C’est un tout nouveau mode de construction qui va être mis en œuvre à Saint-Gilles, près de Rennes à partir de début 2018. Pour la première fois en Ille-et-Vilaine, des maisons vont être construites sur un modèle industriel modulaire en trois dimensions. Ce système constructif breveté sous licence par le bureau d’études montpelliérain Dhomino, est développé en Ille-et-Vilaine par la société coopérative (SCIC) Coop de Construction. Dirigée par Yvan Cormier, Coop de Construction (14 salariés) réalise chaque année 150 logements ainsi que quelques bureaux et équipements publics, pour un chiffre d’affaires stable qui tourne autour de 17 millions d’euros. Cette fois-ci, elle innove avec ses maisons modulaires en bois. « Nous nous intéressons depuis quelques années à la construction bois, explique Yvan Cormier. En parallèle, nous constatons que l’écart se creuse entre ce que les gens peuvent financer et les biens vendus. Dès lors, comment produire moins cher et aussi bien ? »
« Notre leitmotiv dans cette initiative est de réaliser une mutation technologique fondamentale dans le métier du bâtiment. C’est le seul secteur industriel et technologique qui n’ait pas encore été littéralement transformé »
Comme le fuselage d’un avion
La nouveauté est donc là : les modules de chaque maison sont fabriqués par juxtaposition d’anneaux rigides, sur le modèle du fuselage d’avion ou de coques de bateaux par exemple. Des éléments de structure en bois (panneaux) les relient ensuite entre eux, jusqu’à 12 mètres de long (pour 3 mètres de hauteur). L’isolant est ajouté, puis l’équipement intérieur, du placo au carrelage en passant par les fenêtres, les sanitaires, la cuisine, etc. « Tout cet assemblage ne se fait ni sur le terrain, ni en usine, souligne Yvan Cormier. Cette étape est réalisée sur un atelier éphémère, sur un site à proximité, du type friche (industrielle, agricole, commerciale…) occupée pour l’occasion ». Beaucoup plus économique que de construire une usine qui peinerait à trouver son équilibre ! Une fois les modules terminés (il en faut trois pour un T4, et quatre pour un T5), ils sont acheminés sur le terrain, où ils sont assemblés en trois à quatre jours. Coût d’une maison : 183 000 euros pour un T4, 198 000 euros pour un T5 (exemples de prix fixés par Rennes Métropole pour le projet de Saint-Gilles).
Développer la filière bois locale
« Au total, à Saint-Gilles, où onze maisons sont prévues (projet Coop de Construction-Neotoa, dessiné par l’architecte Jacques Lescop), nous allons être sur des délais classiques d’un an, car il s’agit d’une présérie, précise Yvan Cormier. Mais l’objectif est de réduire les délais de construction de moitié. » Un deuxième projet du même type pourrait voir le jour à Orgères. « Nous ne nous sommes pas fixé d’objectif, cela dépendra des opportunités. Nous pouvons même envisager de construire des immeubles jusqu’à dix étages grâce à cette construction modulaire », confie Yvan Cormier, qui projette de proposer ce concept dans toute la Bretagne. « A chaque fois, nous travaillons avec des entreprises locales pour un développement de la filière bois en Bretagne ».
