préfet de région, la Région, les branches professionnelles comme la fédération des banques. Aujourd’hui, toutes les banques ligériennes jouent le jeu, pratiquent par exemple les mêmes conditions de report d’échéances de prêts et je ne suis pas très inquiet sur la mise en œuvre effective de cette solidarité.

# Conjoncture