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Coronavirus : Le secteur du bâtiment reprend lentement en Maine-et-Loire
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Coronavirus : Le secteur du bâtiment reprend lentement en Maine-et-Loire

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À l’arrêt depuis le 17 mars, le secteur du bâtiment reprend lentement. En Maine-et-Loire, la société choletaise de peinture Baudon et l’entreprise de menuiserie et de construction bois Rousseau, à Longuenée-en-Anjou, ont redémarré leur activité. Mais cette reprise est contrainte par de nombreux paramètres.

Le secteur du bâtiment a repris peu à peu l'activité mais tous les chantiers ne sont pas encore accessibles et le respect des normes de sécurité sanitaire ralentit le travail. — Photo : Capeb

Ayant stoppé son activité mi-mars, l’entreprise de peinture choletaise Baudon a repris le 14 avril, avec des effectifs réduits. « Dès le 17 mars au soir, témoigne Johana Biseux, co-dirigeante de la société Baudon, nous avons fait une déclaration de chômage partiel, en demandant 1 000 heures par salarié, que nous utiliserons ou non. Nous avons aussi facturé pour les travaux effectués dans la première quinzaine de mars et les clients ont réglé sans délai, voire plus tôt pour certains. » Quelques semaines plus tard, Johana Biseux et son associé Cyril Lardeux, qui ont repris l’entreprise en 2017 ont également demandé un prêt garanti par l’État, pour moins de 10 % du chiffre d’affaires, qui s’est élevé à 2 M€ en 2019. Un prêt accordé lui aussi rapidement, dont l’entreprise n’a utilisé pour l’instant qu’un tiers.

La moitié de l’effectif au travail début mai

Parallèlement aux démarches administratives. Il a fallu étudier techniquement les conditions de reprise, trouver des équipements de protection, désinfecter les véhicules, informer et rassurer les salariés par mail, une fois par semaine :

Johana Bizeux et Cyril Lardeux ont repris l'entreprise Baudon à Cholet en décembre 2017 — Photo : Etablissement Baudon

« Je leur ai dit uniquement ce que je savais, ajoute Johana Biseux. Ce qui importe le plus, c’est leur sécurité, pour eux et pour les autres. Nous avons prévu par exemple de donner des masques aux particuliers chez qui nous allons travailler. » Le 14 avril, les premiers chantiers ont donc repris peu à peu : une quinzaine de personnes sur les 43 que compte l’entreprise étaient ainsi au travail la semaine dernière et l’effectif devrait monter à la moitié début mai.

« Nous réintégrons les gens au jour le jour et la reprise est lente pour plusieurs raisons, explique Johana Biseux. En peinture, nous arrivons pour les travaux de finition, ce qui impose que tous les corps de métier avant nous aient terminé, puisqu’il ne peut plus y avoir deux entreprises sur un même chantier comme auparavant. Pour les travaux extérieurs de façade, nous pouvons intervenir, mais ils ne représentent que 20 % de notre activité. De plus, certains chantiers n’ont pas repris, et paradoxalement, ce sont les clients particuliers qui nous sollicitent le plus pour revenir. » Même si cette clientèle particulière augmente, elle ne représente que 15 à 20 % de l’activité annuelle. À plus de 80 %, l’entreprise Baudon travaille en effet pour des promoteurs, des organismes de logements sociaux, en réponse à des appels d’offres.

Un planning à revoir en permanence

Dans l’entreprise Rousseau, à Longuenée-en-Anjou, qui emploie 120 salariés la relance de l’activité aussi est progressive. Il y a une semaine, la société, spécialisée en construction bois et en fabrication et pose d’escalier et de menuiseries, fonctionnait avec 25 à 30 % de ses effectifs.

Pour Régis Rousseau, son dirigeant, également président de la Fédération française du bâtiment (FFB) en Pays de la Loire, le pilotage de l’entreprise s’effectue au jour le jour : « Le planning change en permanence, précise-t-il, en fonction du personnel, des approvisionnements, des chantiers auxquels nous avons accès. Les salariés sont prêts à reprendre, en fabrication comme en pose, mais sur certains gros chantiers, les maîtres d’ouvrage ne veulent pas. » Une position que le dirigeant angevin a bien du mal à accepter : un guide a pourtant été élaboré, qui donne un cadre pour la mise en place de mesure sanitaires strictes permettant la reprise des chantiers. « Nous appliquons ces mesures, nous avons du gel et des masques et les salariés connaissent les gestes à adopter mais la pression est très forte. Je suis dépité par des gens, en télétravail derrière leur bureau, qui estiment qu’on ne met pas tout en œuvre et qui oublient la problématique économique. Pourtant, les règles, on peut les appliquer, et sur les chantiers, il n’y a pas de souci si on organise des roulements et un phasage de l’activité. »

Une prise en charge financière mal définie

Reste que ce protocole a un coût : l’équipement, les masques, les gants, le gel hydroalcoolique représentent une charge supplémentaire pour les entreprises du bâtiment. A cela s’ajoute un temps de travail plus long, en raison de ces nouvelles contraintes. Les interventions des entreprises les unes après les autres, là où elles pouvaient auparavant être plusieurs sur un même chantier, en allongent aussi la durée. Or, dans le secteur du bâtiment, si on enregistrait avant la crise un regain d’activité depuis plusieurs mois, les marges restent faibles et les entreprises, à l’arrêt ou pour le moins en fort ralentissement depuis plusieurs semaines, ont moins de rentrées d'argent. « Qui va prendre en charge ces surcoûts ?, demande Régis Rousseau. En mars, je n’ai facturé que 500 000 euros et ce sera 300 000 en avril, alors qu’en temps normal ce sont environ 800 000 euros chaque mois. Si on ne peut pas facturer et qu’il faut supporter ces coûts supplémentaires, nous allons être en difficulté. » Même s’il souhaite ardemment une reprise de l’activité, Régis Rousseau craint aussi que celle-ci soit retardée pour d’autres raisons : « Nous achetons les trois quarts des menuiseries que nous posons, ajoute-t-il. Or, les fabricants ont eux aussi stoppé leur production, ils ont donc rallongé leurs délais et l’approvisionnement est difficile. »

Actuellement, l'entreprise de Régis Rousseau, qui a réalisé près de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019, travaille comme beaucoup à effectif réduit, entre 30 et 40 personnes. A l'image de sa société comme de celle de Johana Biseux et Cyril Lardeux, à Cholet, la quasi totalité des entreprises du bâtiment se sont arrêtées depuis le début du confinement. "Tout le monde a aujourd'hui envie de reprendre," assure le président régional de la FFB, qui voudrait parvenir à un redémarrage complet de l’activité en juin pour l'ensemble du secteur. Mais d'ici là, bien des freins restent à lever.

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