À l’heure où certains font le choix de relocaliser la production tant la crise post-Covid a montré notre dépendance aux importations, quels impacts génèrent ces mouvements ? Dans sa note d’analyse publiée le 30 octobre dernier, l’Insee décortique les effets d’une production française plutôt qu’étrangère.
Le made in France a reculé en 50 ans
Avec en premier lieu un constat que tout un chacun observe quotidiennement. Entre 1965 et 2019, le made in France a baissé de 89 % à 78 %, tous secteurs confondus. Surtout, "la baisse est particulièrement prononcée pour les produits manufacturiers, pour lesquels le made in France est passé de 82 % à 38 %", ce au profit de l’expansion du commerce chinois. Ces dernières décennies, il n’est plus à démontrer la prédominance de "l’usine du monde".
Pour le statisticien national, la mondialisation génère des effets positifs comme "des gains de pouvoir d’achat, de productivité, et d’accès à des produits de meilleure qualité ou plus variés".
Il corrèle par ailleurs le recul du made in selon la taille du pays. Il a "baissé de manière similaire dans les pays européens comparables à la France". Ainsi, il s’établit à 75 % en Allemagne, 78 % en Espagne et 80 % en Italie.
En outre, l’Institut de statistique met en exergue notre dépendance à certains pays pour des types de produits. C’est le cas des produits informatiques importés surtout de Chine ou encore des véhicules automobiles, en provenance d’Espagne. Globalement, dès qu’il s’agit de produits manufacturiers, l’Allemagne et la Chine sont en tête des pays exportateurs vers la France. L’Allemagne, les Pays Bas et l’Italie, dès lors qu’il s’agit de denrées alimentaires.
Les avantages des relocalisations…
Les dernières tensions sur l’importation de certains produits depuis la crise post-Covid et la guerre en Ukraine poussent certains industriels à relocaliser leur production en France. Non sans conséquences. Ainsi, l’Insee pointe du doigt "des risques en matière de maîtrise des sources d’approvisionnement". Sont particulièrement ciblés "des produits vulnérables concentrés sur le Chine et les États-Unis et sur les secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire ou la métallurgie", au premier rang desquels on retrouve les indispensables métaux rares, semi-conducteurs et produits pharmaceutiques. En France, des investissements d’envergure sont d’ailleurs en cours pour assurer notre souveraineté industrielle en la matière.
Surtout la relocalisation entraîne plus d’activité et d’emploi induits. L’effet multiplicateur de valeur ajoutée est même égal à deux dans l’industrie manufacturière, note l’Insee. Ainsi, installer ce type d’activité en France plutôt qu’à l’étranger "générant 1 milliard d’euros créerait 24 400 emplois en tout".
… tempérés par des inconvénients environnementaux modérés
Pendant négatif induit par l’implantation d’industrie en France, la croissance des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur notre territoire pourrait freiner "l’atteinte des objectifs nationaux de baisse d’émissions". L’Insee nuance toutefois ce volet en se positionnant sur une échelle mondiale. En effet, la France se caractérisant par un mix énergétique et une production moins carbonée que les autres pays, la localisation d’activité manufacturière dans l’Hexagone plutôt qu’à l’étranger serait donc moins émissive. Soit -280 ktCO2 par rapport à la Chine par exemple.